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Coronavirus : la crise sanitaire s'aggrave en Thaïlande

L'apparition de nouveaux cas de coronavirus a conduit le gouvernement à prendre un nouveau train de mesures.

Article rédigé par franceinfo - Lionel Deconinck
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Publié
Temps de lecture : 4min
Des brigades désinfectent les allées du marché Chatuchak à Bangkok, le 23 mars 2020 (MLADEN ANTONOV / AFP)

Si l’épidémie de coronavirus semble se stabiliser dans la plupart des pays d’Asie du Sud-Est, la Thaïlande s’est réveillée mardi 24 mars avec 122 nouveaux cas. En une semaine, des dizaines de nouveaux cas de contamination sont apparus. La Thaïlande déplore ainsi aujourdhui 827 cas de coronavirus, contre 115 cas le 15 mars dernier ! Le pays du sourire est encore loin des chiffres français, mais les responsables thaïlandais de la santé craignent une nouvelle flambée de l’épidémie dans les semaines à venir.

"Nous aimerions que vous restiez à la maison. Ne voyagez pas dans le pays", demandait la semaine dernière le porte-parole du ministère de la santé, dans l’espoir d’éviter une propagation au reste du pays, d’un virus jusqu’à présent circonscrit dans la capitale de 10 millions d’habitants, Bangkok.

Un exode rural massif

Peine perdue. L’annonce de la fermeture, dimanche 22 mars, de tous les commerces non-essentiels de la capitale (centres commerciaux, bars, entreprises, restaurants, salons de massages) a précipité sur les routes des dizaines de milliers de travailleurs. Désormais sans emploi et incapables d’assumer leur survie dans la capitale, des milliers de Thaïlandais se sont rués tôt dimanche matin, faisant fi des distances de sécurité d'un mètre, vers la gare routière de MoChit, espérant attraper le bus qui les ramènera dans leur province. Là-bas, espèrent-ils, la structure familiale leur permettra de survivre, le temps que la crise sanitaire soit enrayée et que restaurants, bars et petits commerces rouvrent. Pourtant, de retour dans leur province, il va être difficile de cloîtrer chez eux ces travailleurs, pour la plupart âgés de moins de 35 ans.

Tous les établissements d'enseignement publics et privés sont fermés, jusqu'à nouvel ordre, et les vacances de Songkran – le Nouvel An Thaïlandais à la mi-avril – ont été annulées. Dans les différentes provinces, la fermeture des bars, salles de karaoké, cinémas, salons de massage et centres sportifs est laissée à l’appréciation des gouverneurs locaux.

Un pays bouclé

Si la Thaïlande n’a pas encore officiellement fermé ses frontières, le gouvernement a imposé de telles conditions pour les voyageurs venant de zones contaminées, principalement d'Europe et des Etats-Unis, que le pays est quasiment bouclé. Pour entrer sur le territoire, les Français, par exemple, doivent fournir un document délivré au plus tard trois jours avant l'embarquement certifiant qu’ils n’ont pas été exposés au Covid-19, et doivent prouver qu'ils bénéficient d'une assurance-maladie qui couvre les frais médicaux à hauteur de 95.000 euros minimum !

Les autorités thaïlandaises ont annoncé refuser l’entrée à tous ceux qui ne satisfont pas à ces exigences. Les voyageurs arrivant de six pays désignés par le gouvernement comme zones infectées par la maladie : la Chine, Hongkong, Macao, la Corée du Sud, l'Iran et l'Italie sont eux, soumis à un suivi médical obligatoire pendant 14 jours, via une application qu’ils doivent télécharger sur leur smartphone et qui suit leurs mouvements.

Désormais, les rues de Bangkok, de Pattaya ou de Koh Samui, privées des hordes de touristes venus du monde entier, ont sombré dans la pénombre et dans l’angoisse de lendemains difficiles. Le pays entier retient son souffle. Selon tous les analystes, les recettes du tourisme qui représentent environ 13 à 14 % du PIB en Thaïlande, devraient s’effondrer, enfonçant le pays dans la crise et des millions de travailleurs dans la précarité. Bien décidé à agir vite pour tenter de contenir cette nouvelle flambée de cas et remettre le pays en marche, le gouvernement se prépare déjà à la prochaine étape : l'état d'urgence et l'instauration d'un couvre-feu dès jeudi.

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