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AVC : le handicap invisible

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Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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L'AVC est la première cause de handicap en France. Si les séquelles les plus fréquentes sont l'hémiplégie et les troubles du langage, d'autres conséquences, moins visibles, peuvent empêcher les patients de retrouver une vie sociale et professionnelle normale.

En 2014, Gilles Fournier est victime d'un AVC à seulement 58 ans. Il se retrouve alors en fauteuil roulant et peine à s'exprimer. Après un séjour de huit mois en centre de rééducation, les médecins considèrent que Gilles est rétabli. "À partir du moment où j'étais capable d'avoir une élocution normale et que je pouvais me déplacer sur mes deux jambes sans aide matérielle, j'ai cru comprendre que c'était considéré comme un état de rééducation définitif. Mais à partir du moment où on reprend une vie dans un cadre normal, on s'aperçoit que ça n'est pas le cas", confie Gilles.

Confronté à son quotidien, Gilles réalise qu'il est incapable de se concentrer. Lire, écrire, discuter… tout lui demande un effort considérable : "Je le vois quand je suis sur mon ordinateur, je suis obligé de relire plusieurs fois ma phrase parce que je pense avoir écrit des mots et je ne les ai pas écrits. Sincèrement, je ne me sens pas capable de reprendre une activité professionnelle", explique-t-il. Au fil des mois, sa femme et sa fille découvrent l'ampleur des séquelles. Des séquelles presque invisibles mais dévastatrices. Depuis son AVC, Gilles reconnaît qu'il a même changé de personnalité : "Ne plus arriver à maîtriser, c'est terrible. Psychologiquement, c'est une horreur. Alors je m'énerve et moins j'y arrive, plus je suis agressif avec tout le monde".

La fatigue et les troubles de la concentration concernent près de la moitié des victimes d'AVC. Mais ce handicap invisible reste mal diagnostiqué par les spécialistes. "Jusqu'à une date récente, si la personne n'était pas paralysée, si elle n'avait pas de troubles du langage et si elle n'avait pas de troubles de la vue, le neurologue de base que je suis considérait qu'elle n'avait pas de séquelles, point final. Avec le recul et l'expérience, on s'aperçoit qu'il y a d'autres choses qu'il faudrait prendre en charge et à rééduquer", reconnaît le Pr Christian Marescaux, neurologue.

Pendant six mois, Gilles est resté seul face à ses difficultés. Jusqu'au jour où son médecin traitant lui a conseillé de consulter une orthophoniste. Même si ces séances sont très éprouvantes pour lui, Gilles a fait énormément de progrès : "Aujourd'hui, je suis heureux de vivre. Il y a sept mois en arrière, je disais à tout le monde que j'aurais mieux fait d'y passer", confie Gilles.

Depuis 2015, une consultation de suivi est désormais obligatoire dans les six mois qui suivent l'AVC afin de mieux prendre en charge ce handicap invisible.

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