Covid-19 : qui est Alain Fischer, le "monsieur vaccin" du gouvernement ?
Le professeur d'immunologie de 71 ans est chargé de conseiller le gouvernement dans sa stratégie vaccinale.
Le gouvernement a préféré un scientifique à un haut fonctionnaire à la tête du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale. Alors que le nom de Louis-Charles Viossat, énarque de 56 ans passé par l'industrie pharmaceutique, circulait depuis plusieurs jours dans les médias, c'est finalement une figure bien connue du milieu médical qui a été choisie. "J’ai demandé au professeur Alain Fischer de présider ce conseil d’orientation et je le remercie vivement d’avoir accepté", a déclaré Jean Castex, jeudi 3 décembre, lors d'une conférence de presse dédiée à la stratégie vaccinale pour faire face à l'épidémie de Covid-19.
A 71 ans, cet immunologue se retrouve à la tête de la nouvelle instance chargée de conseiller l'exécutif. Franceinfo vous en dit plus sur le "monsieur vaccin" du gouvernement
Un médecin pédiatre émérite
Déjà membre du comité scientifique sur les vaccins Covid-19, Alain Fischer présente un CV prestigieux : il a dirigé de 1996 à 2012 le service d’immunologie et hématologie pédiatriques à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris. Il a été titulaire entre 2013 et 2020 de la chaire de médecine expérimentale au Collège de France (où il est toujours professeur émérite). Il est également directeur de recherche à l'Inserm et dirige l'institut des maladies génétiques Imagine.
Spécialiste en génétique, immunologie et pédiatrie, Alain Fischer est membre depuis 2002 de l'Académie des sciences et depuis 2011 de celle de médecine. Il participé au cours de sa carrière à de nombreux conseils scientifiques et a été distingué par une vingtaine de distinctions, énumère le Collège de France. Le médecin a été fait officier de la Légion d'honneur en 2010.
Célèbre pour son travail sur les "enfants-bulles"
Alain Fischer est mondialement reconnu pour ses travaux sur les thérapies géniques pour les enfants nés avec un déficit immunitaire, dits "enfants-bulles". En 1999, il parvenait avec Marina Cavazzana-Calvo, Salima Hacein-Bey-Abina et leurs équipes à traiter "pour la première fois (...) des enfants atteints d’une maladie les privant de défenses immunitaires", rappelait l'Inserm en 2010. Onze ans plus tard, "sept enfants pris en charge en France (...) men[aient] une vie normale", se réjouissait l'institut.
Au cœur de cette belle histoire se trouve la thérapie génique, "un des traitements les plus avancés et révolutionnaires du XXIe siècle pour les maladies génétiques et réfractaires", estimait en 2015 un comité de scientifiques japonais, au moment de décerner à Alain Fischer le prestigieux Japon Prize.
Habitué à faire de la pédagogie sur les vaccins
Le professeur d'immunologie sait faire le pont entre le milieu scientifique et le grand public. Alain Fischer est en effet un habitué des médias et des comités d'orientation.
En 2016, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, avait déjà fait appel à lui pour présider le comité d'orientation d'une grande concertation citoyenne sur la vaccination, destinée à répondre à la "défiance" croissante d'une partie de la population. Les propositions de son rapport avaient notamment conduit le gouvernement à rendre obligatoires huit vaccins supplémentaires chez les jeunes enfants.
Claude Rambaud, vice-présidente de France Assos Santé, a travaillé à cette occasion au côté d'Alain Fischer. Dans les colonnes du Parisien (article pour les abonnés), elle décrit un homme "droit et réfléchi". "On a interrogé pendant des heures des sociologues, des anthropologues, des citoyens pour comprendre d'où venaient les verrous. Cela lui sera utile dans l'immense tâche à venir", ajoute-t-elle.
Un défenseur de la transparence
Alain Fischer est conscient des défis qui l'attendent. Dans un entretien accordé cette semaine au Figaro (article pour les abonnés), il a indiqué pour que la "phase de l’évaluation des vaccins [devait] être aussi rigoureuse que par le passé". Lors de la conférence de presse organisée par le gouvernement, le médecin a fait vœu de transparence : "Nous ne disposons que de communiqués de presse des industriels et nous attendons avec impatience des publications scientifiques."
Il a assuré vouloir travailler avec "les professionnels de santé, qui doivent être eux-mêmes convaincus par une communication transparente et complète sur l'analyse bénéfice-risque de ces vaccins", ainsi qu'avec "la société civile", rappelant que les Français devaient avoir confiance dans les autorités sanitaires pour que la campagne de vaccination soit un succès. "Cette confiance ne peut pas être une injonction verticale émanant des autorités de l'Etat", a-t-il averti.
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