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Emmanuel Macron au CHU de Cherbourg : "On n'a pas de solutions pour cet été, les plannings sont vides", alerte le chef de service aux urgences de Rennes

Alors qu'Emmanuel Macron est attendu mardi à Cherbourg (Manche) à l'hôpital Pasteur, le chef du Samu-Smur Urgences de Rennes alerte sur le manque de personnel dans son service.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Louis Soulat, le 15 novembre 2021, à Rennes. (JOEL LE GALL / MAXPPP)

"On n'a pas de solutions" pour cet été, "les plannings sont vides", a alerté ce mardi Louis Soulat, chef de service du Samu-Smur Urgences de Rennes et vice-président du Samu Urgences de France alors que les hôpitaux publics en France sont au bord de l’explosion à l’approche des grandes vacances par manque de personnels soignants. Le président de la République, Emmanuel Macron, est attendu mardi 31 mai à Cherbourg (Manche) à l'hôpital Pasteur. "C’est un signal fort. Il semblerait, qu’au plus haut sommet de l'État, on ait entendu les messages des médecins, des soignants", a-t-il réagi.

franceinfo : C’est important pour vous cette visite du président de la République ?

Louis Soulat : C’est un signal fort. Il semblerait qu’au plus haut sommet de l'État, on ait entendu les messages des médecins, des soignants qui, depuis des semaines, alertent sur la situation catastrophique qui se dessine sur l'ensemble du territoire national. Ce déplacement du président de la République, accompagné de la ministre de la Santé et également du président du Samu Urgences de France, est pour nous un signal très fort.

La situation du centre hospitalier de Cherbourg, on l’observe sur tout le territoire ?

Oui, pratiquement. La problématique des services d'urgence c’est qu’ils sont saturés. C'est ce qu'on appelle les flux d’amont. Les patients qui viennent spontanément parce qu'ils n'arrivent pas à accéder à un médecin généraliste. C'est certainement plus fort encore dans la Manche du fait de la désertification médicale. Et puis également le deuxième flux, celui de l’aval, avec les fermetures de lits des services qui vont être très conséquentes aussi cet été, qui impactent directement sur les services d’urgence avec des patients sur brancard que l'on n'arrive pas à orienter complètement. C'est la réalité avec des services qui sont en énormes difficultés puisque cela a conduit à des fermetures de services la nuit, voire même la journée, et d'autres services qui sont en souffrance parce qu'ils souffrent d'un report d'activité des structures d'urgence.

Vous conseillez d’appeler le 15 avant de se rendre aux urgences ?

Tout à fait. C'est le principe du service d'accès aux soins ou la régulation médicale qui se fait aujourd'hui à la fois avec les médecins généralistes et les médecins urgentistes. Elle doit permettre d’orienter le patient dans un bon parcours de soins tout en ayant évalué le degré de gravité et, à partir de cette demande de soins, une réponse est adaptée en faisant venir aux urgences que les situations aiguës et en déclenchant nos moyens mobiles d'intervention, les Smur, dès lors qu'il y a une urgence vitale qui a été identifiée par le médecin régulateur du Samu.

Appréhendez-vous l’été qui arrive ?

C'est extrêmement difficile parce que même si l'intensité du problème a été prise en compte, on n'a pas de solutions sur des périodes très tendues, notamment les périodes les plus sensibles du 15 juillet au 15 août avec des plannings qui sont vides. On le voit très mal. C'est pour cela qu'on attend vraiment beaucoup des annonces pour la revalorisation de ce travail de garde, pour conforter notre place de médecins urgentistes, pour la prise en charge des urgences vitales. Ce qui nous inquiète le plus, c’est que les médecins urgentistes nous voient un peu en détresse et s'interrogent sur le choix de la médecine d'urgence. Il faut que les mesures qui seront prises nous donnent de l'attractivité et recentrent notre cœur de métier.

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