25 000 apprentis en chômage partiel : "Certaines écoles nous indiquent ne plus avoir de contacts avec certains jeunes"
Alors qu'Emmanuel Macron promet mardi 8 septembre de "redoubler" les efforts sur l'apprentissage et l'alternance, l’Association nationale des apprentis de France constate la perte de contact avec certains jeunes depuis le confinement.
"Il y a une grande partie d'apprentis qui ont repris le chemin du centre de formation, de l'entreprise mais malgré tout, certaines écoles nous indiquent ne plus avoir de contacts avec certains jeunes, qui sont devenus des jeunes invisibles", explique mardi 8 septembre sur franceinfo Aurélien Cadiou, président de l’Association nationale des apprentis de France (ANAF), alors qu'une étude de l'Institut supérieur des métiers et la Maaf révèle que 25 000 apprentis ont été placés en chômage partiel entre mars et juin à cause de la crise sanitaire.
Emmanuel Macron est lui en visite ce mardi dans un lycée professionnel du Puy-de-Dôme pour promouvoir l'égalité des chances. "Peut-être que ça intervient tard parce que justement ces jeunes qui sont concernés par la volonté d'égalité des chances, ce sont les jeunes qui ont rapidement décroché pendant le confinement", déplore Aurélien Cadiou.
Hausse des inscriptions dans les centres de formation
Mais selon le président de l'Association nationale des apprentis de France, le confinement n'a pas découragé les jeunes d'emprunter la voie de l'apprentissage. "Il y a encore une augmentation du nombre d'inscriptions dans les centres de formation", explique-t-il.
"Par contre, ça reste difficile de trouver un employeur. En signatures de contrats d'apprentissage, pour l'instant, on n'est pas aux chiffres de l'année dernière. C'est encore quelque chose de très difficile puisque les entreprises, pour la plupart, n'ont pas pleinement repris leur activité économique, n'ont pas de visibilité sur plusieurs mois, sur plusieurs années", remarque Aurélien Cadiou.
Une aide à l'embauche qui "ne fait pas tout"
Une aide à l'embauche d'apprentis de 5 000 à 8 000 euros est prévue pour les entreprises depuis le 1er juillet, mais pour Aurélien Cadiou, "l'aide ne fait pas tout. Une entreprise ne va pas s'appuyer uniquement sur une aide financière pour recruter", affirme le président de l'ANAF. "Si elle a des salariés en chômage partiel, elle ne va pas pouvoir recruter d'apprentis pendant ce temps-là. Si elle n'a pas de visibilité sur plus de six mois, elle ne va pas pouvoir s'engager avec un bac professionnel de trois ans. L'apprentissage, c'est aussi un engagement moral. On prend un jeune pour le former, pour l'amener vers un diplôme."
On craint que les entreprises n'arrivent pas à redémarrer leur activité économique.
Aurélien Cadiouà franceinfo
"On craint qu'elles mettent la clé sous la porte ou qu'elles licencient une partie de leurs salariés, et que du coup on ait beaucoup plus de ruptures de contrats d'apprentissage dans les prochains mois", s'inquiète encore aussi Aurélien Cadiou.
"Ce qui met ensuite ces jeunes dans une situation compliquée puisqu'ils doivent retrouver une entreprise alors que la période n'est pas propice pour signer un contrat d'apprentissage." Il appelle donc les jeunes qui souhaitent se lancer dans un apprentissage à "prévoir un plan B" pour "éviter de perdre son année scolaire", et à "faire des candidatures spontanées" parce que "plus de la moitié des employeurs recrutent sans mettre d'offre d'emploi d'apprentissage."
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