Services d'urgences fermés : "La situation ne fait qu'empirer années après années", alerte le Syndicat national des professionnels infirmiers
"La situation ne fait qu'empirer années après années", alerte Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers, lundi 14 août sur franceinfo, alors que l'accès aux urgences est limité jusqu'au 15 août dans plusieurs villes de France comme Fougères en Ille-et-Vilaine ou Langon en Gironde, à cause de manque de personnel. Les salaires inférieurs à la moyenne européenne et les conditions de travail difficiles pour la profession expliquent les "60 000 postes infirmiers vacants dans les établissements de santé publics et privés", selon le syndicaliste.
franceinfo : Du côté des infirmiers, est-ce que la situation dans les hôpitaux est pire que l'été dernier ?
Thierry Amouroux : La situation ne fait qu'empirer années après années. La face la plus visible, ce sont les urgences, la psychiatrie, la pédiatrie, mais partout, la situation ne fait que se dégrader. La charge de travail normale, les normes internationales, c'est six à huit patients par infirmière. En France, on en est au double.
"Il y a une perte de sens entre ce que l'on est et ce que l'on nous demande de faire dans les conditions dégradées actuelles"
Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiersà franceinfo
On voit donc que les services d'urgences ferment un peu partout sur le territoire, dans un certain nombre de petites villes mais même dans une agglomération comme Bordeaux, près d'un million d'habitants, les urgences fonctionnent de manière dégradée. Dès le soir ou le week-end, les citoyens ne peuvent pas accéder librement aux urgences.
Comment expliquer qu'on manque à ce point d'infirmiers ?
Les gens fuient parce qu'ils refusent de travailler sous-payés en sous-effectif. Il faut savoir que le salaire infirmier moyen français est 10 % en-dessous du salaire infirmier moyen européen. Donc beaucoup de jeunes vont travailler dans les pays limitrophes, la Belgique où le salaire est 30 % supérieur ou en Suisse, où le salaire est le double.
Le deuxième problème ce sont les conditions de travail. Lorsqu'on est en sous-effectif, on est réduit à enchaîner des actes techniques de soins (injections, perfusions, pansements) au dépens de ce qui est le cœur de l'activité infirmière, toute la démarche de décodage du discours médical, relation d'aide, accompagnement, éducation à la santé, éducation thérapeutique... Aujourd'hui, il y a 60 000 postes infirmiers vacants dans les établissements de santé publics et privés parce que nombre d'infirmières ont été découragées.
Un nouveau programme de formation est promis à la rentrée 2024, est-ce que ça peut être une solution pour inciter les infirmiers à rester dans leur emploi ?
Nous n'avons pas un problème de recrutement parce que la profession infirmière est toujours, depuis cinq ans, la première demandée sur Parcoursup. Simplement après, il y a un abandon parce que les gens voient qu'ils ne tiendront pas 42 ans à ce rythme.
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