"Prime Macron" : Force ouvrière aurait préféré une revalorisation des bas salaires par l'augmentation du Smic
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé lundi la prolongation de la "prime Macron" en 2021. Le secrétaire général de FO Yves Veyrier estime ce mardi sur franceinfo que le gouvernement devrait plutôt revaloriser le Smic.
"Ce gouvernement trouve toujours des biais pour répondre à des questions de pouvoir d'achat autrement que par l'augmentation des salaires", a réagi ce mardi sur franceinfo le secrétaire général du syndicat Force ouvrière (FO), Yves Veyrier. Le Premier ministre Jean Castex a annoncé lundi soir la prolongation de la "prime Macron" en 2021, une prime défiscalisée d'un montant maximum de 1 000 euros aux bas salaires. Une façon, notamment, de répondre aux attentes des "travailleurs de la deuxième ligne". "Curieux", selon Yves Veyrier, qui demande au gouvernement de faire évoluer ces travailleurs "en termes de salaire, de formation, de qualification, mais aussi d'évolution".
franceinfo : C'est une bonne surprise, la prolongation de cette prime ?
Yves Veyrier : C'est un peu curieux parce qu'on attendait, a fortiori quand on parle d'un risque de reconfinement, qu'une réponse soit enfin donnée pour les travailleurs de la "deuxième ligne" qui ne se sont pas arrêtés pendant le premier confinement pour approvisionner la population : les aides à domicile, beaucoup d'agents de propreté, de gardiennage, des ambulanciers, les transporteurs, la logistique, la maintenance, l'agroalimentaire, les caissières… Il y avait eu une reconnaissance de leur engagement mais on attendait que ça se concrétise.
En plus d'une prime, nous pensons que pour tous ces travailleurs-là méritent d'être repositionnés dans l'échelle des valeurs. Ce sont souvent des métiers au SMIC, avec des conditions de travail difficiles. Nous pensons qu'il faut les repositionner en termes de salaire, de formation, de qualification, mais aussi d'évolution, qu'on ne reste pas toute sa vie à temps partiel, avec un Smic.
La prime pourra quand même aller jusqu'à 2 000 euros...
Il y a effectivement ce petit cliquet éventuel qui ferait que, dans les branches où on négocierait un accord pour la valorisation de ces emplois, la prime pourrait monter à 2 000 euros. Mais, il faut bien comprendre que c'est au bon vouloir de l'employeur. C'est en fait la possibilité donnée à l'entreprise de verser une prime jusqu'à 1 000, ou 2 000 euros dans le cas qu'on vient d'évoquer, sans fiscalité ni cotisations sociales. À l'arrivée, c'est quand même l'employeur qui décide si on verse ou non cette prime. Ce que nous demandons, c'est que le gouvernement contrôle la façon dont sont utilisées toutes ces aides publiques. Il ne faudrait pas que des entreprises, qui auraient de toute façon embauché un salarié, utilisent ces dispositifs pour éviter une embauche pleine et entière.
Vous pensez que l'État se défausse sur les entreprises ?
Il y a quand même un moyen très simple de revaloriser les bas salaires, c'est d'augmenter le Smic. Or depuis 2017, ce gouvernement trouve toujours les biais pour répondre à des questions de pouvoir d'achat autrement que par l'augmentation des salaires. Ça avait été la prime d'activité de 100 euros ajoutés pour ceux qui étaient au Smic, ça a été la "prime Macron" du premier confinement, et ça revient aujourd'hui en réponse aux travailleurs de la deuxième ligne. Boucler des fins de mois à 1 200 euros, surtout si vous n'avez pas de perspectives d'évolution, c'est quand même compliqué. Nous demandons à ce qu'on porte le Smic à 80% du salaire médian. Le salaire médian, c'est 1 800 euros. Ça ferait un Smic net à 1 450 euros.
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