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Reconfinement : "Il fallait une mesure plus forte et dont on avait déjà prouvé l'efficacité", réagit l'infectiologue Anne-Claude Crémieux

Pour l'infectiologue Anne-Claude Crémieux, la stratégie "tester-tracer-isoler" mise en place par le gouvernement n'a pas démontré son efficacité. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un échantillon PCR prêt à être testé dans un laboratoire d'Ivry-sur-Seine en région parisienne.  (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Les autres mesures n'ont pas marché, il fallait une mesure plus forte et dont on avait déjà prouvé l'efficacité", réagit mercredi 28 octobre sur franceinfo l'infectiologue Anne-Claude Crémieux, professeur à l'hôpital Saint-Louis à Paris et membre de l'Académie nationale de médecine, après l'annonce par Emmanuel Macron d'un reconfinement national qui durera au moins jusqu'au 1er décembre pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

La spécialiste émet des réserves sur la réussite de la stratégie tester-tracer-isoler choisie par le gouvernement et rappelle qu'"il y a des pays qui ont joué la stratégie dite de l'élimination, c'est-à-dire très tôt, contrôler les chaînes de contamination grâce à un système tester-tracer-isoler extrêmement réactif, et dès que des foyers commençaient à diffuser dans la communauté, ils ont tout de suite instauré des cordons sanitaires".
Anne-Claude Crémieux estime que ces pays-là sont "essentiellement les pays qui avaient été touché par le SRAS [autre coronavirus apparu en Chine en 2002] et qui en ont tiré les leçons : ce sont des pays d'Asie, mais aussi d'autres pays qui ont été extrêmement réactifs dans leur façon d'imaginer une nouvelle stratégie, comme par exemple la Nouvelle-Zélande".
L'infectiologue cite "les autres pays, essentiellement les pays européens, qui ont joué une stratégie d'atténuation sanitaire sans vraiment essayer de contrôler les chaînes". Or, ces pays-là, poursuit la professeur de médecine, "sont aujourd'hui tous en difficulté".

"Il faut d'ores et déjà préparer le déconfinement"

"On a dépassé nos capacités de pouvoir contrôler une épidémie", déplore Anne-Claude Crémieux, qui revient sur le SRAS : "On a eu très peu de cas [en France], les patients se sont isolés, et on s'est aperçu avec cette épidémie que nous n'étions plus prêts à faire face à une épidémie avec un certain volume et une certaine rapidité", indique la spécialiste qui assure que "c'est ça qu'il va falloir regarder plus tard, et c'est aussi ça qu'il faut préparer car il faut d'ores et déjà préparer le déconfinement : il faut que ce déconfinement nous permette de gagner du temps, il faut éviter ces erreurs que nous avons faites", prévient-elle.

Si nous voulons gagner du temps, il faut tenir jusqu'au vaccin et pour tenir il faut ralentir le plus possible.

Anne-Claude Crémieux, infectiologue

à franceinfo

Anne-Claude Crémieux appelle également à "se servir de l'exemple des autres pays au moment du déconfinement quand effectivement il n'y aura plus que 2 000, 1 000 cas, pour casser les chaînes de contamination : pour pouvoir être prêts dans un mois, c'est maintenant qu'il faut mettre au point notre stratégie de dépistage et de tester-tracer-isoler".

Une épidémie hors de contrôle

Cependant, la spécialiste relève qu'"aujourd'hui, avec le nombre de personnes infectées, nous sommes dépassés, et la stratégie devient inopérante : on ne peut plus contrôler les chaînes de contamination, l'objectif est effectivement de revenir à un niveau bas, que nous avons connu à la sortie du premier confinement", relève Anne-Claude Crémieux, qui rappelle que "pendant un mois et demi, nous avions le contrôle des chaînes : si on peut revenir à ces niveaux-là et effectivement maintenant qu'on a des tests de façon assez massive, pouvoir les obtenir en 24h et identifier les contacts en 3 jours et tester massivement, on peut gagner du temps".

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