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Covid-19 : "Je ne connais pas de mesure autre que le confinement pour réduire les contaminations" en Île-de-France, affirme le professeur Djillali Annane

"Il faut réduire le nombre de contaminations quotidiennes, donc le confinement reste la seule mesure efficace", estime le chef du service de réanimation à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches.

Article rédigé par franceinfo
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Le transfert d'un patient atteint de Covid-19 par hélicoptère, le 14 mars 2021. (LOIC VENANCE / AFP)

"Je ne connais pas de mesures, autre que le confinement, qui permettent de réduire de façon drastique le nombre de contaminations quotidiennes", a indiqué mardi 16 mars sur franceinfo le docteur Djillali Annane, chef du service de réanimation à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), à propos de la situation de l'épidémie de Covid-19 en Île-de-France"Le moment est venu pour envisager des dispositions pour la région francilienne", a averti le Premier ministre sur BFMTV mardi soir. "Reconfiner le week-end, c'est une hypothèse", a-t-il précisé, comme c'est déjà le cas dans les agglomérations de Nice, Dunkerque et dans le Pas-de-Calais. La décision reviendra au chef de l'Etat mercredi, en Conseil de défense, un an jour pour jour après le premier confinement.

franceinfo : Quand le Premier ministre déclare que "le moment est venu" pour envisager des dispositions pour la région parisienne, vous souscrivez ?

Djillali Annane : Oui, mieux vaut tard que jamais. Cela fait maintenant plusieurs semaines qu'on le réclame. Encore une fois, on aurait pu éviter de se retrouver dans la situation dans laquelle on est aujourd'hui, si on avait pris des décisions qu'il fallait un peu plus tôt. Donc vaut mieux tard que jamais, c'est vraiment urgentissime. Il est essentiel de prendre aujourd'hui les bonnes décisions en Île-de-France, en particulier pour faire chuter le nombre de contaminations quotidiennes. C'est la seule mesure possible qui permettra de réduire la tension sur les services de réanimation et de préserver de très nombreuses vies.

Quelles seraient, selon vous, les bonnes décisions pour soulager vos services ?

Je ne connais pas de mesures, autre que le confinement, qui permettent de réduire de façon drastique le nombre de contaminations quotidiennes. Parce que la solution est bien celle-là. Il faut réduire le nombre de contaminations quotidiennes et donc le confinement reste la seule mesure efficace. On le voit depuis de nombreuses semaines. On a un couvre-feu dans certains territoires. Un confinement le week-end, ça ne suffit pas pour contrôler l'épidémie. Il faut donc en arriver rapidement à un confinement au minimum de la région Île-de-France. La quasi-totalité des services de réanimation en Île-de-France sont à saturation. On est à 104% de taux d'occupation des lits de réanimation de la région, principalement liés à la Covid-19, bien sûr, mais auxquels se rajoutent les patients non atteints de la Covid-19 et qu'il faut continuer de soigner. Donc, on est vraiment dans une situation critique. Dans mon service de réanimation, on est maintenant à 100% d'activité liée à la Covid-19 et 80% des patients sont atteints par le variant britannique.

En Île-de-France, c'est un confinement total qu'il faudrait ?

Absolument. Très, clairement, il faut une mesure radicale aujourd'hui, on ne peut plus se contenter de demi-mesures. Le temps presse. C'est chaque jour qu'on a environ 100 à 120 patients supplémentaires que l'on doit prendre en charge en réanimation alors que nous sommes déjà à saturation des lits. Donc la situation dans laquelle on se trouve est terrible.

Cette crise sanitaire a débuté il y a tout juste un an. Est-ce que vous êtes en train de retrouver des situations que vous avez connues il y a un an ?

Oui. Encore une fois, on se retrouve à nouveau dans une situation extrêmement critique en réanimation, comme il y a un an. Même s'il y a plein de différences, bien évidemment, on connaît beaucoup mieux la maladie, on la soigne beaucoup mieux. Mais il y a un an, on avait eu cette opportunité d'avoir de très nombreux renforts, justement parce qu'il y avait confinement. Il y avait eu une diminution drastique des autres pathologies que la Covid-19 et on a donc pu avoir énormément de renforts, ce qui nous a permis de franchir cette première vague. Aujourd'hui, malheureusement, on est dans une situation où on ne peut pas disposer de renforts supplémentaires et donc ça nous entrave dans nos capacités d'augmenter l'accueil des patients en réanimation et ça nous met dans une situation vraiment très pénible, presque plus pénible qu'il y a un an.

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