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Coronavirus et déconfinement : ce qu'il faut retenir de l'audition du directeur général de la santé à l'Assemblée nationale

Jérôme Salomon a été entendu, jeudi, par les députés, avec Katia Julienne, directrice de l’offre de soins.

Article rédigé par franceinfo
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Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, lors d'une conférence de presse, à Paris, le 30 janvier 2020. (MAXPPP)

"C'est la première fois dans l'histoire que les plus grands pays du monde sont touchés (...) avec une gravité qui ne peut être que constatée." Jérôme Salomon, directeur général de la santé, et Katia Julienne, directrice de l'offre de soins, ont été auditionnés, jeudi 23 avril, par la mission d'information parlementaire sur la pandémie de coronavirus. Franceinfo détaille ce qu'il faut retenir de leur audition.

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Un objectif de 700 000 tests par semaine

Le directeur général de la santé souhaite que la France soit en capacité de réaliser 700 000 tests virologiques par semaine, à partir du 11 mai. Il s'agit des tests PCR, réalisés à partir de prélèvements dans le nasopharynx. Pour l'instant, "nous en sommes à plus de 165 000 tests par semaine" a estimé Jérôme Salomon, estimant que la France n'était plus "pas très loin de la capacité de détection des Allemands, qui en sont à 300 000", a-t-il souligné.

L'exécutif souhaite pouvoir tester les personnes présentant des symptômes et celles ayant été en contact avec un malade du Covid-19, à partir du déconfinement. Quelques jours avant l'audition de Jérôme Salomon, le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait fixé un objectif de 500 000 tests par semaine.

Le masque grand public, une "mesure complémentaire"

Jérôme Salomon a été interrogé à plusieurs reprises sur le port de masques dits "grand public" par la population et sur les différents discours des autorités sanitaires françaises. "Ce masque grand public peut avoir un intérêt dans des situations inévitables de promiscuité", a-t-il expliqué. "On est dans une situation de transmission par gouttelettes et le port de masque peut être un moyen de protection supplémentaire", a-t-il ajouté, avant de préciser : "Le masque est une mesure complémentaire, ce n'est pas 'le masque ou le reste'."

Quant au changement de discours des autorités, Jérôme Salomon s'est contenté de répondre que les scientifiques n'étaient pas toujours d'accord et que des débats étaient toujours en cours. Il a toutefois rappelé qu'"il y a depuis très longtemps en France une recommandation, qui est partagée par tous les professionnels, qui est le port du masque anti-projections pour toutes les personnes malades atteintes de pathologies respiratoires" et "les personnes à haut risque", comme celles sortant de chimiothérapie.

"Il n'y a jamais eu de recommandation nationale sur le port généralisé du masque pour le grand public, je n'ai retrouvé aucune trace en France de ce type de recommandation, a-t-il ajouté. Il n'y a par ailleurs "pas d'expérience de port du masque grand public en France."

Les mesures barrières en vigueur "peut-être pour longtemps"

Alors que l'exécutif tente d'établir un plan de déconfinement, le directeur général de la santé a lancé cet avertissement : "Il n'y aura pas de déconfinement si le confinement n'est pas réussi." 

"Notre vie, à partir du 11 mai, ne sera pas exactement la vie d'avant le confinement", avait déjà déclaré Edouard Philippe lors d'une conférence de presse, le 19 avril. Une idée confirmée par le directeur général de la santé. "Les mesures barrières et de distanciation physique et sociale seront toujours d'actualité au mois de mai et sans doute au mois de juin et cet été et peut-être pour longtemps", a prévenu Jérôme Salomon.

Alors que le gouvernement est favorable, dans un premier temps, à une limitation des déplacements entre les régions et que des élus plaident pour un déconfinement "régionalisé", Jérôme Salomon confirme la position de l'exécutif. Pour le directeur général de la santé. "Ce qu'il faudra éviter, ce sont les transports inter-régionaux et les échanges de populations entre des zones massivement touchées et des zones peu touchées." Ces échanges risqueraient de "réactiver la circulation du virus".

La France est "très loin" de l'immunité collective

Nous sommes "très loin" de l'immunité collective, qui suppose que 60 à 70% de la population aient été infectés et possèdent des anticorps efficaces, a insisté Jérôme Salomon. "L'objectif de la France n'est pas de parvenir à une immunité collective", a-t-il exposé. Selon lui, l'objectif est de ralentir, voire d'arrêter, la circulation du virus afin de "gagner du temps" jusqu'à la mise au point d'un vaccin ou d'un traitement. "Il n'est pas question que nous acceptions des morts en grand nombre", a-t-il ajouté.

Pour l'instant, selon les estimations entre 5% et 6% de la population française sera infectée par le nouveau coronavirus à l'horizon du 11 mai.

La France se prépare à une deuxième vague

Les spécialistes ont averti très tôt sur le risque de voir survenir une "deuxième vague". "Le risque de reprise épidémique existe. Il faut nous y préparer", confirme Jérôme Salomon.

Il a rappelé que des pays asiatiques, comme la Chine et Singapour, faisaient déjà face à ce retour d'épidémie.

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