: Vidéo Hôpitaux psychiatriques : suroccupation des locaux, insalubrité, équipements dangereux… des conditions indignes pour les patients
Suite à la mobilisation, durant l'été 2018, du personnel soignant de l'hôpital Pierre-Janet du Havre qui protestait contre la suroccupation des locaux et le manque d'effectifs, les institutions ont promis des moyens supplémentaires. Six mois plus tard, la situation s'est-elle améliorée ? "Pièces à conviction" a trouvé le moyen de filmer à l'intérieur de l'unité, en caméra cachée...
L’urgence psychiatrique semble devenue un enjeu national, avec chaque année 2 millions de Français soignés pour des troubles mentaux sévères. Le 10 avril 2019, "Pièces à conviction" propose une enquête derrière les murs des hôpitaux, qui révèle l’état de délabrement de nombreux établissements.
A l'hôpital Pierre-Janet du Havre, durant l'été 2018, le personnel soignant a trouvé une façon originale de protester contre la suroccupation des locaux et le manque d'effectifs en s'installant sur le toit de l'établissement. Le mouvement des "Perchés" a pris de l'ampleur suite à la diffusion d'images qui prouvaient des conditions d'hospitalisation indignes : des chambres en piteux état accueillant plus de patients que prévu, une salle d'attente transformée en dortoir, des salles de bain insalubres… Face à la mobilisation et sa médiatisation, l'Agence régionale de santé a promis des créations de postes et des moyens supplémentaires.
Trois patients dans une chambre "individuelle"
Six mois après la fin de la grève, la situation s'est-elle améliorée ? Le nouveau directeur assure avoir mis fin à la suroccupation des locaux, mais "Pièces à conviction" a trouvé le moyen de filmer à l'intérieur de l'unité psychiatrique et a pu constater que peu de choses ont changé…
En caméra cachée, le journaliste de "Pièces à conviction" fait le tour des chambres : elles sont toujours suroccupées. Une chambre censée être individuelle a été transformée en dortoir et accueille trois patients. Faute d'espaces de rangement, leurs affaires s'empilent sur les lits, la petite table roulante… "Trois lits, ça fait beaucoup, se plaint un malade. C'est mieux deux, ou un."
Sur un matelas par terre
A cause de la suroccupation, le personnel doit trouver des solutions parfois surprenantes. Comme ce vestiaire d'à peine 5 mètres carrés transformé en salle de confinement. "Ici, on a déjà mis des gens, explique un soignant. Sur un matelas par terre. C'est minuscule, il n'y a pas de fenêtre."
Des patients témoignent des conditions précaires de leur hospitalisation. "Les infirmiers n'ont pas de bonnes conditions pour travailler. Et nous, on n'a pas de bonnes conditions pour se reposer et se soigner. Vous pouvez faire un tour dans la salle de bain, vous comprendrez…"
Des installations sanitaires bricolées
En effet, des salles de bain semblent insalubres, des installations sanitaires bricolées. Comme une baignoire prévue pour laver les patients incontinents. "Le robinet ne marche plus", indique l'infirmier. Il doit mettre l'eau chaude ou froide dans la baignoire à l'aide de tuyaux qui ont été ajoutés à l'installation et pendouillent lamentablement. Nombre d'équipements sont hors d'âge et dangereux, des tuyaux et câbles électriques s'enchevêtrent à même le sol… "C'est le fil de terre, ça ?" demande le journaliste. Réponse : "A mon avis, c'est sûr, mais ça fout la trouille…"
Extrait de " Psychiatrie : le grand naufrage", une enquête de "Pièces à conviction" à voir le 10 avril 2019.
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