Cet article date de plus de deux ans.

Covid-19 : "On se dirigera plus vers une dynamique proche de celle de la grippe que vers une dynamique endémique"

Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie, "imagine mal qu'un nouveau variant puisse être plus transmissible" qu'Omicron. Selon lui, on se "dirige plus vers une dynamique proche de celle de la grippe".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des autotests contre le Covid-19. (AURÉLIEN ACCART / RADIO FRANCE)

"On se dirigera plus vers une dynamique proche de celle de la grippe que vers une dynamique endémique dans la définition propre du terme", a expliqué ce mercredi sur franceinfo Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et en bio-statistique à l’Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique, à Rennes, alors que l'Agence européenne du médicament estime que nous devrions arriver à une sorte d'endémicité, c'est-à-dire une maladie avec laquelle nous allons apprendre à vivre.

franceinfo : Est-ce que l'on va arriver à un stade endémique et qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

Pascal Crépey : Cela signifie que l'on n'a plus ces phases épidémiques de croissance exponentielle avec cette dynamique qui fait que le nombre de nouveaux cas se multiplie de semaine en semaine. Qu'on a en continu un certain nombre de cas dans la population avec un nombre de reproduction autour de 1 et pas au-dessus comme c'est le cas aujourd'hui.

Est-ce vraiment envisageable ?

Tout est envisageable mais je crains que cela ne s'applique pas vraiment au coronavirus pour la simple et bonne raison qu'on a un effet saisonnier qui fait varier mécaniquement ce nombre de reproductions. Le virus se transmet moins facilement pendant la période de l'été que pendant la période d'hiver. Donc, on n'aura pas ce phénomène de stabilité avec un R autour de 1 toute l'année, on aura forcément une variation entre la période estivale et la période automne-hiver. Je pense qu'on se dirigera plus vers une dynamique proche de celle de la grippe que vers une dynamique endémique dans la définition propre du terme. On parlera de vague saisonnière. Avec Omicron, on atteint des niveaux de transmission tellement élevés qu'on imagine mal qu'un nouveau variant puisse être plus transmissible que ce variant et donc la seule voie d'évolution qui reste c'est la voie de l'échappement immunitaire. C'est ce que fait la grippe chaque année et c'est ce qui justifie les vaccinations annuelles contre la grippe. Il y a un glissement antigénique qui fait que notre système immunitaire ne reconnaît plus le virus qui circule et chaque année on doit se vacciner contre la grippe. Donc, on pourrait imaginer le même type de stratégie pour le coronavirus dans un avenir plus ou moins proche.

Quand pourrons-nous arrêter de faire des tests ?

Les tests ont deux objectifs. Ils permettent de suivre l'épidémie, de savoir où on en est et de savoir comment réagir ou pas. Il y a aussi l'objectif de prévenir les chaînes de transmission. Donc c'est vraiment un outil de santé publique, de contrôle de l'épidémie. Donc tant qu'on est en phase épidémique et dans cette vague, les tests sont un outil de lutte active. Quand on sera sorti de cette phase-là, on pourra lever le pied sur les tests et approcher l'éventuelle phase suivante à l'automne ou à l'hiver prochain avec une nouvelle stratégie.

L'Agence européenne du médicament et l'OMS estiment que l'injection de rappels de vaccin à répétition n'est pas une stratégie durable. Qu'en pensez-vous ?

C'est une stratégie adaptative à la situation épidémiologique du moment. La troisième dose de vaccin n'a pas été recommandée contre Omicron mais contre Delta parce qu'il était très transmissible et sévère. Les études montraient que la protection contre l'infection diminuait dans le temps. Donc il fallait, avec cette vague hivernale de Delta, s'assurer que la population et notamment les personnes les plus à risque soient les plus protégées possibles pour éviter un afflux hospitalier. La population doit s'adapter au contexte épidémiologique et il n'y a pas de raison de penser qu'il y ait besoin de vacciner tous les trois ou quatre mois. En revanche à l'hiver prochain, on pourrait de nouveau se poser la question.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.