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Covid-19 : épargné jusqu'ici, l'Antarctique connaît son premier foyer de contamination

36 personnes ont été testées positives sur une base militaire chilienne, suscitant tristesse et inquiétude chez leurs confrères français. Sans matériel de réanimation, la station franco-italienne Concordia n'est pas équipée pour gérer d'éventuels cas graves.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La station de recherche franco-italienne Concordia en Antractique, en 2013. (FRANCOIS LEPAGE / HANS LUCAS)

Sur la planète, c’était le dernier continent à être préservé du Covid-19. Et pour cause : l’Antarctique est un endroit hostile dans lequel seuls les scientifiques prennent pied. Mais tel n’est plus le cas. Un foyer de contamination a été détecté sur une base militaire chilienne : 36 personnes ont testée positives. Pour les chercheurs qui travaillent sur le continent blanc, c’est une très mauvaise nouvelle. La France, qui exploite deux bases, avait pourtant soumis ses équipes à un protocole extrêmement strict.

Garder l'Antarctique "Covid-free"

Un continent de glace et un soleil permanent. Voilà le paysage que contemple chaque jour Armand Patoir, le responsable technique de la station Concordia pour l’institut polaire Paul-Emile Victor. Quand il sort, il ressent une température de moins 30 à moins 40 degrés. Et savoir que les premiers cas de Covid ont été détectés en Antarctique, c’est une triste nouvelle : "Quand on a préparé la campagne, c'est-à-dire depuis mars 2020, on avait comme consigne et on avait à coeur de garder le continent antarctique 'Covid-free' [sans Covid], c'était vraiment le mot d'ordre. C'est le continent dédié à la recherche où il n'y a pas de vie à proprement parler, pas d'habitants."

"Il n'y a que des gens qui viennent en mission en Antarctique et de voir qu'il n'a pas été épargné par cette pandémie, c'est hyper triste."

Armand Patoir, responsable technique à la station Concordia

à franceinfo

Pour tenter de préserver l’Antarctique du Covid-19, un comité international a établi un protocole. Les Français ont sensiblement réduit leurs effectifs et concentré leurs rotations. Les scientifiques ont suivi une quarantaine quasiment militaire en Tasmanie. "Pendant quatorze jours on n'a vu personne. On n'a eu de contact avec strictement personne. Les plateaux repas étaient déposés devant nos portes, etc. C'est l'exemple le plus flagrant de ce que l'on a mis en place pour arriver à 0% de risques d'emmener le virus en Antarctique".

Pas d'équipement pour les cas graves

La station Concordia est extrêmement isolée. C’est la seule base implantée à l’intérieur même du continent antarctique. Elle n’est pas calibrée pour traiter des cas grave de Covid-19. "Le danger ce n'était pas les formes bénignes du Covid bien évidemment, mais la dégradation en forme grave qui survient généralement assez vite, au bout de deux, trois jours, explique Christine David-Beausire, directrice adjointe de l’institut polaire qui gère la base avec les Italiens. Quelqu'un peut basculer dans une forme grave et on n'est pas équipés pour prendre en charge. On n'a pas de service de réanimation par exemple sur les stations."

L’équipe sur place est arrivée il y a maintenant un mois. Un premier groupe va rentrer en France d’ici fin janvier. Mais il n’est pas envisageable de fermer une base polaire. Les dégâts seraient irréversibles.

L'Antarctique touché à son tour par le Covid-19 : reportage d'Etienne Monin

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