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Coronavirus : alcool, tabac, drogue... Quelles sont les conséquences du confinement sur les addictions ?

"L'angoisse peut mener à des comportements addictifs chez une fraction de la population", indique Bernard Basset, président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie.

Article rédigé par Robin Prudent - Pierre-Louis Caron
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les bureaux de tabac restent ouverts en France durant la période de confinement. (HERMANN CLICK / HANS LUCAS)

Va-t-on tous devenir "accros" à cause du confinement ? Alcool, drogue, tabac... La période d'épidémie et les mesures de restrictions de sortie liées au coronavirus, et reconduite au moins pour quinze jours vendredi 27 mars, peuvent avoir de grandes conséquences sur les usages et les addictions à certaines substances, alertent les professionnels de santé. "L'angoisse peut mener à des comportements addictifs chez une fraction de la population, mais pas de manière générale", indique Bernard Basset, médecin et président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), à franceinfo.

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Concernant l'alcool, le confinement peut agir de manière assez contradictoire. "Nous avons deux phénomènes qui jouent en sens inverse", indique Bernard Basset. D'un côté, les personnes utilisent parfois l'alcool comme "une béquille" contre le désœuvrement et l'ennui. Les "apéros virtuels" que l'on voit fleurir un peu partout sur les réseaux sociaux peuvent aussi favoriser la consommation d'alcool.

Une interdiction de la vente d'alcool ?

D'un autre côté, "le confinement rend l'alcool moins disponible", estime Bernard Basset. Les règles strictes de sorties du domicile, la fermeture des bars et des restaurants sont des freins à l'achat et à la consommation d'alcool, même si les cavistes ont obtenu, après une certaine hésitation, l'autorisation de rester ouverts. Conclusion : "Il est très difficile de dire quel est le résultat de la somme de ces deux phénomènes", indique Bernard Basset.

Dans ces conditions, faut-il prendre des mesures plus strictes d'interdiction totale de vente d'alcool en cette période de confinement, comme l'avait très brièvement prévu la préfecture de l'Aisne en début de semaine ? Non, répond l'association de prévention. "Cela partait d'une bonne intention mais ils n'avaient pas pensé aux gens réellement dépendants qui peuvent se trouver en état de sevrage et avoir de graves complications", explique Bernard Basset.

La logique est la même pour les fumeurs. De nombreuses personnes s'étaient élevées contre le fait que les bureaux de tabac restent ouverts en période de confinement. "Mais les gens qui fument sont dépendants au tabac, rappelle le médecin. Si on veut réussir un sevrage, il faut le faire de manière sérieuse, accompagnée. L'imposer brutalement de manière non voulue à la totalité des fumeurs ne me paraîtrait pas du tout favorable."

Difficultés d'approvisionnement

D'autres accros à des drogues illégales peuvent se retrouver dans des situations plus compliquées. "Il peut y avoir des difficultés d'approvisionnement du cannabis", indique Bernard Basset. Mais la majorité de ces consommateurs ne sont en réalité pas dépendants et n'auront donc pas de conséquences pour leur santé, selon lui. Pour d'autres drogues, "on essaie de maintenir les produits de substitution malgré le confinement", explique-t-il. 

En cette période troublée, l'association rappelle que des services d'aide et d'accompagnement sont toujours disponibles en ligne ou par téléphone. Et quelques règles basiques permettent d'éviter de tomber dans de nouvelles addictions : "Modérer sa consommation sur ces produits, maintenir une alimentation équilibrée, faire de l'exercice..."

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