: Reportage "S'ils ne viennent pas, on ne peut pas faire tourner le service" : l'indispensable renfort des médecins intérimaires au centre hospitalier de Martigues
Dans le service anesthésie du centre hospitalier de Martigues dans les Bouches-du-Rhône, un poste sur deux est non pourvu et est occupé par un intérimaire. Le planning des prochains jours est donc un véritable casse-tête. "On a besoin de quatre ou cinq journées d'intérimaires pour faire tourner le bloc opératoire et les consultations correctement, liste la docteur Najat Abidar. Le risque, c'est de reporter des interventions à je ne sais quand ! Nous sommes dans l'attente de leur réponse. S'ils ne viennent pas, on ne peut pas faire tourner le service."
Les médecins intérimaires sont appelés par leur syndicat à boycotter l'hôpital à partir de lundi 3 avril en raison de la mise en application de la loi Rist. Ils refusent la décision du gouvernement de plafonner leur rémunération à 1390 euros bruts pour une garde de 24 heures. Une menace de grève qui inquiète les petits hôpitaux peu attractifs où le recours à l'intérim est devenu la norme.
Rendre l'hôpital attractif
Jusqu'à maintenant, les gardes à l'hôpital de Martigues étaient facturés 1 600 euros, loin de certains montants évoqués ces derniers jours. "J'ai entendu des chiffres qui me semblent absolument effarants et qui, à mon avis, ne sont pas loin de la désinformation, explique cet intérimaire furieux d'être traité de mercenaire. Quand j'entends 6 à 7 000 euros par vacation de 24 heures, je m'étonne. Ou peut-être est-ce une maternité qui ne devait pas trouver de personnel pour le jour de Noël, mais c'est vraiment à la marge !"
D'après ce médecin intérimaire le gouvernement se trompe. Ce n'est pas en plafonnant les rémunérations que l'hôpital deviendra plus attractif : "Au lieu d'apporter quelque chose, pour fidéliser les soignants qui sont là, pointe ce médecin, on va se débrouiller pour les dégoûter."
"Peut-être faudrait-il améliorer les conditions de travail et les rémunérations des soignants pour fidéliser. Or, ce n'est pas le cas."
Un médecin intérimaireà franceinfo
"Comment réorienter les patients pour que la prise en charge reste garantie ?"
Comme lui, plusieurs intérimaires ne viendront pas travailler cette semaine, mais Loïc Mondoloni, le directeur de ce centre hospitalier, se veut rassurant. Aucun service n'est menacé dans son établissement pour l'instant. "L'inquiétude qui reste, pointe ce directeur, c'est celle de la période estivale qui, habituellement, est déjà une période compliquée. Avec cette mesure, elle risque de l'être davantage parce qu'on peut avoir de la démobilisation parmi les candidats."
Pour le directeur du centre hospitalier Martigues, la question de l'anticipation est primodiale. "L'objectif est de pouvoir déterminer comment réorienter les patients pour que la prise en charge reste garantie malgré tout. Que ce soit sur notre territoire de proximité avec les établissements privés qui sont autour de nous, ou avec notre CHU de rattachement qui est l'Assistance publique Hôpitaux de Marseille." En juillet et en août, le recours à l'intérim est au plus haut pour remplacer les soignants partis en vacances.
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