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Autisme Asperger : en finir avec les préjugés

Publié
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Julie Dachez, a 33 ans. Elle est autiste Asperger. Sa différence invisible,  elle a décidé de la mettre au service de ceux qui n’ont pas voix au chapitre.

Comme Marguerite, le personnage de sa bande dessinée (La différence invisible, Delcourt, 2016) Julie a longtemps été enfermée dans sa bulle. Etrangère à un monde dont elle s’est toujours sentie exclue. Mais Julie fait tout pour sauver les apparences. Les autres, elle les imite sans les comprendre. Elle ne saisit pas les subtilités de leurs échanges, le double le sens, le second degré. Ce qui est naturel pour tout le monde lui échappe. « C’est comme une gymnastique intellectuelle permanente. Il faut essayer de comprendre. Ai-je bien compris ce qu’a dit l’autre ? Ai-je bien répondu ? Souvent le soir au moment de me coucher, je me refais tout le film de la journée. C’est vraiment une intellectualisation des interactions sociales. Les autres, n’ont pas besoin de faire tout ça. C’est très intuitif pour eux », explique la jeune femme.

Biais de genre : les femmes sous-diagnostiquées

Sur la toile, Julie cherche des réponses à son mal-être, se retrouve dans de nombreux témoignages, et réalise enfin, à 27 ans pourquoi elle se sentait si différente. Après des mois d’attente, elle passe la porte d’un Centre Ressources Autisme qui confirme le diagnostic : Julie est bien autiste Asperger.« On pourrait se dire qu’à 27 ans, c’est dur à encaisser. Mais je ne l’ai pas vécu comme ça. C’était une libération ! Enfin, j’avais la réponse à mes questions ! Le problème ne venait pas de moi. C’est juste que je fonctionnais différemment. J’ai appris à adapter ma vie, mon environnement par rapport à mes particularités plutôt que de me suradapter en permanence à une vie qui ne me convenait pas, à essayer de rentrer dans le moule », raconte-t-elle. Une libération malheureusement tardive, comme souvent chez les femmes, les critères de diagnostic étant établis à partir de cas masculins. « Les femmes communiquent mieux, elles ont des intérêts spécifiques plus acceptables. Par exemple, elles se passionnent pour les chevaux quand les garçons se passionnent pour les plans de métro. Elles passent plus facilement entre les mailles du filet ».

Vers une approche plus sociétale que médicale

Si Julie parle à la troisième personne, c’est parce qu’elle a fait de sa différence un objet d’étude. Quand le diagnostic a enfin été posé, elle a tout plaqué, s’est lancée dans un doctorat en pyschologie sociale. Et sa thèse portait sur… devinez quoi ? L’autisme. Depuis, elle a écrit une bande dessinée, un livre, mené des conférences, réalisé des vidéos… Elle milite depuis 6 ans pour vaincre les préjugés.

« L’autisme, jusqu’à présent, on en a parlé comme une condition, avec des symptômes qui nécessitent des traitements. On entend souvent des termes comme ''maladie''. Et on parle peu de l’autisme d’un point de vue social. Autrement dit, ce que ça entraîne comme stigmatisation, comme discrimination. Pour moi l’essentiel, c’est ça. Je dis toujours que je n’ai jamais souffert d’être autiste. Par contre, je souffre d’être autiste dans un monde de non autiste avec ce que ça suppose de préjugés ».

Les non-autistes, elles ne les oublient pas. Elle leur a même donné un petit nom : les « neurotypiques ». Sa façon, à elle de leur montrer comment une étiquette peut coller à la peau.

 

 

 

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