Coronavirus : "Je trouve dégueulasse que des gens continuent de braver le confinement", témoigne un ancien malade
Stéphane Attal, qui a perdu son meilleur ami dans l'épidémie du Covid-19 et qui a lui même été hospitalisé, estime qu'il y a "de la timidité dans les prises de décisions" des autorités pour faire respecter le confinement.
Le confinement imposé pour lutter contre la propagation du coronavirus n'est pas toujours respecté de manière scrupuleuse. À Paris comme ailleurs, des Français continuent de se promener sans raison prévue par les dérogations. "Quand j'ai appris ça de mon lit d'hôpital, j'ai été très en colère. Ca me rend triste en fait", a réagi, mardi 7 avril, sur franceinfo, Stéphane Attal. Cet expert en communication, âgé de 58 ans, est tombé malade début mars et a dû être hospitalisé de longues semaines, dont quelques jours en réanimation. Son meilleur ami, également contaminé par le covid-19, en est mort.
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"Quand on passe comme moi 22 jours à l'hôpital, six jours en réanimation, franchement, je trouve ça dégueulasse", lance Stéphane Attal. Il reconnaît que "personne n'est à l'abri à la fois d'un excès d'orgueil", s'étant lui-même "moqué" de sa compagne qui portait un masque. Il en appelle à plus de fermeté des autorités car il trouve qu'il y a "de la timidité dans les prises de décisions".
franceinfo : Comment réagissez-vous en voyant des habitants à Paris et ailleurs ne pas respecter le confinement ?
Stéphane Attal : J'ai débord été en colère quand j'ai appris ça de mon lit d'hôpital, très en colère. Et maintenant que je suis rentré chez moi, ça me rend triste en fait. Ça me rend triste parce que ces gens-là, soit ce sont des bravaches qui trouvent un intérêt à ne pas respecter les règles pour pouvoir se rendre originaux, et c'est très grave, soit ce sont des imbéciles, soit cela veut dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Je peux vous dire que, quand on passe comme moi 22 jours à l'hôpital, six jours en réanimation, qu'on voit les risques que prennent les personnels soignants, franchement, je trouve ça dégueulasse. Que des gens soient encore en train de braver les règles de confinement, qui aujourd'hui est la seule méthode reconnue pour pouvoir empêcher de propager le virus !
Est-ce qu'il y a, selon vous, une difficulté à prendre le virus au sérieux ou un sentiment chez les gens d'être intouchables, de ne pas être concerné ?
Oui, mais vous savez, moi, je suis tombé malade le 2 mars. Le 1er mars, je me moquais de ma compagne qui portait un masque. Personne n'est à l'abri à la fois d'un excès d'orgueil et à la fois de prendre le virus et de se faire cogner comme je me suis fait cogner : un mort et une réanimation en trois jours. Je suis tombé malade le 2 mars, mon ami est mort le 6. J'ai été placé en réanimation le 9 et le cauchemar a duré jusqu'au 26 mars. Je ne me suis même pas rendu compte, pour tout vous dire. Je pensais que j'étais resté à l'hôpital une semaine. Vous comprenez bien que les gens qui vont faire du jogging aujourd'hui, ils me font plutôt pleurer qu'autre chose.
Sortir faire un footing, faire ses courses, font partie des raisons qui permettent de sortir avec une attestation. Est ce qu'il y a, selon vous, un manque de fermeté dans le discours des autorités ?
Je ne sais pas si c'est un manque de fermeté, mais c'est un excès de timidité, selon moi. Regardez les autres pays. Moi, je suis rentré depuis 12 jours chez moi et je suis confiné seul et convalescent. Je regarde toutes les télés du monde entier. Un pays comme Israël, par exemple, a déclaré un couvre-feu complet. Les gens ne peuvent pas sortir de chez eux alors que c'est la semaine la plus importante dans cette région du monde. A un moment donné, peut-être qu'il faut aller plus loin, oui, en effet.
Mais de toute façon, je pense que personne ne prend au sérieux la date du 15 avril comme sortie du confinement. C'est une sorte de façon d'habituer les gens. Mais si on leur avait dit, vous êtes confinés jusqu'au 15 mai, si c'est la date, et bien peut être qu'ils auraient pris ça au sérieux le 15 mars, c'est à dire deux mois avant. Mais là, les habituer à petits pas, je ne sais pas si c'est un manque de fermeté, mais en tout cas, moi, j'appelle ça de la timidité dans les prises de décisions.
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