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Confinement : "Puisque c'est une décision politique des Etats, il est normal que le coût économique soit porté par les états", estime l'OFCE

Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques, estime que le coût économique de la crise du coronavirus doit être pris en charge par les Etats. 

Article rédigé par franceinfo
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Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). (PHILIPPE CH?REL / MAXPPP)

Le produit intérieur brut français a chuté d'environ 6 % depuis que le pays est placé en confinement, pour lutter contre le coronavirus, a estimé la Banque de France. Invité ce mercredi sur franceinfo, Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime que, comme il s'agit d'"une décision politique des Etats, il est normal que le coût économique de cette décision soit porté par les Etats", parce que "dans la crise de 2008, c'était le système financier qui avait failli", a-t-il rappelé. L'OFCE "a évalué à 60 milliards d'euros", le coût économique d'un "mois de confinement, il va bien falloir que quelqu'un porte ce coût". "Et si on arrivait à couvrir ces coûts-là par du public, la demande repartirait mais ça veut dire qu'on va vivre pendant un grand nombre d'années avec encore plus de dette publique et ça, il va bien falloir l'accepter", prévient Eric Heyer.

franceinfo : Cette crise est pire que la crise de 2008, elle est pire que tout ?

Eric Heyer : Pire que tout ? Oui. Mais attention à ne pas faire des comparaisons trop hâtives. Ce n'est pas une crise de la même nature. Ce n'est pas une crise financière, ce n'est pas une crise immobilière. On a décidé pour des raisons sanitaires de mettre à l'arrêt l'économie. C'est une décision politique de quasiment tous les pays de mettre à l'arrêt leur économie pour lutter contre une crise sanitaire qui pourrait provoquer énormément de morts. C'est inédit, les citoyens et effectivement l'économie subit un choc jamais observé.

Qu'est-ce que ça change pour la suite que ce soit une décision politique prise par les Etats ?

Ça change deux choses : premièrement, le tissu productif n'est pas détruit. On n'a pas une crise parce que d'un coup les entreprises ont fait faillite. On a mis en sommeil l'activité. Il ne faut surtout pas que, pendant ce sommeil, le tissu productif se détériore et qu'il y ait des faillites. Pour l'instant il n'a pas été détruit. Deuxièmement, puisque c'est une décision politique des Etats, il est normal que le coup économique de cette décision soit porté par les Etats. Dans la crise de 2008, c'était le système financier qui avait failli.

Que valent finalement les difficultés économiques puisque c'est quasiment la planète entière qui lutte contre le coronavirus. Ne pourrait-on pas dire, qu'on ne compte pas les dépenses actuelles, qui servent à protéger les gens ?

Il va bien falloir, à un moment, payer les salariés, les bailleurs. Il y a bien des réalités économiques derrière, il y a bien un coût. On l'a évalué à 60 milliards d'euros par mois de confinement, il va bien falloir que quelqu'un porte ce coût. Soit ce sera les acteurs privés, entreprises et ménages, ce qui voudrait dire qu'on transforme cette crise sanitaire en réelle crise économique avec des faillites en cascade qui pourrait durer extrêmement longtemps. Soit on considère que c'est aux administrations publiques, aux Etats de porter ces 60 milliards d'euros de coût mensuel. Ce qui veut dire qu'il va y avoir une forte dégradation des déficits et de la dette publique. Il va falloir qu'on garantisse qu'il n'y aura pas faillite des Etats. C'est là où les banques centrales sont extrêmement importantes pour garantir cela. Et si on arrivait à couvrir l'intégralité de ces coûts-là par du public, le rebond sera relativement important puisque la demande repartirait avec une offre qui serait intacte, on regagnerait une partie des pertes non-négligeables, mais ça veut dire qu'on va vivre pendant un grand nombre d'années avec encore plus de dette publique et ça, il va bien falloir l'accepter.

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