Chambly-Le Mans à huis clos : "Ce n'est qu'un match de football", il y a des personnes "qui luttent pour garder la vie", explique le directeur du club de Chambly
Le club "ne sera pas loin des 300 000 euros de manque à gagner", affirme Thierry Bertrand, le directeur général du club de Chambly.
Le match de Ligue 2 Chambly-Le Mans s'est joué vendredi 6 mars à huis clos à Beauvais dans l'Oise, le département le plus touché par le coronavirus Covid-19. "Ce n'est qu'un match de football, il faut aussi avoir ça en tête", affirme Thierry Bertrand, directeur général du club de Chambly, invité de franceinfo vendredi. Il relativise par rapport aux personnes "qui luttent pour garder la vie". En termes de conséquences pour les finances du club, Thierry Bertrand reconnaît que, si la situation devait perdurer sur les cinq derniers matchs, le club "ne sera pas loin des 300 000 euros de manque à gagner". Mais il estime que "l'existence du club ne sera pas remise en cause". Du côté sportif, le club de Chambly a réussi à arracher un précieux nul (2-2) en vue du maintien.
franceinfo : Comment avez-vous accueillie la décision du huis clos ?
Thierry Bertrand : Nous avons eu différentes possibilités par rapport à ce match. Tout le week-end dernier, et encore lundi matin, il y avait différentes solutions qui s'offraient pour ce match. L'une était, pour des raisons sanitaires, que ce match ne se déroule pas dans l'Oise. Donc on nous avait demandé de trouver un terrain de repli. Sauf qu'il fallait aussi l'aval de la préfecture qui aurait accueilli ce match. Ensuite, il y avait la possibilité d'inverser le match, ce qui aurait faussé un peu l'équité sportive, puisque jouer une équipe deux fois de suite, match aller et match retour à domicile, en terme d'équité sportive, c'était assez moyen. Mais c'était aussi conditionné à l'accord du préfet local. Et donc, le match est fait à huis clos. En termes d'équité sportive, c'est ce qu'il y avait de mieux à faire.
Comment réagissent les joueurs ? Qu'est-ce que cela change de jouer dans son stade sans supporteurs, à huis clos total ?
Tout le monde est assez fataliste par rapport à la situation. Ce n'est qu'un match de football. Il faut aussi avoir ça en tête. Actuellement, il y a des gens qui luttent pour garder la vie. À côté, un match de football, c'est peu de chose par rapport à la vie. À Beauvais, on fait 3 000 spectateurs de moyenne. On n'a pas des ambiances démesurées. Mais les joueurs, cela ne les a pas impacté plus que ça. Ça discute un petit peu entre eux mais pas plus. Ce n'était pas le grand sujet de conversation de la semaine ce huis clos.
Jouer un match à huis clos, cela risque de coûter assez cher aux finances du club ?
Pour un match, en termes de frais fixes, on est aux alentours de 40 000 euros. Bien sûr, en termes de sécurité, on a beaucoup moins de personnes. Mais on est obligé d'en avoir pour s'assurer que personne ne rentre dans le stade. On a d'autres charges qui disparaissent. Mais on reste quand même sur des frais fixes de 32 000 à 35 000 euros et zéro en recette. Si cela devait perdurer, le problème, c'est que dans les cinq matchs qui arrivent, on a notre match "recettes de l'année", puisque nous devons accueillir le Racing Club de Lens, qui a beaucoup de supporteurs dans la région. C'est un match où le stade Pierre Brisson, à Beauvais, fera le plein. Sur ce type de soirée, il y avait aussi une grande soirée V.I.P. de prévue. Donc oui, si nos cinq derniers matchs devaient se jouer à huis clos, on ne sera pas loin des 300 000 euros de manque à gagner.
Est-ce que cela peut vous mettre en difficulté en termes d'existence ?
Non. Nous sommes une société, même si nous sommes dans le sport. On écoute les infos, on entend parler peut être de dédommagement, voire même de facilité de paiement pour tout ce qui est Urssaf ou TVA. Il faut souligner qu'on a le plus petit budget de Ligue 2. Le budget global du club, qui va des U5 à la section professionnelle, c'est un peu plus de 7 millions d'euros. Si on perdait 300 000 euros, ce n'est pas neutre. Le club est bien géré. On a des fonds propres mais on saura l'expliquer lors de notre passage à la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion de la Ligue de football professionnel). Parce que ce n'est pas un déficit causé par le fait que nous aurions mal géré le club de par une politique salariale dispendieuse. Ce sont des phénomènes extérieurs bien supérieurs au football. Mais, non, l'existence du club ne sera pas remise en cause, loin de là.
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