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Fermeture des urgences de Laval : "On est arrivés à un point de non-retour", alerte la cheffe de ce service

Le service des urgences de l'hôpital de Laval ferme quatre nuits cette première semaine de novembre faute de médecins disponibles.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une banderole indiquant notamment "Hôpital sous tension, personnel épuisé, population en danger" devant l'entrée principale de l'hôpital de Laval, le 21 août 2020. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

"On est arrivés à un point de non-retour", a alerté la cheffe du service des urgences de Laval, Caroline Brémaud, mardi 2 novembre sur franceinfo, alors que ce service ferme quatre nuits cette semaine, faute de médecins disponibles. Pour elle, "la situation est catastrophique, dramatique et vraiment inédite". Seules les personnes en urgence vitale pouvaient être prises en charge entre 18h30 et 8h30, dans la nuit de lundi à mardi. Il en sera de même jeudi, samedi et dimanche.

franceinfo : Comment en est-on arrivé à cette situation ?

Caroline Brémaud : Cela fait des années que le système de santé se dégrade dans le silence. Les citoyens pensaient que la défense de l'hôpital était de la responsabilité des soignants, mais non, ça concerne tout le monde. On est arrivés à un point de non-retour. On se révolte parce que tout le monde est concerné et que là, la situation est catastrophique, dramatique et vraiment inédite. Quand des urgences ferment, il y a toujours des vies en danger, même si dans le cas de l'hôpital de Laval, si quelqu'un en urgence vitale se présente aux urgences, il sera pris en charge par le médecin du Smur.

Quelles conséquences pour les usagers ?

Les usagers doivent faire le 15 ou le 116 117 pour avoir une évaluation médicale au téléphone et pour qu'on leur donne la marche à suivre. Soit on leur envoie un moyen [de transport, pour les emmener à l'hôpital], soit on leur conseille de voir un médecin le lendemain.

Le personnel des urgences de Laval est en grève illimitée depuis le 9 octobre - sans impact pour les usagers -, et vous avez interpellé le ministre de la Santé. Y-a-t-il eu des avancées depuis ?

La réserve sanitaire est venue, mais c'est un tout petit pansement sur une plaie béante. On ne peut pas juste se contenter de mini mesures. Il faut repenser complètement notre système de santé. Il faut penser aux flux d'amont - tout ce qui se passe avant l'arrivée aux urgences - et tout ce qui se passe après, c’est-à-dire les lits d'hospitalisation.

Pourquoi les gens viennent-ils de plus en plus aux urgences ? Parce qu'ils n'ont pas de médecin traitant, parce qu'il y a plein de déserts médicaux. Donc, pour moi, il faut revoir la liberté d'installation des médecins libéraux [la possibilité, pour un médecin, d'exercer où bon lui semble]. Il faut aussi rouvrir des lits. Pour cela, il faut des soignants. Et comment attirer des soignants ? Il faut leur donner une qualité de vie au travail et des conditions de travail décentes. On aime notre métier, mais ce qui nous fait partir, ce sont les conditions de travail déplorables.

Avec vos collègues, dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?

On est usés. Mais moi, j'y crois toujours. Vendredi, j'ai rendu mon dossier pour devenir praticien hospitalier. Pour l'instant, je n'étais que contractuelle. Je m'engage, je me marie avec l'hôpital public parce que je crois à une amélioration. On est usés, mais on y croit toujours et on a la force de se battre. Mais il nous faut toute la population derrière nous. Il nous faut tous les citoyens. Il faut que la population se rende compte qu'elle est concernée et il faut agir, réagir, aller dans la rue, adhérer à des associations comme l'Association de lutte contre les déserts médicaux ou au Collectif Santé en Danger, et il faut se faire entendre fort.

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