: Infographies Moustique tigre : comment les cas de dengue ont explosé dans l'Hexagone en 2023
En matière de dengue, l'année 2023 s'annonce déjà comme celle des records en France. Aussi appelée grippe tropicale, cette maladie infectieuse saisonnière peut se manifester par de fortes fièvres, des maux de tête, des courbatures, des nausées et des éruptions cutanées. Elle est transmise par des moustiques, l'Aedes aegypti et l'Aedes albopictus, plus connu sous le nom de moustique tigre. De plus en plus présent sur le territoire national, cet insecte noir aux rayures argentées s'est déjà implanté dans 71 des 96 départements de l'Hexagone, selon la Direction générale de la santé. En 2014, il n'était présent que dans 18 départements métropolitains. L'Aedes aegypti, lui, se rencontre aux Antilles, en Guyane et à Mayotte.
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Au 5 octobre, 1 167 cas importés de dengue ont été recensés par Santé publique France (SPF). Par "cas importés", on désigne des personnes qui ont contracté la maladie en dehors du territoire hexagonal. Bien que l'année 2023 ne soit pas terminée, ce chiffre dépasse déjà celui de 2020, où 834 infections avaient été enregistrées par l'agence de santé publique, qui a mis en place une surveillance renforcée durant la période d'activité du moustique, du 1er mai au 30 novembre. En 2021, un nombre de cas très faible avait été signalé du fait de la limitation des voyages liée à la crise du Covid-19.
Parmi ces personnes infectées, 38% ont séjourné en Martinique et 26% en Guadeloupe. "Face à l'évolution du nombre de cas de dengue aux Antilles, la Martinique et la Guadeloupe sont passées en phase épidémique depuis le 17 août 2023", explique SPF sur son site. En Guadeloupe, 7 310 patients ont consulté depuis début 2023 pour un syndrome de dengue. Du côté de la Martinique, ce chiffre s'élève à 8 315. Dans ce département, trois personnes, dont un enfant de 9 ans, sont mortes de la maladie depuis le 18 septembre, a rapporté l'agence régionale de santé (ARS), le 5 octobre.
Une trentaine de cas autochtones détectés
Bien que l'apparition en France métropolitaine de cette maladie repose majoritairement sur des cas importés, les cas autochtones, c'est-à-dire des personnes ayant contracté le virus dans l'Hexagone, sans voyage connu en outre-mer ou à l'étranger, sont particulièrement importants depuis deux ans. Leur nombre s'élève à 31 au 5 octobre 2023. C'est le deuxième cumul le plus important derrière celui de l'année 2022 (66), que Santé publique France avait qualifié "d'exceptionnel". Cette année, plusieurs foyers ont été détectés en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en Occitanie et dans la Drôme, selon les données de surveillance renforcée produites par SPF.
Pour éviter toute propagation, des opérations de démoustication sont menées dans les communes où le virus a été détecté. En effet, le moustique tigre peut transmettre le virus lorsqu'il pique une personne infectée, puis une personne saine. Durant la nuit du 9 au 10 octobre, un traitement insecticide a par exemple été effectué autour de la gare de Niort (Deux-Sèvres) après qu'un cas de dengue importée a été identifié, rapporte France Bleu Poitou.
Une forme hémorragique dans un cas sur 100
Mais quels sont les risques liés à ce virus ? Après une incubation de deux à sept jours, les personnes infectées présentent "une forte fièvre souvent accompagnée de maux de tête, de nausées, de vomissements, de douleurs articulaires et musculaires et d'une éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole", explique l'Institut Pasteur. La dengue est toutefois asymptomatique dans 50 à 90% des cas, précise SPF.
Plus graves, des cas de dengue hémorragique peuvent aussi advenir dans 1% des cas, prévient l'Institut Pasteur. Cette forme sévère se caractérise par une "augmentation de la perméabilité vasculaire pouvant conduire à un choc et des hémorragies pouvant mettre en jeu le pronostic vital", explique SPF. Selon l'Organisation mondiale de la santé (lien PDF), le taux de létalité de la dengue hémorragique peut dépasser 20% sans traitement adapté.
A ce jour, il existe deux moyens de détecter la présence du virus : le test PCR jusqu'à cinq jours après le début des symptômes ou la prise de sang à effectuer après sept jours. Un vaccin existe, mais il n'est pas recommandé par la Haute Autorité de santé, car il est jugé trop restrictif : il ne peut être administré qu'après une première infection, pour les personnes âgées de 9 à 45 ans vivant dans des zones d'endémie.
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