Covid-19 : le Medef s'inquiète des "gros effets perturbateurs" du télétravail
Alors que le gouvernement a annoncé lundi le recours "obligatoire" au télétravail à partir de la rentrée, Patrick Martin, président délégué du Medef, déplore mardi sur franceinfo des "problématiques opérationnelles" et des problèmes "d'ambiance".
"Trois jours de télétravail, c'est beaucoup pour un certain nombre d'activités", a réagi Patrick Martin, président délégué du Medef, mardi 28 décembre sur franceinfo, à propos du recours "obligatoire" au télétravail à partir de la rentrée "pour tous les salariés pour lesquels il est possible", comme l'a indiqué lundi le Premier ministre Jean Castex. Selon le Medef, le télétravail présente "de gros effets perturbateurs".
franceinfo : Trois jours de télétravail obligatoire par semaine, selon vous, est-ce une mesure "proportionnée" ?
Patrick Martin : Déjà, nous avons échappé au contrôle du pass sanitaire en entreprise, ce à quoi nous nous opposions farouchement, et attendons les décisions concernant le délai d'isolement des salariés cas contact. L'important c'est qu'il ne faut pas enrayer la dynamique économique, traduite en novembre par la baisse du chômage, et continuer d'assurer un service à l'ensemble de la population, que ce soit dans les transports, à l'hôpital ou dans le commerce. Le télétravail, ce n'est pas la panacée. On sait que beaucoup de salariés n'en veulent plus, que cela crée des fractures entre "cols blancs" et "cols bleus", cela pose des problématiques opérationnelles et cela peut surtout créer des problèmes d'ambiance en entreprise. Trois jours de télétravail, le cas échéant quatre, c'est beaucoup pour un certain nombre d'activités. Donc cela aura de gros effets perturbateurs. Mais nous sommes suspendus à l'actualité et aux décisions souveraines des autorités sanitaires. Cela durera trois semaines, c'est effectivement beaucoup mais si cela peut contribuer à enrayer la pandémie et faire diminuer le taux de tension à l'hôpital, cela aura été une période compliquée pour les entreprises mais nous nous en accommoderons.
La ministre du Travail mènera une concertation avec les partenaires sociaux et vous à ce sujet. Qu'en attendez-vous ?
Nous voulons que cette mesure soit clarifiée, notamment sur ce que l'on entend par "population éligible" qui serait soumise à cette imposition du télétravail. Les commerciaux itinérants y seront-ils soumis ? Il nous faut une approche empirique, pragmatique et peut-être des adaptations, d'un territoire à l'autre. Le télétravail est probablement efficace dans les grandes villes parce qu'il permet de limiter les déplacements en transports en communs mais c'est beaucoup moins vrai dans les petites villes et les zones rurales. Il faut trouver ensemble le bon équilibre entre sécurité sanitaire et dynamique économique.
Jean Castex a évoqué un allègement des périodes d'isolement était en réflexion. Cela vous soulage-t-il ?
Avoir des salariés cas contact isolés pendant 17 jours c'est forcément perturbant pour l'entreprise. Dans tous les métiers de service en particulier, comme l'hôtellerie-restauration, le commerce ou le transport. Mais également dans les métiers de service dits "intellectuels". N'oublions pas que cela affecte des métiers qui, de nouveau, en prennent plein la figure, comme l'évènementiel ou le spectacle. Tout ce qui pourra, sous contrôle des autorités sanitaires, conduire à réduire ce délai d'isolement sera du pain béni pour les entreprises et pour la bonne marche du pays.
Vous évoquiez les secteurs les plus touchés par ces mesures. Les bars, la restauration par exemple. Êtes-vous vigilant à ce que ces professionnels impactés soient suffisamment aidés ?
Dès le début du mois de décembre, le Premier ministre et le ministre de l'Économie et des Finances ont annoncé qu'ils réactivaient les dispositifs de soutien à ces secteurs. Nous serons très attentifs à ce que cela se concrétise. Il ne faut pas non plus négliger la dimension psychologique. Beaucoup de chefs d'entreprise ont le moral à zéro, c'est la douche écossaise pour eux. Dans le spectacle vivant par exemple, beaucoup se disent qu'ils vont arrêter ce métier parce que ce n'est plus possible. Donc soyons très attentifs à ces professionnels pour les aider matériellement et psychologiquement.
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