Cet article date de plus de quatre ans.

Coronavirus : ce que l'on sait (et ce qu'on ne sait pas encore) après la mort d'un enfant atteint d'une forme proche de la maladie de Kawasaki

Après sept jours en soins intensifs, le jeune patient, 9 ans, a succombé de lésions cérébrales consécutives à une atteinte cardiaque. Les médecins sont "très en faveur" d'un lien entre la pathologie et le Covid-19 mais ils notent cependant que cette maladie touche un nombre extrêmement faible d'enfants.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Une pancarte "Zone de suspicion Coronavirus" dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Robert Ballanger, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 5 mai 2020. (GONZALO FUENTES / X07238 / REUTERS)

Un garçon de 9 ans, atteint d'une forme proche de la maladie de Kawasaki, qui a été détectée chez de jeunes patients ayant été en contact avec le coronavirus, est mort, a-t-on appris vendredi 15 mai auprès de son médecin. Il s'agit du premier décès de ce type en France. 

>> Coronavirus : déconfinement, masques, tests... Suivez l'évolution de l'épidémie dans notre direct

Beaucoup d'inconnues demeurent quant à cette nouvelle forme de la maladie de Kawasaki qui frappe les plus jeunes. En France, 135 signalements d'enfants atteints de ce syndrome proche de la maladie de Kawasaki ont été rapportés entre le 1er mars et le 12 mai. Voici ce que l'on sait et ce qu'on ignore encore du décès de cet enfant à l'hôpital de La Timone à Marseille.

Ce que l'on sait

Le jeune garçon est mort le 9 mai de lésions cérébrales. L'enfant est mort à Marseille, samedi 9 mai, de lésions cérébrales consécutives à une atteinte cardiaque, a expliqué le professeur Fabrice Michel, chef du service de réanimation pédiatrique de La Timone, confirmant une information de La ProvenceDans son point hebdomadaire jeudi soir, Santé publique France évoquait déjà le décès d'un "garçon âgé de 9 ans", après une maladie inflammatoire ayant touché son cœur et "vraisemblablement" liée au Covid-19, indique l'AFP.

Il a été transporté à l'hôpital après un malaise. Lors d'un passage aux urgences pédiatriques d'un autre hôpital de Marseille le 2 mai, le garçon avait été examiné et présentait "un tableau clinique comparable à celui d'une scarlatine" sans "signe de gravité", a expliqué le professeur Fabrice Michel. Il avait été renvoyé chez lui avec un traitement. Mais le soir-même, le jeune patient a fait "un malaise grave avec un arrêt cardiaque" chez lui avant d'être transporté dans le service de réanimation pédiatrique de La Timone. Il y a reçu "des soins pendant sept jours" avant de succomber, selon le Pr Michel. 

Testé positif au Covid-19, il n'avait pas de symptômes. Des tests de sérologie ont montré que cet enfant "avait été en contact" avec le coronavirus, mais n'avait pas développé les symptômes du Covid-19, a expliqué le professeur Fabrice Michel. Selon Santé publique France, la sérologie de ce jeune garçon vis-à-vis du Covid-19 "était positive". L'OMS a indiqué vendredi qu'elle travaillait sur les liens entre le Covid-19 et cette nouvelle forme de la maladie de Kawasaki.

Il souffrait d'une autre maladie. L'enfant était atteint d'une autre maladie, "une comorbidité neuro-développementale", un type de maladies qui perturbe le développement neurologique des enfants – comme l'autisme par exemple – a indiqué l'agence sanitaire sans préciser laquelle. Selon le Pr Michel cependant, la présence de cette autre maladie n'a joué aucun rôle dans son décès : "Qu'il l'ait eu ou pas, ça ne change rien", a-t-il précisé.

135 signalements d'enfants atteints de ce syndrome. En France, selon Santé publique France, 135 signalements d'enfants atteints de ce syndrome proche de la maladie de Kawasaki ont été rapportés entre le 1er mars et le 14 mai. La moitié d'entre eux a été testée positive au Covid-19. Santé publique France estime que les résultats de leurs analyses sont "très en faveur" d'un lien entre l'infection par le Sars-CoV-2 et cette pathologie.

Ce que l'on ne sait pas encore

La mortalité réelle de cette maladie. Faut-il pour autant s'inquiéter de voir les plus jeunes contracter cette forme proche de la maladie de Kawasaki ? Il n'y a pas d'évaluation exacte du bilan en France ces dernières années, mais les professionnels de santé se veulent plutôt rassurants. C'est notamment l'avis du Dr Véronique Hentgen, pédiatre et infectiologue spécialiste des maladies rares à l'hôpital de Versailles : "Sur toute l'épidémie, sept enfants porteurs du Covid-19 sont décédés, 6 de la forme aiguë de la maladie et un de la maladie de Kawasaki. Bien sûr que c'est dramatique, mais ça reste marginal." Ce syndrome est "rare et paraît actuellement en cours de régression", insiste Santé publique France.

Pourquoi certains enfants sont plus touchés que d'autres. Les médecins savent que cette nouvelle forme de la maladie peut avoir des conséquences graves et que, comme ce jeune garçon, certains enfants en meurent ponctuellement. En revanche, comme le rappelle le Dr Véronique Hentgen, on ignore encore "pourquoi, individuellement, certains enfants développent cette maladie. On essaie de trouver quels sont les facteurs qui la favorisent et pourquoi certains enfants la développent. Mais c'est une question qu'on se pose depuis vingt ans."

Si des facteurs génétiques sont, ou non, impliqués. Les médecins étudient également la possibilité que cette maladie soit liée à des facteurs génétiques. Deux études parues ces derniers jours dans la revue médicale The Lancet ont décrit les premiers cas survenus en Angleterre et en Italie. En Angleterre, six des huit premiers cas observés étaient des enfants noirs, "d'origine afro-caribéenne", selon l'une de ces études, ce qui a amené la piste génétique. L'enfant mort à Marseille était lui aussi "d'origine africaine", selon le Pr Michel, qui n'en tire toutefois pas de conclusion : "C'est peut-être aussi des populations où le virus circule plus". 

Si le profil génétique des enfants touchés est le même en France. L'hypothèse d'une piste génétique liée à l'origine pourrait toutefois être creusée en France, même si les statistiques ethniques y sont interdites. "Une demande a été adressée à la Commission nationale de l'informatique et des libertés pour pouvoir recueillir l'origine ethnique, ce qui est sensible", a déclaré au journal Le Monde le Pr Alexandre Belot, de l'hôpital Femme Mère Enfant de Lyon, qui travaille à la recension des cas hexagonaux.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.