Covid 19 : "Si on veut un hôpital public plus réactif, il faut investir de l'argent dedans", explique un infectiologue
Le docteur Alexandre Bleibtreu estime que face à l'épidémie de coronavirus en France, l'hôpital public "fait face dans la difficulté, avec un rythme très intense".
"Si on veut un hôpital public plus réactif, il faut investir de l'argent dedans", estime vendredi 6 mars sur franceinfo le docteur Alexandre Bleibtreu, médecin infectiologue au service de maladies infectieuses de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Selon lui, l'arrivée massive de malade dans les hôpitaux à cause du coronavirus Covid-19 peut montrer la fragilité du système de santé public français.
franceinfo : Cette crise peut-elle permettre aux Français de prendre conscience de la crise de l'hôpital public ?
Docteur Alexandre Bleibtreu : Que le grand public prenne conscience en direct que le système de santé hospitalier français public est en difficulté depuis des années ? Oui. Les choses sont un peu mises en exergue. Pour le moment, c'est notre mission et c'est notre engagement, nous faisons face. Mais, on ne nous a pas aidé pendant des années et donc, on pâtit de ce boulet qu'on porte qui est d'avoir voulu absolument rationaliser les coûts et diminuer le coût de l'hôpital public. Pour l'instant, les hommes et les femmes qui travaillent dans les hôpitaux publics font tout ce qu'ils peuvent et donnent sans compter. Peut-être que ça poussera les gens à comprendre que si on veut un hôpital public réactif, il faut investir de l'argent dedans.
Avez-vous anticipé une arrivée massive de malade dans vos équipes ?
Nous avons mis en place des réponses graduées qui augmentent en capacité au fur et à mesure des jours. Après, si on devait faire face à un afflux de 100 malades d'un coup, la question se poserait. À l'heure actuelle, on fait face dans la difficulté, avec un rythme très intense. On le fait quasiment à moyen constant et ça repose essentiellement sur le dévouement et la conscience professionnelle de l'ensemble des équipes. Globalement, c'est comme si on était en finale de la Coupe du monde à 9 contre 11. L'objectif, c'est de gagner le match et à 9 contre 11 c'est plus compliqué qu'à 11 contre 11.
Que faudrait-il faire quand l'épidémie sera plus importante ?
Quand on regarde les données mondiales, c'est quand même un virus qui est peu grave. Les 99% d'infectés par ce virus, soit ne sentiront rien, soit auront des symptômes mineurs qui, habituellement, ne les conduiraient pas à consulter. Soit, ils auront un équivalent de syndrome grippal ou de grippe. Pour malheureusement 1 et 2% des patients, ils développeront des formes graves et on aura probablement des décès à déplorer. L'important, c'est de remettre au centre le soin, la médecine, de considérer qu'on ne peut pas arrêter cette épidémie et que ce qu'il faut, c'est faire comme on agit d'habitude. C'est-à-dire, préserver le juste soin aux situations qui le nécessitent et de mettre le paquet sur les patients graves, atteints de ce virus. Tous les patients qui seront infectés sans syndrome grave ou sévère, mais qui seront inquiets, ces gens-là, il faut mettre en place des choses pour qu'on puisse les gérer à distance.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.