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Après un an et demi de télétravail, les crèches s'adaptent pour répondre aux nouveaux besoins des familles

Le développement du télétravail depuis le début de la crise sanitaire a fait évoluer les habitudes de garde des parents. Les crèches doivent en conséquence modifier leur fonctionnement.

Article rédigé par Rachel Rodrigues
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Une crèche dans le Doubs, le 19 mai 2020.  (MAXPPP)

Avec la rentrée, un nouveau protocole sanitaire est arrivé dans les entreprises, mercredi 1er septembre. Les employeurs ont désormais la main pour fixer les règles du travail à distance. Les habitudes de garde d'enfants des salariés, déjà modifiées par un an et demi de télétravail et de restrictions sanitaires diverses, pourraient s'en trouver à nouveau bousculées. A l'autre bout de cette chaîne, les crèches tentent de répondre aux besoins fluctuants des familles. La mue du secteur, entamée au printemps dernier, se poursuit.

Mai 2020, en annonçant le déconfinement, Emmanuel Macron autorise la réouverture des crèches, après trois mois de pause. Pour de nombreux parents, c'est un soulagement. "Le téléphone n'arrêtait pas de sonner, témoigne une éducatrice en crèche municipale dans le Nord. Les parents étaient épuisés d'avoir dû concilier leur vie professionnelle à domicile et la garde de leurs enfants."

Une légère baisse de fréquentation

En plus d'un protocole sanitaire strict, les crèches doivent également adapter leur organisation aux nouveaux emplois du temps des parents. "Certains viennent déposer leurs enfants plus tard et les récupèrent parfois plus tôt, en fonction du travail qu'ils ont à la maison", illustre Magali Bachelier, présidente d'Accent petite enfance, une association qui regroupe des gestionnaires de crèches. "Les journées sont raccourcies", confirme Matthieu Devergne, fondateur du réseau Chouettes crèches, qui compte 4 établissements en région parisienne. "Il arrive que nous n'ayons plus d'enfants à partir de 17h30", ajoute-t-il.

De manière générale, les crèches font toutefois plutôt fait face à une très légère baisse de fréquentation depuis le début de la crise sanitaire. Selon une enquête interne de la Caisse nationale d'allocation familiale (CNAF) auprès de 1 100 crèches, dont franceinfo a pu prendre connaissance, sur la période de septembre à décembre 2020, celles-ci ont connu un recul moyen de 6% des heures réalisées par jour, avec de nombreuses disparités entre les territoires.

"Ce n'est pas aussi catastrophique que ce qu'on pensait", admet Magali Bachelier. De son côté, la CNAF affirme à franceinfo que le télétravail n'est pas l'unique raison de ce recul, qui s'explique par l'ensemble des mesures sanitaires instaurées depuis un an et demi.

L'essor de "l'accueil ponctuel"

Les crèches ont donc dû assouplir leurs pratiques et accepter "de plus en plus d'accueil ponctuel", selon Elsa Hervy, présidente de la Fédération française des entreprises de crèche (FFEC).

"L'accueil traditionnel du lundi au vendredi, de 8 heures à 18 heures, qui se calquait sur les journées de travail est de moins en moins une réalité."

Magali Bachelier, présidente d'Accent petite enfance, coopérative de gestionnaires de crèches

à franceinfo

Les quelque 2 700 crèches du réseau Babilou proposent désormais "de garder votre tout-petit ponctuellement, sur une période définie." Le réseau Liveli, qui compte plus de 1 500 crèches en France, assure aussi, parmi ses nouveaux services, "un accueil occasionnel sans engagement".

Cet accueil ponctuel entraîne des modifications de contrats et d'organisation du personnel. Lorsque des parents réduisent l'inscription d'un enfant de cinq à deux jours par semaine, "on s'adapte", assure la directrice d'une crèche à Bordeaux. "Dans ces cas-là, il faut aussi revoir les plannings du personnel, jouer avec les récupérations. Plus le planning est fluctuant et plus c'est compliqué à gérer", déplore Magali Bachelier.

"Nous ne pouvons pas faire n'importe quoi au niveau des horaires du personnel", rappelle Romain Brebion, directeur des crèches Happy Ba'bees dans la métropole nantaise. Les établissements qui gardent des enfants doivent en effet respecter un taux d'encadrement minimum réglementaire : un adulte pour cinq enfants qui marchent et un adulte pour huit enfants qui ne marchent pas.

Des crèches plus proches de la maison

Pour certains enfants accueillis dans des crèches proches du lieu de travail d'un parent, les journées sont au contraire plus longues depuis que le bureau de papa ou maman est à la maison.

"Au lieu de passer en sortant du bureau, ils doivent prévoir la route depuis chez eux, et arrivent donc plus tard"

une directrice de crèche près de Bordeaux

à franceinfo

Pour aider ces parents, certains réseaux de crèches utilisent le maillage d'établissements qu'ils ont à disposition dans le secteur pour proposer d'accueillir les enfants sur un site plus proche de leur domicile.

A Nantes, Romain Brebion a profité de l'ouverture d'une nouvelle crèche de son réseau pour proposer à des parents de relocaliser près de chez eux la garde de leur enfant. Pour permettre à l'enfant de s'intégrer au mieux au nouveau lieu d'accueil, une semaine d'adaptation est prévue, "comme s'il s'agissait d'un nouvel inscrit".

D'après les observations du réseau Les Petits chaperons rouges, de nombreuses familles ont déjà fait ce choix. "On considère que plus de 80% des parents ont une crèche proche de chez eux et non proche de leur lieu de travail", estime Beatrice Mathurin, directrice communication du groupe. Si le télétravail s'installe durablement, il pourrait d'ailleurs remettre en question la pertinence de nombreuses crèches d'entreprise, estime de son côté Magali Bachelier.

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