Confinement : le bruit sismique a diminué "d'environ 25%", voire "jusqu'à plus de 50%" à Paris ou Strasbourg, constate un sismologue
Moins de trafic, moins d'activité industrielle... Grâce à la baisse de l'activité humaine, les sismologues peuvent désormais capter des "petits séismes", signaux annonciateurs de phénomènes plus importants.
Alors que la moitié de la population mondiale est confinée ou contrainte de diminuer ses déplacements en raison de la pandémie de coronavirus, le bruit sismique a diminué "d'environ 25%", voire "jusqu'à plus de 50%" à Paris ou Strasbourg, explique 13 avril lundi sur franceinfo Jérôme Vergne, sismologue à l'École et l'Observatoire des sciences de la Terre à Strasbourg.
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franceinfo : Est-ce vrai que le monde est plus calme, même à l'intérieur de la planète ?
Jérôme Vergne : Oui, tout à fait. Moins de bruit, moins de perturbations pour nous, sismologues, qui écoutons en continu tous les jours les battements de la Terre. Si vous installiez un capteur sismologique, même sans séisme, vous enregistreriez des vibrations du sol liées à des phénomènes naturels, par exemple les vagues dans l'océan, mais évidemment également liées à l'activité humaine, la circulation sur les routes, les trains, les industries, les générateurs. Tout ça génère des vibrations ambiantes qui, en fait, vont nous cacher les soubresauts de la Terre. C'est très significatif. J'ai regardé un peu sur l'ensemble du territoire métropolitain, la baisse est d'environ 25%. On a à peu près 100-150 stations, tous nos capteurs voient cette baisse-là et évidemment, les quelques capteurs sismologiques qu'on a dans des centres-villes ont des baisses qui peuvent aller jusqu'à plus de 50% avec des niveaux de bruit sismique dans certaines villes comme Paris ou Strasbourg qu'on n'avait jamais vus.
Ce silence vous permet-il d'apprendre davantage de choses sur la Terre ?
Ça nous permet déjà de voir mieux les tous petits séismes, c'est-à-dire qu'avant, ils étaient cachés dans les vibrations ambiantes.
Maintenant, on est capables de détecter plus de petits séismes de magnitude inférieure à un, donc, évidemment pas perçus par la population. Mais chaque séisme pour nous c'est une information pour comprendre les failles sismiques.
Jérôme Vergne, sismologue à Strasbourgà franceinfo
Une faille sismique, si elle est active, elle crépite. Des crépitements de toute petite magnitude. Et plus on en détecte, plus on est capable de connaître ces failles sismiques qui, un jour, pourraient générer des séismes plus importants. La terre tremble, en continu. En fait, quand on franchit un seuil de magnitude, le nombre d'événements sismiques est multiplié par dix, donc il y a énormément de tous petits séismes et peu, heureusement pour nous, de très gros séismes. Mais c'est en enregistrant ces tous petits séismes qu'on connaît mieux le fonctionnement de notre planète.
Le calme actuel en raison du confinement réduit-il les risques de séismes ?
En effet, on enregistre avec des capteurs biologiques des signaux qui ressemblent à des séismes, mais qui n'en sont pas, qui sont générés par l'activité humaine. Par exemple, les explosions, des tirs de carrière. Là, on a une baisse drastique, divisée par deux ou trois le nombre de tirs de carrière sur l'ensemble du territoire métropolitain. Et puis, des contraintes à l'intérieur de la Terre peuvent générer de la micro-sismicité. On a beaucoup parlé des problèmes de géothermie profonde, par exemple. Alors, évidemment, cette activité sismique dépend du fait qu'on fasse ou pas ces opérations en profondeur. Elle n'est pas liée directement au confinement.
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