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Confinement : si Jean Castex "veut sécuriser ", il faut qu'il donne des "certitudes”, pour le neuropsychiatre Boris Cyrulnik

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik évoque sur franceinfo les annonces à venir jeudi soir du Premier ministre, Jean Castex, sur les étapes d'un éventuel déconfinement alors que fêtes de fin d'années approchent.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Boris Cyrulnik, le 17 novembre 2020, à Paris. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

À 15 jours de Noël, le gouvernement va préciser aujourd’hui ce que l’on pourra ou non faire lors des fêtes de fin d'année. Un déconfinement par étape devrait se poursuivre, mais il y aura encore des restrictions qui demeurent pour l’heure assez floues. Une incertitude "angoissante" mais qu’il faut "accepter", explique le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, sur franceinfo ce jeudi, qui considère que si Jean Castex "veut sécuriser, il faut qu'il donne des certitudes”.

franceinfo : Cette incertitude de ce qui nous attend, elle pèse sur le moral, c'est difficile pour la santé mentale ?

Boris Cyrulnik : Bien sûr, parce que ce qui sécurise le plus c'est la certitude, et l'incertitude est angoissante puisqu'on n'a pas de conduite à tenir. On ne sait pas quoi faire et on reproche au gouvernement de changer de décision toutes les semaines. Mais en fait, le gouvernement ne fait que s'adapter aux variations du virus et aux variations du traitement. Ça, c'est angoissant. Parce que ça empêche la certitude. Mais, je pense que ce qu'il faut, c'est accepter l'incertitude. Parmi nous, il y a des gens qui savent et qui acceptent qu’il y ait une évolution à respecter : le virus va s'éteindre progressivement. Moins on sortira, plus on se confinera, plus le virus s'éteindra tôt. Et puis, il y a des gens qui sont anxieux, et qui ont besoin de certitude. Ceux-là s'accrochent à n'importe quel prophète qui va affirmer une prédiction. Et ça, c'est dangereux parce que c'est ça qui entretient le virus.

Vous parlez de complotisme, d'affirmations erronées ?

Oui, quand une culture est dans le chaos, il y a toujours des sauveurs qui prétendent savoir. Bien sûr que ce sont des escrocs culturels, mais ils sont très suivis. Regardez aujourd'hui sur la planète le nombre de dictateurs qui sont élus démocratiquement. Et c'est la règle. Beaucoup de dictateurs n'ont pas fait de coup d'État. Et ces gens qui élisent, qui votent pour un dictateur sont des gens qui se laissent escroquer par un prophète qui leur affirme des certitudes. Votez pour moi, je vous dirai ce qu'il faut faire, et le virus s'éteindra. Cela vient d'un complot.

Pour le Premier ministre, Jean Castex, quelle est la communication idéale ?

S’il veut sécuriser, il faut qu'il donne des certitudes, mais je pense que la communication idéale, c'est de dire la vérité, de dire : ça, on le sait et ça, on ne le sait pas, mais on saura dans 15 ou 20 jours. Il y a beaucoup de gens qui vont accepter cette incertitude et c'est ce qu'il faut faire. Le gouvernement ne veut pas sacrifier les fêtes, parce que cette année en particulier, c’est un moment essentiel pour les Français. Les rituels familiaux, religieux, amicaux sont importants pour lutter contre la désorganisation psychologique qu'impose le virus. Il va probablement y avoir un rebond après les fêtes, c'est une prise de risque. Mais si Emmanuel Macron ne prend pas ce risque, il augmentera la protection contre le virus, mais il augmentera en même temps les désorganisations anxieuses.

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