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"Dans la vie quotidienne, la frontière n’existe pas" : côté français, on redoute une nouvelle fermeture de la frontière suisse

Le Conseil fédéral suisse n'a pas encore pris de décision définitive mais la frontière avec la France pourrait être à nouveau fermée comme lors du confinement. Du côté français, à Annemasse, on craint de revivre cette contrainte.

Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La frontière entre la Suisse et la France en Haute-Savoie, le 10 mai 2020 (photo d'illustration). (VINCENT ISORE / MAXPPP)

La Suisse va-t-elle à nouveau fermer ses frontières aux Français ? L’inquiétude est réelle depuis lundi. Depuis que l’office fédéral de la santé publique helvète a placé la France comme un pays "à risque". Pour l’instant, le Conseil Fédéral suisse n’a pas pris de décision définitive. Elle pourrait intervenir la semaine prochaine. Le risque d’une nouvelle fermeture de frontière ou de placement en quatorzaine inquiète les frontaliers.

Imaginez un pont où coule une rivière, en l’occurrence le Foron. Ce petit pont, des milliers de cyclistes et de piétons le traversent toujours les jours. C’est pourtant une frontière entre la France et la Suisse. "C’est justement pour ça que je vous ai donné rendez-vous ici, lance Christian Dupessey, le maire d’Annemasse (Haute-Savoie). C’est pour vous montrer que certes la frontière existe. Il y a des organisations administratives et politiques différentes mais dans la vie quotidienne, elle n’existe pas."

Des vies bousculées durant le confinement

Ici personne ne veut revivre l’époque du confinement où des gardes suisses tenaient ce pont. Où certaines vies ont été bousculées. "Il y a des familles qui vivent des deux côtés de la frontière", explique Christian Dupessey.  Il y a des couples de divorcés par exemple, où l’un habite Genève l’autre à Annemasse [en France], ils passaient les enfants au-dessus des barbelés de la frontière, c’était inimaginable !"

Au-delà de l’aspect économique, la vie sociale familiale et sentimentale est en jeu. Charlotte et Jo traversent ce pont plusieurs fois par jour. "J’ai des amis ou des activités que je fais plutôt de l’autre côté de la frontière, raconte Jo. Je vais plutôt dormir en France et je passe ma journée en Suisse. S’il y a fermeture de la frontière je ne pourrais plus le faire." Charlotte explique qu’elle passe la frontière tous les jours : "J’ai mon chéri côté Suisse". Le confinement a été très difficile, "ça n’allait pas", lâche-t-elle.

Genève ne souhaite pas une fermeture des frontières 

Pour éviter que cette situation ne se reproduise, il faudrait que le Conseil fédéral, situé à Berne, laisse les commandes au gouvernement de Genève qui lui ne souhaite pas une fermeture des frontières. "Je pense que le gouvernement genevois est en train de se faire entendre de son gouvernement fédéral", espère le maire d’Annemasse Christian Dupessey.

Est-ce que je suis inquiet ? Disons que je ne suis pas rassuré aujourd’hui. Tant qu’on n’a pas une décision officielle, on est dans l’expectative.

Christian Dupessey, maire d’Annemasse

à franceinfo

Pour y voir plus clair, une nouvelle réunion se tient jeudi entre la préfecture de région et le gouvernement de Genève. Ce petit pont pour l’homme est finalement plutôt grand pour les transfrontaliers.

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