Covid-19 : ce qu'il faut retenir des deux études qui confirment des atteintes cognitives jusqu'à un an après l’infection

Article rédigé par franceinfo
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Une étude, publiée dans la revue "Nature Medicine" le 23 septembre 2024, a analysé les échantillons de sang de patients atteints du Covid (photo d'illustration). (SHERRY YATES YOUNG / SCIENCE PHOTO / SYO / AFP)
Des chercheurs confirment que la maladie peut avoir des conséquences prolongées sur les capacités cognitives, notamment pour des personnes d'un certain âge ayant subi une forme sévère.

Y a-t-il un lien entre une infection au Covid-19 et des problèmes cognitifs persistants ? C'est à cette question que des chercheurs ont tenté de répondre dans deux études récentes, relève Le Monde, vendredi 4 octobre. Elles ont analysé les déficits cognitifs, un an après l'infection, chez des patients jeunes, pour l'une, et chez des patients plus âgés, pour l'autre.

"Depuis un certain temps, nous savons qu'après une hospitalisation due au Covid-19, de nombreux patients se sont plaints de symptômes cognitifs, souvent appelés 'brouillard cérébral'. Mais ce qui est moins clair, c'est de savoir s'il existe des déficiences cognitives mesurables chez ces patients, et s'il y en a, si les patients récupèrent après un temps", expose sur YouTube l'un des auteurs, Benedict Michael, professeur de neurosciences à l'université de Liverpool. Franceinfo résume ce qu'on peut retenir de ces deux études. 

Une étude réalisée sur des jeunes, l'autre sur des patients plus âgés

Une première étude, publiée dans la revue scientifique Nature Medicine le 23 septembre, a été réalisée au Royaume-Uni. Elle a suivi 351 patients âgés de 54 ans en moyenne, précise Le Monde, un an après leur hospitalisation pour une forme sévère du Covid, en les comparant à 2 927 personnes dites "témoins". "Nous avons testé leurs capacités cognitives, prélevé des échantillons de sang et effectué des scanners cérébraux", explique sur X Greta Wood, chargée de recherche à l'université de Liverpool et principale autrice de l'étude. 

La seconde étude, publiée par une équipe de chercheurs londoniens dans The Lancet au début du mois d'octobre, s'est, elle, concentrée sur "34 volontaires" âgés de 18 à 30 ans à qui les chercheurs ont injecté il y un an une dose de SARS-CoV-2. Dix-huit d'entre eux ont ensuite développé une infection, "un sans symptômes et les autres avec une maladie légère", précise l'étude, donc sans Covid long. "Les volontaires ont effectué des mesures physiologiques quotidiennes et des tâches cognitives informatisées" afin d'"examiner les différences entre les individus 'infectés' et ceux 'inoculés, mais non infectés'". Des tâches pour évaluer notamment leur temps de réaction, leur niveau de mémoire ou encore d'attention et de distraction. 

Un vieillissement du cerveau de vingt ans

L'étude sur des patients seniors publiée dans Nature Medicine conclut qu'"un an après le Covid-19, les déficits cognitifs mesurés étaient équivalents à un vieillissement de 20 ans" du cerveau, expose l'autrice Greta Wood dans sa vidéo publiée sur X. Une personne âgée de 50 ans a ainsi démontré des capacités cognitives correspondant à celles "d'une personne dans les 70 ans", complète Benedict Michael. 

L'équipe de chercheurs britanniques a également détecté, dans les échantillons de sang, la présence "anormalement élevée" de marqueurs de lésions cérébrales, synonyme "d'un problème en cours". Enfin, les scanners cérébraux ont révélé une "réduction du volume de matière grise" dans le cortex cingulaire antérieur, une région "qui joue sur la cognition, l'attention et l'émotion", détaille Greta Wood. Le suivi a toutefois "démontré une tendance à la récupération" chez 106 patients, complète l'étude de Nature Medicine.

Chez les plus jeunes, des capacités légèrement réduites

Selon la seconde étude sur des patients jeunes, publiée dans The Lancet, "les volontaires infectés ont montré des scores aux tests cognitifs (...) statistiquement inférieurs à ceux des volontaires non infectés". Dans les tâches qui leur étaient demandées, "la diminution de la précision de la mémoire et de la fonction exécutive sont les principaux facteurs contribuant à la diminution des scores après une infection", écrivent les auteurs, qui précisent toutefois que les troubles observés sont légers.

Les fonctions exécutives correspondent aux "processus mentaux que nous mettons en œuvre lors d'une situation nouvelle (pour trouver la solution à un jeu, résoudre un exercice de maths, savoir comment se comporter face à un nouveau collègue...)", explique Le Monde. Des symptômes que les patients n'ont pas eux-mêmes détectés.

Les mécanismes en jeu encore incertains

Si cela confirme de précédentes études sur les conséquences sur le cerveau d'une infection au Covid – comme celle de l'Inserm il y a un an ou celle publiée dans Nature en mars 2022 –, les causes de ces atteintes aux capacités cognitives restent "floues", écrivent les chercheurs dans The Lancet. "Quelle est la prochaine étape ? Nous devons mieux comprendre les mécanismes en jeu", expose donc Greta Wood. Dans son article, Le Monde mentionne ainsi de nombreuses hypothèses : "inflammation cérébrale prolongée, destruction ou blocage des microvaisseaux, persistance virale à très bas bruit dans l'encéphale, processus auto-immun".

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