Déblocage de 150 millions d'euros pour l'hôpital : il y a "erreur sur le diagnostic", estime une neuropédiatre
Pour Mélodie Aubart, la somme est jugée "insuffisante" et plaide plutôt pour une "revalorisation salariale" et un changement de politique.
Pour Mélodie Aubart, neuropédiatre à l’hôpital Necker-Enfants malades de Paris, les annonces du gouvernement pour répondre à la crise des urgences pédiatriques ne sont pas les bonnes : "Je dirais que c'est une bonne nouvelle parce qu'il se préoccupe de ce qu'il se passe, mais ce qu'on dénonce, c'est une erreur de diagnostic très importante sur les annonces qu'il fait." Au lendemain d'une tribune signée par 4 000 soignants pour dénoncer la saturation des services, le gouvernement a annoncé le déblocage de 150 millions d'euros.
Une somme jugée "insuffisante" par la neuropédiatre qui ajoute que "surtout ce n'est pas la bonne réponse d'apporter de l'argent à des services." Selon elle, si le ministre de la Santé veut faire un effort financier, "il faut revaloriser les grilles salariales." Ce que Mélodie Aubart souhaite, c'est avant tout "un changement de politique" en profondeur. Elle propose de "réévaluer la lourdeur des soins apportés. Il faut dire qu'une infirmière peut s'occuper d'un certain nombre d'enfants et pas de plus. Il faut arrêter de mettre des enfants en surnombre et il faut réformer la gouvernance hospitalière en la recentrant sur les services hospitaliers", liste-t-elle.
Le plan blanc "ne convient pas"
Concernant le déclenchement des plans blancs annoncé par le porte-parole du gouvernement, ça ne va pas non plus : "Ça ne nous convient pas, parce que le plan blanc c'est un plan qu'on déclenche quand il y a une catastrophe sanitaire." Et Mélodie Aubart de rappeler, "depuis trois ans, il est déclenché tous les ans, ce qui montre bien l'état de notre système de santé." Pour la neuropédiatre, ce plan blanc est synonyme de fermeture de lits, "comme en chirurgie" pour en ouvrir d'autres dans d'autres services "et donc déprogrammer certaines opérations."
Selon elle, "il y a une vraie perte de chance, il y a des mises en danger des enfants. Nous allons altérer les soins portés à d'autres enfants et par ailleurs, nous allons également annuler des congés de soignants" , alerte-t-elle. Les solutions apportées n'aident pas d'après elle, voire participe au problème, car "tout ça contribue à l'hémorragie massive de soignants qui quittent l'hôpital public", a-t-elle conclu.
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