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BD, bande dessinée. La BD se joue du confinement (7)

Le confinement inspire les auteurs de bandes dessinées. Ils commentent, s'amusent ou témoignent. Chacun dans leur style, Terreur Graphique, Kek et Philippe Dupuy nous invitent ainsi à réfléchir sur le moment inédit que nous traversons. 

Article rédigé par franceinfo, Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
DES HUMAINS CONFINES ET DES POULES LIBEREES (KEK / TERREUR GRAPHIQUE, LIBERATION / PHILIPPE DUPUY, LA FERME DU BUISSON)

Confinés en HLM avec Terreur Graphique, aux restos du coeur avec Kek ou à la Ferme du Buisson avec Philippe Dupuy : trois visions du confinemement en bandes dessinées. 

Ne vous arrêtez pas à son pseudonyme

Terreur Graphique n’est qu’un nom de plume. À le suivre sur les réseaux sociaux, on devine que ce grand gaillard barbu est un gentil garçon, bon père de famille et très attentif à l’actualité. Il dessine dans le quotidien Libération.

Sa mini-série Dans mon H.L.M., également disponible sur le net et via son compte Twitter, dévoile avec gourmandise, chaque week-end, la France confinée. Petits couples, vieux garçons ou familles nombreuses, Terreur graphique a l’œil partout : sur le père de famille chevelu et débordé, planqué derrière le canapé, qui hurle : "Non, c’est non, je refais pas l’école à la maison" ; sur l’interlocuteur de l’apéro zoom qui interpelle son interlocutrice à travers l’écran : "oui, c’est cool, mais mets un slip, s’il te plaît" ; sur tous les déprimés qui ont arrêté de changer la caisse du chat : "c’est pas un chien qu’on a ?".

Dans ces petites cages de HLM, le dessin brouillon et coloré de Terreur Graphique rappelle les grandes heures de Claire Bretécher, Reiser ou René Pétillon. C’est drôle et grinçant.  

Au coeur des restos

Habituellement, Kek est drôle, lui aussi. Depuis le début du confinement, il nous tirerait plutôt des larmes. Dans le civil, Kek est développeur sur mobile et sur le web. Son profil Twitter précise qu’il est aussi guitariste de métro. Nous l’avions découvert dès les premières années de l’industrie numérique avec les jeux farfelus qu’il programmait sur son blog.

Aujourd’hui, il poste chaque jour deux pages de bandes dessinées qui racontent son engagement aux restos du cœur : son arrivée pour dépanner l’absence d’un bénévole, la découverte d’une équipe généreuse, les difficultés de la tâche et surtout, la rencontre avec tous les bénéficiaires, terme consacré pour désigner tous les malheureux qui ne peuvent compter que sur les restos pour ne pas mourir de faim.

Les portraits sont poignants, mais le discours n’est jamais moralisant. Interpellé par un lecteur qui lui demande à quelle page il attrapera le coronavirus, Kek répond : "Je parlerai de la période du confinement, qui n’est pas spécialement cool." Pour l’heure, Kek a mis en ligne une quarantaine de planches.

Poulailler song

Nous vous invitons aussi à découvrir le travail de Philippe Dupuy qui, à l’invitation de la Ferme du Buisson, vaste espace culturel situé à Noisiel, en Seine-et-Marne, dont il est l’un des compagnons de route, invente ce qui doit se passer en ce moment dans ce lieu abandonné par les humains confinés.

Les poules et le coq, qui enchantent habituellement ceux qui viennent ici au spectacle ou voir une exposition, rigolent de notre sort. À chacun son tour d’être enfermé dans le poulailler. Philippe Dupuy en profite pour saluer L’An 01, la BD culte de Gébé, sortie en 1972. On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste !

Pendant ce temps-là à la Ferme (du Buisson)

De Philippe Dupuy également, Une Histoire de l'art, 3 volumes, Aire Libre et J'aurais voulu faire de la bande dessinée, avec Dominique A et Stéphan Oliva, chez Futuropolis 

L'An 01, Gébé, à L'Association.

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