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Coronavirus en Chine : quelles pourraient être les conséquences économiques de l'épidémie ?

Pékin a décidé de confiner la population dans le pays, pour endiguer la propagation de la maladie. Une mesure qui fait craindre des pertes dans l'industrie du tourisme.

Article rédigé par franceinfo
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Deux touristes portent un masque de protection sur la place Tian'anmen, à Pékin (Chine), le 28 janvier 2020. (KOKI KATAOKA / YOMIURI / AFP)

L'économie mondiale sera-t-elle une victime collatérale de l'épidémie de coronavirus ? Alors que le bilan est désormais, mardi 28 janvier, de 106 morts et plus de 4 500 personnes contaminées selon les autorités chinoises, l'alerte n'est plus seulement médicale. Le monde des affaires s'inquiète, en effet, des conséquences possibles sur la croissance mondiale. Et l'industrie touristique, en particulier, est d'autant plus alarmée que Pékin a décidé dimanche de suspendre les voyages organisés en Chine et à l'étranger.

Sur les marchés financiers

"Le problème est que les investisseurs ont une visibilité très limitée sur la situation actuelle en Chine, n'ont quasiment aucune connaissance en épidémiologie et virologie et n'ont aucune idée de l'impact que cela aura", résume à l'AFP Neil Wilson, analyste chez Markets.com. Préoccupées face à la propagation de la maladie, les principales places boursières étaient en recul, lundi 27 janvier.

La Bourse de New York a ainsi fini nettement dans le rouge, avec son indice vedette, le Dow Jones, en recul de 1,57%. Il s'agit de sa plus lourde perte à la clôture depuis octobre. Mardi, les bourses européennes repartaient toutefois en légère hausse, à Londres (qui avait perdu 2% la veille) comme à Paris (qui avait accusé -2,68% la veille).

Dans le secteur du tourisme

Parmi les valeurs les plus touchées en bourse en début de semaine, celles des compagnies aériennes et agences de voyages. Celles-ci redoutent le ralentissement des visites des Chinois à l'étranger, qui étaient en forte expansion ces dernières années. "En 1995, ils n'étaient que 4,5 millions à s'être rendus à l'étranger. Leur nombre a dépassé les 150 millions" en 2018, soulignent Les Echos, avant d'ajouter : "Une augmentation vertigineuse qui ne donne pas signe d'essoufflement." 

L'épidémie alarme en priorité les voisins asiatiques de la Chine. Le Cambodge, la Thaïlande et Singapour, par exemple, craignent la répétition du scénario de 2003. L'épidémie de Sras (un précédent coronavirus) en Asie avait fait fondre d'environ un tiers le nombre de touristes chinois. Si un plongeon similaire se produisait cette année, "cela amputerait entre 1,5 et 2 points de pourcentage du PIB des pays les plus vulnérables", estime le cabinet d'études Capital Economics. A titre d'exemple, le tourisme pèse environ 18% du PIB thaïlandais.

La même inquiétude est palpable en France. Avec plus de 2 millions de visiteurs par an, les Chinois représentent une clientèle de poids. "Si les Chinois représentent 2,5% de la fréquentation touristique totale, ils sont encore plus lourds économiquement. Avec 4 milliards d'euros de dépenses, ils totalisent 7% de la recette touristique", indique à l'AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage, l'organisation qui représente le secteur du voyage en France.

Pour l'industrie du luxe

Les clients chinois en séjour à l'étranger dépensent beaucoup, notamment dans le luxe. A Paris et dans la région francilienne, leur budget moyen (hors transport) s'établit à 1 024 euros par séjour, selon le comité du tourisme d'Ile-de-France, et le shopping est le deuxième poste de dépenses après l'hébergement.

"On est en basse saison pour l'instant, mais si la situation perdurait – et il y a de très fortes probabilités que ce soit long – l'impact économique sera important, notamment pour l'hôtellerie et le secteur du luxe", estime encore Jean-Pierre Mas.

D'autres pays s'inquiètent aussi du manque à gagner qu'occasionnerait l'absence des touristes chinois sur les ventes de détail. Au Japon, "90% des achats de cosmétiques par des touristes étrangers proviennent des dépenses de clients chinois", soulignent des économistes cités par l'AFP.

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