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Coronavirus : la CGT souhaite que les salariés du secteur industriel puissent exercer un droit de retrait

Philippe Martinez estime, pour protéger les salariés, qu'il faut fermer les entreprises qui ne sont pas indispensables pour surmonter cette crise sanitaire.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Philippe Martinez était l'invité de franceinfo mardi 24 décembre.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, explique ce mercredi sur franceinfo souhaiter que les salariés du secteur industriel puissent exercer un droit de retrait et ne pas travailler si leur protection n’est pas assurée, face à l’épidémie de coronavirus. Par ailleurs, Philippe Martinez demande à Bruno Le Maire de clarifier les entreprises qui sont ou non "indispensables".

 Franceinfo : Des milliers de salariés continuent de travailler depuis mardi malgré le confinement, pour assurer une continuité d'activité indispensable dans de nombreux secteurs. La protection de ces salariés n'est manifestement pas totalement assurée. Est-ce que vous déplorez ?

Philippe Martinez : Je veux d'abord saluer tous ces salariés, je pense aux hospitaliers, mais aussi à l'ensemble des services publics, aux entreprises publiques, comme EDF, ou la SNCF, ou la RATP qui font le travail. Mais en même temps se pose vraiment la question de la protection de ces salariés. De ceux-là et de tous les secteurs - et c'est un point de divergence avec le gouvernement - du secteur industriel à qui on demande d'aller au travail et qui va donc au travail sur des sites industriels qui ne sont pas liés directement à la crise sanitaire et en même temps qui ne bénéficient pas de protections. Et donc oui, on a demandé au gouvernement rapidement de faire la liste des entreprises qui ne sont pas indispensables.

Vous faites allusion à la phrase de Bruno Le Maire, qui a appelé les salariés dont l'activité est indispensable au fonctionnement du pays, à se rendre sur leur lieu de travail.

C'est toute l'ambiguïté entre rester chez soi et aller au travail et je connais certains secteurs industriels, je pense par exemple aux Chantiers de l'Atlantique, où les salariés ont protesté parce qu'il y a beaucoup de salariés qui sont dans des lieux de travail exigus, avec des travailleurs qui viennent d'autres pays et des équipages et qui n'ont pas de protection et qui considèrent que leur activité n'est pas indispensable à la bonne santé ou en tout cas, au confinement réclamé par le gouvernement. Et ça, ça pose un grave problème. Nous avons demandé à la ministre du Travail de favoriser les comités d'entreprise extraordinaires pour décider avec les entreprises de fermer celles qui ne sont pas indispensables.

En cas de refus des entreprises, les salariés doivent pouvoir exercer leur droit de retrait tant que tout n'est pas assuré pour leur protection. Je pense au commerce également. Car il y a un manque de masques de protection

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

sur franceinfo

On nous dit que les solutions hydroalcooliques vont arriver, mais il n'y en a pas partout pour que ceux-là s'assurent de leur protection. Les autres salariés dans des secteurs qui n'ont pas de lien direct avec soit l'approvisionnement, soit le commerce, soit les services publics et hospitaliers, nous, nous leur disons : il n'y a pas besoin de travailler. Il n'y a pas besoin de travailler.

Bruno Le Maire a dit que la France proposerait dans les prochains mois l'un des dispositifs les plus généreux d'Europe pour le chômage partiel. C'est le cas, vous y croyez ?

Bruno Le Maire joue sur les mots. Nous avons déjà un système d'indemnités du chômage partiel qui est un des meilleurs d'Europe. Nous, ce que nous demandons, c'est qu’à circonstances exceptionnelles - et nous sommes bien dans une crise très grave - les salariés ne soient pas pénalisés. Donc il faut trouver des moyens qui font que les salariés soient indemnisés à 100% et non à 84% comme c'est le cas aujourd'hui.

Et je pense qu'on pourrait mettre à contribution, par exemple, des assurances privées comme on le fait en cas de catastrophe naturelle. Même si aujourd'hui, cette catastrophe est différente. Mais on pourrait les mettre à contribution pour que les salariés ne perdent pas d'argent parce qu’on sait bien que les fins de mois sont difficiles avec des paies complètes et donc avec des paies amputées, ça va être encore pire. Et là, il y a besoin, contrairement à ce que dit Bruno Le Maire, de faire un effort et non pas de dire nous allons avoir le meilleur système en Europe, il est déjà un des meilleurs, il faut un plus.

De manière générale, avez-vous peur que les salariés, les travailleurs paient le prix très cher de cette crise ?

Ils le paient déjà avec leur santé.

Rien ne justifie que dans le Grand-Est, une région qui est déjà lourdement frappée par le coronavirus, des salariés continuent à travailler dans des activités industrielles.

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

sur franceinfo

Et puis il y a, avec le projet de loi qui va être présenté demain, des remises en cause sur le droit du travail, avec généralisation pour certains du travail du dimanche, moins de repos entre les séances de travail. Et comme on ne connaît pas, d'ailleurs, les entreprises les plus impliquées, en tout cas on ne fait pas la différence entre les entreprises les plus impliquées dans cette crise, alors on va avoir une généralisation de dérogations au Code du travail qui va poser en plus des risques de contamination sur la santé des travailleurs et des travailleuses.

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