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Covid-19 : "Les trois semaines qui viennent sont capitales", estime un épidémiologiste

Selon Arnaud Fontanet, il faudrait passer sous la barre des 5 000 cas de contamination par jour pour passer un été plus tranquille.

Article rédigé par franceinfo
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L'épidémiologiste Arnaud Fontanet, invité de franceinfo, mardi 25 mai 2021. (FRANCEINFO)

Le professeur Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur, membre du Conseil Scientifique, explique, mardi 25 mai sur franceinfo, que la baisse des contaminations au Covid-19 observées ces derniers jours "est une dynamique très favorable" qu'il faudrait "conserver encore quelques semaines" pour avoir "plus de marge de manoeuvre" cet été. Selon lui, il faudrait descendre en dessous de 5 000 cas par jour pour passer un été plus tranquille, contre 12 000 actuellement.

franceinfo : Est-ce qu'on est en train, tout doucement, de reprendre le contrôle de l'épidémie ?

Arnaud Fontanet : C’est vrai que la baisse qui suit les mesures de restriction qui ont été prises fin mars début avril continue. On ne peut que s'en réjouir. Elle est prononcée.

C’est un peu comme en novembre dernier, quand on avait eu la deuxième vague et un confinement mis en place, on avait vu une amélioration se dessiner rapidement.

Arnaud Fontanet, épidémiologiste

à franceinfo

C’est une dynamique très favorable dans laquelle on se trouve et qu'il faudrait conserver encore quelques semaines parce que le plus bas on descendra, le mieux on sera positionné pour l'été qui arrive.

On est aujourd'hui à environ 12 000 cas par jour. En dessous de quel seuil peut-on dire que l'épidémie est maîtrisée ou qu'elle ne repartira pas cet été ?

On ne peut pas vraiment dire maîtrisée dans le contexte où on se trouve parce qu’il y a encore beaucoup d'incertitudes. Mais en dessous de 5 000 cas par jour, on se sent quand même beaucoup plus à l'aise pour faire face à des imprévus. C'est aussi le seuil à partir duquel on se rend compte que ce qu'on appelle le "tester, alerter, protéger", qui consiste à identifier les contacts que des cas auraient pu avoir et à les mettre en quarantaine est beaucoup plus facile. Quand vous avez un nombre plus limité de personnes pour la Caisse nationale d'assurance maladie qui fait ce travail, c'est évident que ce n'est pas la même chose quand ils ont 30 000 personnes à contacter par jour. Les dernières projections de l’Institut Pasteur sont nettement plus optimistes.

Vous vous basez sur quoi exactement ?

Elles s'appuient simplement sur la baisse continue qu'on observe. La première hypothèse qu’on prend, c’est le fait que le relâchement des comportements cet été serait du même niveau que celui qu'on a eu l'été dernier.

Les trois semaines qui viennent sont capitales.

Arnaud Fontanet

à franceinfo

Si on arrive à continuer la baisse qui est déjà entamée, on aura plus de marge de manoeuvre à l'été qui vient que si, malheureusement, les contaminations commençaient, je ne dis pas à repartir, mais à se stabiliser au niveau où elles se trouvent aujourd'hui. Donc, continuons sur cet effort, surtout qu'il ya des incertitudes. La campagne de vaccination va-t-elle continuer de marcher aussi bien qu'elle marche aujourd'hui? Que pourrait-il se passer avec des variants? On ne sait pas. On a bien vu que depuis janvier dernier, il y a régulièrement de nouveaux variants qui arrivent, sud-africains, brésiliens. Et maintenant, c'est le variant indien qui est arrivé en Grande-Bretagne qui pose question.

Quand pourra-t-on enlever le masque ?

Le problème de dire que les vaccinés peuvent retirer le masque, c’est qu'à ce moment-là, tout le monde le fera et qu'on ne saura jamais dans un groupe de personnes qui a été vacciné et qui n'a pas été vacciné. Or, si les non-vaccinés sont infectés, ils entrent dans une chaîne de transmission qui, à terme, pourrait toucher des gens vulnérables qui feraient des complications graves. Donc, cela sera quand on aura une circulation vraiment maîtrisée du virus et surtout un taux de couverture vaccinale plus élevé que celui que l'on connaît aujourd'hui. Quand on sera à 80% de la population adulte vaccinée, on sera déjà quand même beaucoup mieux. Mais ça veut dire qu'il y a en même temps un niveau de circulation très bas du virus. Vous devez avoir les deux conditions réunies pour pouvoir vous dire que c'est peut être effectivement le moment où l'on peut enlever le masque.

On peut aussi être optimiste pour l’automne ?

La grande différence avec l'été dernier, c'est qu'aujourd'hui, il y a le vaccin avec 60% de la population vaccinée, on l'espère, pendant l'été, soit 80% des adultes. On sera mieux positionnés. La seule incertitude, en revanche, c'est ces fameux variants. Le variant indien qui circulent au Royaume-Uni est plus transmissible encore que le variant anglais, qui était plus transmissible que le virus que l'on avait en 2020. Et puis, il y a la possible perte d'immunité avec le temps.

On ne sait pas combien de temps on garde son immunité après avoir été infecté ou vacciné.

Arnaud Fontanet

à franceinfo

Pour l'automne qui vient, une des réflexions qu'on aura, quand on aura mieux compris comment évolue les taux d'anticorps chez les personnes vaccinées, c’est est-ce qu'il faut faire appel à un booster, à une troisième dose, chez les personnes vulnérables, notamment à l'automne pour les préparer à l'hiver, où on sait que le coronavirus se remettra à circuler ?

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