Hôpital : deux services d'urgence sur trois ont fermé au moins une ligne médicale cet été, selon Samu-Urgences de France

L'enquête a été réalisée directement auprès des services hospitaliers. 51% des structures mobiles d'urgence et de réanimation (Smur) et 48% des services des urgences (SU) y ont répondu, pour la période du 1er juillet au 31 août.
Article rédigé par franceinfo
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Un service d'urgence à Haguenau, en Alsace. (FRANCK KOBI / MAXPPP)

Rectificatif. Dans une première version de cet article, nous indiquions que "deux services d'urgence sur trois avaient fermé au moins une fois cet été". Or, il s'agit de la fermeture d'une ligne médicale, qui équivaut à une équipe de soins. Cela n'entraîne pas forcément la fermeture d'un service dans son ensemble, certains comptant plusieurs lignes médicales.


Deux services d'urgence sur trois ont fermé au moins une ligne médicale durant les mois de juillet et août 2024, selon une enquête du syndicat Samu-Urgences de France publiée mardi 17 septembre, auxquels près de la moitié des services d'urgence et des structures mobiles d'urgence et de réanimation (Smur). Une ligne médicale équivaut à une équipe de soins.

Cette enquête a été réalisée directement auprès des services d'urgence, des Samu et des Smur pour la période du 1er juillet au 31 août. 51% des Smur et 48% des Services des urgences (SU) ont répondu au syndicat. Selon l'enquête, 202 services d'urgences, parmi les 331 consultés, ont fermé une ligne médicale au moins une fois durant l'été (61% des répondants). Parmi ces fermetures, deux sur cinq (41%) l'ont été de manière continue et ont été fréquentes pour plus du tiers (37%).

Près de 270 lits de réanimation fermés dans 56 établissements

En 2023, 163 services d’urgence avaient dû fermer au moins une ligne médicale durant l'été, soit près d'un service sur deux. Samu-Urgences de France alerte aussi sur la situation des Smur, les véhicules d'urgence et de réanimation avec à bord un médecin, un infirmier et un ambulancier. Près de 80% d'entre eux (174), n'ont pas pu fonctionner en continu durant l'été. 127 ont dû fermer au moins une fois et 48 ont connu des fermetures fréquentes ou continues. En 2023, 166 Smur n'avaient pas pu fonctionner en continu, soit 70% des services consultés.

Dans les hôpitaux, 23% des établissements ayant répondu à l'enquête ont fermé des lits de réanimation de manière durable cet été, en plus des fermetures estivales habituelles. Cela représente au total près de 270 lits de réanimation fermés dans 56 établissements. Un quart des répondants constate une augmentation des difficultés en 2024 sur les lits de soins critiques par rapport à 2023.

Concernant les lits installés en médecine, chirurgie ou obstétrique, les deux tiers (65%) ont fermé des lits de manière durable cet été, en plus des fermetures estivales habituelles programmées. Ce sont ainsi plus de 1 500 lits supplémentaires qui ont été fermés dans les établissements participant à cette enquête, alors même que l’activité ne connaît pas de baisse durant l'été, précise le syndicat, le besoin de lits d’hospitalisation restant stable.

Une "maltraitance institutionnelle"

Samu-Urgences de France souligne encore que la tension sur l’aval des urgences a été plus importante cet été 2024 par rapport aux années précédentes, entraînant une augmentation du nombre de patients attendant sur un brancard dans les services d’urgence. Le syndicat dénonce une "maltraitance institutionnelle" qui consiste à "obliger des patients de plus en plus nombreux à devoir attendre plusieurs heures voire plusieurs jours sur un brancard dans un couloir des urgences, faute de lit disponible pour les hospitaliser".

"La sécurité sanitaire n'est parfois plus assurée, y compris pour l’urgence vitale", alerte Samu-Urgences de France qui présente dans le rapport ses priorités pour "améliorer la prise en charge des patients et maintenir les équipes urgentistes hospitalières". Parmi ses 10 préconisations, le syndicat souhaite notamment interdire définitivement la possibilité d’hospitaliser un patient dans un couloir, en dédiant par exemple une place spécifiquement pour les hospitalisations des patients non programmés arrivant des urgences.

Le rapport plaide également pour une "réflexion stratégique" sur le maillage territorial des services d'urgence pour arrêter "définitivement leur fonctionnement dégradé". Enfin, pour garantir "une équité d’accès aux soins urgents", Samu-Urgences de France estime que le Smur "ne doit plus être utilisé comme variable d’ajustement des effectifs d’urgentistes". "La prise en charge des urgences vitales doit être un engagement ferme des autorités sanitaires", insiste le syndicat.

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