"Bientôt, on va nous dire d'arrêter de manger ?" : le maire de Valence ne siège plus au conseil de surveillance de son hôpital pour dénoncer le manque de moyens
Nicolas Daragon appelle la ministre de la Santé à "prendre ses responsabilités".
"On arrive au seuil de l'intolérable", a déclaré vendredi 6 septembre sur franceinfo Nicolas Daragon, maire de Valence (Drôme), qui a décidé de ne plus siéger au conseil de surveillance du centre hospitalier de sa ville tant que des moyens matériels et humains ne seront pas mobilisés par l'État. "Nous n'avons aucune réponse de l'État, il y a un moment où il faut que la ministre de la Santé prenne ses responsabilités, estime le maire de Valence. Le personnel a été diminué, le nombre de lits a été diminué, on se retrouve dans des situations inexplicables avec des gens dans des couloirs, avec des accueils aux urgences qui mettent parfois six heures, avec des services qui sont immobilièrement complément dégradés".
franceinfo : Pour quelle raison vous mettez-vous en grève ?
Nicolas Daragon : Tout simplement parce qu'on a voté le 26 mars dernier un plan de retour à l'équilibre. Cela veut dire qu'on a corrigé le tir : sur huit millions, on a récupéré trois millions d'euros, mais au prix de la souffrance de nos équipes, au prix de la dégradation de l'ambiance générale. J'avais saisi la ministre de la Santé le 2 avril en lui demandant d'intervenir et de soutenir le centre hospitalier, qui est le centre de recours des deux départements de la Drôme et de l'Ardèche. Je n'ai jamais eu de réponse. On arrive au bout de cinq mois où on voit que le plan de retour à l'équilibre ne fonctionne pas, qu'il a généré encore plus de souffrance, encore plus de difficultés. On arrive au seuil de l'intolérable. Nous n'avons aucune réponse de l'État, il y a un moment où il faut que la ministre de la Santé prenne ses responsabilités.
Cela veut dire que les objectifs qui sont fixés sont intenables, ou dégradent encore plus la situation ?
Ils sont intenables car nous sommes sur un centre hospitalier dont l'activité se développe en permanence. Mais comme le personnel a été diminué, comme le nombre de lits a été diminué, on se retrouve dans des situations inexplicables avec des gens dans des couloirs, avec des accueils aux urgences qui mettent parfois six heures, avec des services à l'immobilier complément dégradé. Et on nous dit que si on arrive à nous redresser, on va nous aider à investir ? Bientôt, on va nous dire d'arrêter de manger pour qu'on puisse peut-être nous donner des portes et des vitres ? Il faut être raisonnable ! Quand l'État est capable de mettre à Valence une participation importante pour rénover un rond point de 32 millions d'euros, l'État n'est pas capable de mettre cinq à six millions d'euros pour revenir à l'équilibre dans des centres hospitaliers ! On parle d'humains, on parle de soins, on parle de santé. C'est juste insupportable de ne pas avoir de réponse.
La question de la sécurité est-elle centrale, chez vous à Valence ?
Bien sûr, elle se pose. Et finalement, elle est extrêmement liée à celle des moyens qui sont alloués au centre hospitalier. Moins on met de moyens dans les services d'urgence, plus les délais d'attente sont longs, plus les esprits s'échauffent. Quand vous savez qu'il faut parfois jusqu'à six heures d'attente pour être pris en charge, et qu'ensuite on est pris en charge dans un couloir, évidemment ça ne justifie en rien la violence, mais ça commence à l'expliquer. Il faut la condamner, mais il faut surtout qu'on mette les moyens pour que justement on arrive à endiguer ces phénomènes. Et puis quand les gens ont des comportements qui débordent, il faut qu'ils soient sanctionnés. Tout ça est très connecté.
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