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Coronavirus : "On n'en veut à personne si ce n'est au virus", à La Balme-de-Sillingy, le confinement dure depuis plus d'un mois

Dans ce village de 5 000 habitants, en Haute-Savoie, le confinement a commencé début mars, après que le virus a été importé d'Italie.

Article rédigé par franceinfo, Benjamin Mathieu
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Depuis le 2 mars, la commune de La Balme-de-Sillingy (Haute-Savoie) et ses 5 000 habitants sont sous clôche, confinés avant tout le monde.  (MAXIME PETIT / AFP)

Ils ont deux semaines d'avance sur toute la France. À La Balme-de-Sillingy, commune de 5 000 habitants en Haute-Savoie, sur les hauteurs d'Annecy, les habitants sont confinés depuis début mars, depuis presque six semaines. Mi- février, un habitant a ramené avec lui d'Italie le coronavirus Covid-19, contaminant indirectement une cinquantaine de personnes et créant ainsi l'un des premiers clusters français.

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Devant la pharmacie de La Balme-de-Sillingy, dans la rue principale, une retraitée semble pressée : "Je suis d'ici mais je ne [les] fréquente pas. Je vais juste à la pharmacie, c'est tout, parce que j'ai peur. J'ai besoin de faire une prise de sang et j'ai peur d'aller au laboratoire." Depuis le 2 mars la commune est sous clôche, confinée avant tout le monde, entraînant l'inquiétude compréhensible des 5 000 habitants face à la cinquantaine de personnes infectées, mais aussi des réactions beaucoup moins nobles.

18 morts à l'Ehpad voisin

"On a vu qu'une agence bien connue de banque qui interdisait l'entrée aux Balméens. Je trouve ça vraiment scandaleux, s'insurge François Daviet, le maire. Je ne peux pas citer l'agence, c'est bien dommage." Un petit côté pestiféré, qui a, petit à petit, disparu avec l'évolution positive, la commune ne compte aucun mort."J'ai eu quatre jours difficiles, vraiment difficiles" raconte François Daviet, lui même infecté. L'édile estime que le pire est derrière lui : "On était à quarante personnes contaminées. Aujourd'hui, à ma connaissance, on est à un ou deux. Hier les deux qui ont fait des tests étaient négatifs. C'est quelque chose de... positif"

La situation est, par contre, beaucoup plus tragique à l'Ephad, situé dans la commune voisine, à un kilomètre. Le virus y a été introduit par une visite. "On ne sait plus quoi faire aujourd'hui, si ce n'est nettoyer, désinfecter, se désespère Éric Lacoudre, le directeur du bosquet de la Mandallaz, le 2 mars on fermait l'établissement aux visites, ce qui était bien avant les consignes gouvernementales. Pourtant, malheureusement, on déplore aujourd'hui, - le bilan s'est encore alourdi - 18 victimes sur nos 81 résidents d'origine, ce qui est une véritable catastrophe."

Aucune rancoeur contre le vacancier

Pas question pour autant d'en vouloir à cet habitant revenant d'Italie qui ne se savait pas porteur de la maladie : "On regrette, bien-sûr, le fait que si on avait été, comme pleins d'Ehpad, en France dans un endroit préservé on ne serait pas confrontés à cette difficulté, concède Éric Lacoudre. On n'en veut à personne, si ce n'est à ce virus que l'on essaie de combattre." Les résidents profitent encore de quelques balades au soleil avec le personnel mais souffrent de l'absence de leurs proches. Ils n'ont pas pu recevoir de visites depuis six longues semaines.

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