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"C’est totalement une errance" : deux laboratoires assignés en justice par 93 patients atteints de la maladie de Lyme

Deux laboratoires étaient jugés jeudi pour commercialisation de "produits défectueux". Les plaignants estiment que les tests de diagnostic ne sont pas fiables, entraînant d'importants retards dans la reconnaissance et la prise en charge de la maladie.

Article rédigé par Benjamin Illy - Édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La maladie de Lyme est une maladie infectieuse causée par une bactérie et inoculée par la morsure des tiques (illustration). (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

"C’est très difficile" ... Originaire du Tarn-et-Garonne, Corinne, 58 ans, est nouée, stressée. Elle fait les cent pas devant le tribunal de grande instance de Nanterre, où une centaine de patients atteints de la maladie de Lyme, transmise par les piqûres de tiques, assignent deux laboratoires pour commercialisation de "produits défectueux". 

Corinne était diététicienne, mais depuis trois ans, plus d'activité, plus de revenu, depuis que la maladie de Lyme a mis sa vie entre parenthèses. "C’est cette maladie, ce n’est pas autre chose", affirme-t-elle. "La fatigue a été énorme, elle est toujours là. C’est une fatigue qui nous cloue", explique la patiente. Corinne a des douleurs aux articulations, elle raconte que certains jours, elle "n’arrive pas à monter les escaliers", ni à soulever ses jambes. Elle a aussi eu des problèmes cognitifs.

Je ne trouvais pas mes mots, une discussion comme on a maintenant, je n’aurais pas pu la faire. Ça s’améliore avec les traitements.

Corinne

à franceinfo

Corinne a passé un test de la maladie de type Elisa, qui s'est révélé négatif il y a trois ans. À l'époque, elle n'a pas reçu de traitement. "À force de me renseigner, j’ai été dirigée vers un médecin qui m’a prise en charge et qui a pu me donner les bons traitements. C’est totalement une errance. Que justice soit faite", réclame-t-elle.

Des tests contestés

Corinne est une voix parmi 93 autres, représentées lors de cette audience par deux avocats vosgiens, Julien Fouray et Catherine Faivre. Ils contestent la fiabilité des tests sanguins Elisa commercialisés par les laboratoires DiaSorine et Bio-Rad. Des tests inclus dans les protocoles établis par les autorités sanitaires. "Ces tests ne recherchent que certaines souches pathogènes, au nombre de trois, pathogènes pour l’homme, alors qu’il en existe près d’une vingtaine identifiées notamment en Europe", explique Me Catherine Faivre.

"Les conséquences pour les patients, c’est un retard du diagnostic donc une aggravation de la situation de santé, c’est un isolement professionnel, souvent familial aussi, et pour certains, des parcours dans des secteurs d’hospitalisation psychiatrique puisqu’on met en cause la réalité de leurs symptômes et de leurs souffrances", affirme l'avocate.

On n’a pas d’explication de la part des laboratoires qui considèrent que leurs tests ont été validés et ne présentent aucune défaillance.

Me Catherine Faivre

à franceinfo

Les deux laboratoires mis en cause, DiaSorin et Bio-Rad, sont restés injoignables. Les avocats des plaignants réclament l'indemnisation du préjudice d'anxiété, soit 500 000 euros pour chacune des 93 personnes engagées dans cette procédure. D'autres procédures suivront dans les prochains mois. Les avocats qui mènent ce combat affirment défendre au total 600 malades ou leurs proches. La décision du tribunal de grande instance de Nanterre a été mise en délibérée au 2 juillet prochain.

Deux laboratoires assignés en justice par 93 patients atteints de la maladie de Lyme - Reportage de Benjamin Illy

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