À Grigny, des bénévoles livrent plus de 100 colis alimentaires par jour aux habitants les plus défavorisés durant le confinement
A Grigny (Essonne), aidée par les entreprises et des associations, se mobilise pour aider les plus démunis, qui se retrouvent sans travail ou isolés à cause du confinement.
"Bonjour, c'est l'épicerie solidaire de la ville de Grigny !" Au téléphone, Ganesh Djearamin informe une habitante de sa livraison. "Là on va livrer sept personnes dans le quartier de la Grande Borne, des personnes qui sont dans le besoin et qui, du fait de cette crise sanitaire, creusent aussi la crise économique", explique-t-il. Podologue à Grigny (Essonne), il fait partie des 50 bénévoles venus en renfort durant le confinement pour aider les familles les plus démunies de la commune de 30 000 habitants, dont 80% de logements sociaux. Ici, un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté.
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Vingt colis de denrées alimentaires étaient livrés chaque jour au début du confinement par l'Epicerie solidaire de Grigny. Ce chiffre a été multiplié par cinq : plus de 100 colis sont désormais livrés quotidiennement. À chaque livraison une histoire différente, mais nombre de ces habitants qui avaient un travail avant la crise se retrouvent sans emploi. C’est le cas de Geneviève : "Avant je travaillais, mais en ce moment je n'ai pas de travail, donc c'est plus dur. Je vis toute seule, ça ne tient pas."
Je n'ai que 492 euros pour vivre, ça ne va pas.
Genevièveà franceinfo
Geneviève n’avait jamais fait appel à l’aide alimentaire. Il en va de même pour ce couple qui vient d’avoir un bébé. "Comme ils ont fermé le marché de la Grande Borne, c'est un peu difficile de trouver les légumes et tout ça. Et c'est un peu cher quand on passe dans les grandes surfaces", explique cette jeune maman. Son mari travaille en interim et se retrouve sans emploi à cause du confinement. "Je ne pense pas qu'il bénéficiera du chômage partiel ou je ne sais pas quoi. Avec un bébé, c'est un peu difficile, à la vérité", reconnaît-elle.
La solitude pèse sur ces habitants
D’autres habitants bénéficiaient déjà de l’aide des associations, mais beaucoup d'entre elles sont désormais à l’arrêt.Confinement oblige, le Secours populaire est ainsi fermé. Par ailleurs, la fermeture des écoles et des cantines complique la situation. Sylvie l'admet, "plus de Secours populaire, plus d'école... c'est plus dur".
La pauvreté n’est pas le seul problème dans ce quartier. Les bénévoles l’ont remarqué : certains habitants se sentent très isolés et totalement déprimés. "Je vous mets ça là ?", demande Ganesh en arrivant chez Jocelyne, 74 ans. "Avec ma petite retraite c'est très dur, je suis très angoissée, c'est difficile, confie-t-elle. Tout est dur pour les personnes âgées comme moi. Je vis toute seule, heureusement que j'ai mon petit chat."
Je n'ai pas beaucoup d'aide, il n'y a que ça qui peut m'aider, je n'y arrive pas.
Jocelyneà franceinfo
Depuis le début du confinement, Jocelyne le dit, "pour un rien, je me déprime, pour un rien je m'angoisse". Et les journées passent, seules, interminables. "C'est long, c'est long... Du matin au soir, c'est long."
Pour aider ces habitants, il y a désormais plus de 50 bénévoles. Ganesh, Aurel, Nicolas et les autres sont là sept jours sur sept. Ils estiment que l’aide va devoir s’amplifier. A Grigny, le mot "fraternité" ne sert pas qu’à faire joli sur la façade de la mairie.
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