Coronavirus : le préfet de police de Paris "regrette" avoir déclaré que les patients en réanimation n'ont "pas respecté le confinement"
Le préfet de police de Paris a affirmé qu'il existait une "corrélation très simple" entre le non respect du confinement et l'admission à l'hôpital, ce matin. Ce qui a provoqué l'indignation d'une partie de la classe politique ainsi que de médecins, et un recadrage du ministère de l'Intérieur.
La déclaration n'est pas passée. Le préfet de police de Paris a fait le lien entre le non-respect du confinement et l'état grave de malades atteints du Covid-19, vendredi 3 avril dans la matinée. "Pas besoin d'être sanctionné pour comprendre que ceux qui sont aujourd'hui hospitalisés, qu'on trouve dans les réanimations, sont ceux qui au début du confinement ne l'ont pas respecté. Il y a une corrélation très simple", a affirmé Didier Lallement, lors d'une opération de police à la porte d'Orléans pour empêcher les départs en vacances de printemps.
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— Lionel Top (@lioneltop) April 3, 2020
Cette "corrélation très simple" est pourtant loin d'être évidente, selon plusieurs médecins et scientifiques interrogés par Le Parisien. "Les modes de contamination sont suffisamment variés et complexes pour qu'on ne puisse pas dire cela, estime notamment Stéphane Gayet, infectiologue et hygiéniste au CHRU de Strasbourg. Pour l'affirmer, il faudrait, a minima, une enquête. Là, c'est dur à entendre car cela ne repose que sur des probabilités." "Ce propos du préfet de police est inexact", reconnaît l'entourage du ministre de l'Intérieur, contacté par Le Parisien.
"Son intention n'était pas d'établir un lien direct", affirme la préfecture
Les propos de Didier Lallement ont rapidement créé un tollé. "Comment peut-il culpabiliser tous les malades ? Et les centaines de milliers de salariés qui continuent à bosser et qui se font contaminer, on leur dit que c’est de leur faute ?" s'est agacé Olivier Faure, premier secrétaire du PS, sur Twitter. Le député Matthieu Orphelin a, lui, dénoncé une déclaration "lamentable et grave". "Traiter des malades qui sont en danger de mort de délinquants, c'est un scandale", a estimé sur BFM TV le professeur Frédéric Adnet, du Samu de Seine-Saint-Denis, appelant le préfet à la démission "au nom de tous les soignants et de tous les malades".
Face à la polémique, Didier Lallement a dit "regretter" ses propos, dans un communiqué publié vendredi midi. "Son intention n'était pas d'établir un lien direct entre le non-respect des consignes sanitaires et la présence de malades en réanimation, poursuit le texte de la préfecture de police de Paris. Il s'agissait de rappeler la nécessité d'une stricte application du confinement dans cette période, pour la protection de la santé de chacun."
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