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Modalités, réactions... Trois questions sur la notation des hôpitaux annoncée dans le plan santé

Pour améliorer la qualité des soins, la ministre de la Santé a annoncé la mise en place de nouvelles évaluations des hôpitaux par les patients, qui seront ensuite rendues publiques.

Article rédigé par franceinfo
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Un patient se fait servir un repas à l'hôpital, le 10 septembre 2018, à l'hôpital Léon-Berard, à Lyon. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

"Les patients vont pouvoir noter les hôpitaux", a annoncé sur BFMTV Agnès Buzyn dans le cadre de la présentation du plan santé du gouvernement, mardi 18 septembre. La ministre de la Santé a précisé que ces notes seront rendues publiques. "Nous évoluons en termes de démocratie sanitaire. Aujourd'hui les patients sont représentés dans les hôpitaux et nous souhaitons qu'ils soient de plus en plus acteurs de l'évaluation de ce qui leur est fait comme soins", a également expliqué la ministre. Franceinfo se pose trois questions sur cette annonce.

Quel est l'objectif de ce système de notation ?

L'objectif du gouvernement est avant tout d'améliorer la qualité des soins. La ministre de la Santé a ainsi annoncé vouloir récompenser financièrement les bons élèves, en se basant sur des indicateurs de qualité et de service rendu. "L'objectif est d'avoir de l'émulation pour améliorer les pratiques", a ajouté la ministre lors d'un point-presse. Actuellement, la Haute Autorité de santé (HAS) mesure déjà la satisfaction des patients après une hospitalisation d'au moins 48 heures, en envoyant un e-mail dans les quinze jours aux personnes qui ont été hospitalisées. Le système doit encore être étendu, mais cette évaluation ne concerne pas l'efficacité des soins, et par ailleurs le nombre de réponses reste faible, indique BFMTV

La ministre souhaite donc aller plus loin et rattraper le retard de la France "par rapport à d'autres pays". Selon Grégory Katz, économiste et professeur à l'Université de Médecine Paris-Descartes, plusieurs voisins européens sont parvenus à améliorer la qualité des soins avec un tel dispositif. "Les équipes hospitalières ont pu se comparer, puis aligner leurs pratiques sur les meilleures d'entre elles", explique-t-il à L'Express. Selon l'hebdomadaire, la mortalité post-opératoire pour un cancer colorectal a été réduite de 40% en quatre ans aux Pays-Bas, et la mortalité par infarctus du myocarde a été divisée par deux en moins de dix ans en Suède.

Comment fonctionnera-t-il ?

"Les Français seront de plus en plus sollicités pour évaluer leur prise en charge globale sur un territoire"a déclaré Agnès Buzyn sur BFMTV. "Nous allons demander aux patients de donner leur satisfaction de l'acte qu'ils ont subi." Les modalités de recueil de la satisfaction des patients n'ont pas encore été détaillées, mais l'évaluation cherchera à s'appuyer sur du concret, sur des faits : "Par exemple, après une chirurgie de la cataracte, en combien de temps vous pouvez de nouveau lire, ou, en cas de chirurgie d'une prothèse de hanche, en combien de temps vous avez remarché ou gravi un escalier."

La ministre souhaite ensuite rendre publiques ces données : "Il faut que les professionnels sachent comment ils sont évalués pour pouvoir s'améliorer." A terme, les informations devraient être accessibles sur une "plateforme numérique individuelle" pour permettre aux patients de trouver de quoi s'orienter dans le système de soins, indique L'Express.

Quelles sont les réactions ?

Les avis sont partagés sur ce nouveau système de notation. "Toute présentation permettant de classer les établissements entre eux risquerait de susciter de l'hostilité. Les équipes médicales n'y sont pas prêtes", confie à L'Express le professeur Alain Bernard. Le chef de pôle au CHU de Dijon (Côte-d'Or) souhaite que l'on informe chaque service de son classement pour lui permettre de s'améliorer. Mais l'idée d'un Tripadvisor des hôpitaux provoque parfois des réactions épidermiques. Sur Twitter, l'essayiste Coralie Delaume s'inquiète d'une possible humiliation des personnels soignants. Benoît Hamon, de son côté, considère que les problèmes à l'hôpital viennent surtout d'un manque de moyens.

Tout le monde ne critique pas pour autant l'idée. "L'évaluation va être un élément majeur de l'équilibre du système à venir", estime sur RMC le docteur Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins. "La place du professionnel de santé ne se conçoit que parce qu'il y a une place de l'usager en santé." Sur RTLMartin Hirsch estime également que l'idée est bonne : "Les malades sont des gens sensés comme les autres, qui ont des choses à nous dire." Le directeur de l'AP-HP souligne que les hôpitaux parisiens demandent déjà l'avis des patients : "C'est normal qu'un hôpital ne soit pas noté que par des experts, mais aussi par ceux qui y vont."

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