Télétravail : "Ce n'est pas parce qu'on travaille sur un ordinateur que l'activité est forcément 'télétravaillable'", pointe la CFE-CGC
La Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres différencie "l'activité à domicile en cas de confinement" et le télétravail. Pour la première, il demande "un cadrage concret", pour le deuxième, une définition et un accord négocié.
"Ce n'est pas parce qu'on travaille sur un ordinateur que l'activité est forcément télétravaillable au sens strict. Là encore, mal nommer les choses, c'est créer du malentendu", affirme mardi 10 novembre sur franceinfo François Hommeril, président de la CFE-CGC (Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres) alors qu'une nouvelle séance de négociations s'ouvre avec le patronat pour trouver un cadre clair à ce mode de travail et que de nombreuses entreprises - malgré le reconfinement - ne jouent pas le jeu.
franceinfo : Alors qu'on est reconfinés et que le gouvernement a imposé la règle du télétravail 5 jours sur 5 à chaque fois que c'est possible, pourquoi certaines entreprises ne jouent-elles pas le jeu ?
Cette question du télétravail est une question qui a été mal soupesée dès le début, ne serait-ce que par l'emploi du terme "télétravail" pour décrire une activité qui n'est pas au sens strict du télétravail.
On a fait pendant le premier confinement ce qu'on appelle la continuité de l'activité à domicile et tout le monde a appelé ça télétravail. C'était une erreur.
François Hommeril, président de la CFE-CGCà franceinfo
Parce que travailler chez soi, quand ça n'est pas codifié, quand les conditions réunies pour faire correctement son travail ne sont pas présentes, forcément, ça crée un malentendu. Et ni le gouvernement ni le patronat non plus d'ailleurs, n'ont fait l'effort [de clarifier]. Ce que nous demandions de faire, c'est un cadrage concret de ce que c'est que l'activité à domicile en cas de confinement. Eh bien, nous sommes aujourd'hui dans ce malentendu et forcément, certaines entreprises mais certains salariés aussi aujourd'hui ont du mal à se positionner par rapport à cette activité.
Certains salariés affirment qu'ils ne peuvent pas poser la question du télétravail à leur patron, est-ce que le télétravail est devenu un sujet tabou ?
Ce n'est pas parce qu'on travaille sur un ordinateur que l'activité est forcément 'télétravaillable' au sens strict. Là encore, mal nommer les choses, c'est créer du malentendu. À la CFE-CGC, nous avions demandé dès juin une négociation qui permet de cadrer ce que c'est que le travail à domicile en cas de confinement. Et nous pensions - et je continue à dire que c'est possible et que ce n'est pas forcément très compliqué - qu'il suffit de faire la liste des garanties qu'il faut apporter aux salariés pour qu'ils puissent pratiquer dans un certain laps de temps pendant une certaine durée leur activité à domicile. Le problème, c'est qu'on a mélangé les deux sujets : on a fait porter sur ce sujet-là, la modernisation de l'accord de télétravail de 2005, qui est un sujet de long terme, une évolution de société. Il ne faut jamais mélanger le court terme et le long terme. Dès le début, le gouvernement s'est engouffré dans cette problématique et le patronat n'a pas eu un discours relativement clair sur le sujet. Voilà où nous en sommes aujourd'hui, au mois de novembre, avec une question qui n'a pas beaucoup évolué et des gens qui sont, il faut bien le dire, très troublés.
Certains syndicats veulent une définition du télétravail la plus large possible, au bon vouloir de chaque entreprise, d'autres au contraire veulent une définition précise voire nationale, où vous situez-vous par rapport à cela ?
On peut assez facilement dresser la liste de tous les points qu'il faut définir pour considérer un poste télétravaillable. Il faut de toute façon l'accord du salarié et il faut pouvoir définir les garanties que l'on doit proposer au salarié pour que, justement, il puisse tenir ce poste.
Il y a tout un tas de sujets qu'on n'aborde jamais.
François Hommerilà franceinfo
Quels sont les objectifs sur lesquels on va travailler ? Quels sont les moyens qu'on va donner au salarié qui se retrouve éloigné de son collectif de travail pour atteindre ses objectifs ? Comment est-ce qu'on va communiquer avec lui ? Quelles sont les garanties qu'on va lui donner pour qu'il ne soit pas isolé dans son travail ? Comment est-ce qu'on lui garantit qu'il va devoir respecter ses horaires de travail, qu'il aura 11 heures de repos entre deux jours de travail ? On peut faire la liste de tous ces sujets-là et trouver en face une réponse. Il faut simplement avoir un peu de responsabilité sur ce dossier-là, éviter les faux-fuyants et travailler à un accord négocié. Moi, je pense que c'est possible et ce n'est pas si compliqué que ça.
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