: Vidéo Confinement : la dérogation accordée aux chasseurs répond-elle à une "mission de service public" ou est-elle une "injustice" ?
Franceinfo a interrogé Nicolas Rivet, directeur général de la Fédération nationale des chasseurs, et Madline Rubin, directrice de l'Aspas, l'Association pour la protection des animaux sauvages.
Les chasseurs ont obtenu une dérogation pour le confinement. Des chasses pourront être organisées si elles concernent des espèces "susceptibles d’occasionner des dégâts aux cultures et aux forêts, et dont la population doit être régulée", selon un communiqué de la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité, Bérangère Abba, publié le 1er novembre. La décision concerne le sanglier et le chevreuil.
Pour Nicolas Rivet, directeur général de Fédération nationale des chasseurs, il est impératif de chasser le sanglier en cette période, les mois de novembre, décembre, janvier et février, afin d'éviter des dégâts au printemps. Il rappelle que 810 000 sangliers ont été tués en France la saison dernière.
Le fait de ne pas chasser pendant un mois, cela veut dire que vous avez entre 150 000 et 200 000 sangliers qui ne seront pas prélevés. Et on ne pourra jamais rattraper ça.
Nicolas Rivet, directeur général de la Fédération nationale des chasseursà franceinfo
"On est vraiment dans ce rôle de régulateur par rapport à des missions de service public et de prévention aux dégâts auprès des agriculteurs, affirme Nicolas Rivet, rappelant que si des dégâts et des pertes sont occasionnés, il revient aux fédérations de chasseurs de payer. "Ce sont les chasseurs qui indemnisent l'intégralité des dégâts commis par le grand gibier aux agriculteurs. Cette facture représente plus de 70 millions d'euros tous les ans", fait-il valoir. Il rappelle que la fédération des chasseurs de la Meuse est ainsi sous le coup d'une "facture colossale" de 3 millions d'euros.
"Un sentiment de deux poids, deux mesures"
Mais ces arguments ne satisfont pas Madline Rubin, directrice de l'Aspas, l'Association pour la protection des animaux sauvages. "C'est un fait connu de tous qu'il y a une problématique avec les sangliers. Les chevreuils, un peu moins, mais les sangliers, c'est connu. Donc ce n'est pas étonnant que les chasseurs demandent aujourd'hui une dérogation pour réguler les sangliers", estime-t-elle.
"Le souci, c'est que ce n'est pas aujourd'hui, pendant un confinement, où normalement toute la population est enfermée que l'on va régler ce problème", poursuit-elle. D'après elle, le problème est ancien et "il aurait fallu le prendre à bras-le-corps bien avant que d'offrir cette dérogation aux chasseurs". Elle dénonce "un sentiment de deux poids, deux mesures, et d'injustice". "Ce qu'il faudrait faire, c'est peut-être retirer ce dossier [la régulation des animaux qui peuvent faire des dégâts] aux chasseurs parce que c'est leur mauvaise gestion, depuis des années, qui fait qu'aujourd'hui on en est là", assène également Madline Rubin.
De son côté, le Parti animaliste a appelé ses sympathisants à contacter les préfets de leur département. Dans un exemple de lettre type partagé sur Twitter pour les solliciter, la formation condamne "la soumission du gouvernement aux demandes des chasseurs."
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