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Déconfinement : les Hauts-de-France "peuvent passer au vert", espère le chef des urgences du CHU de Lille

La région est passée du rouge à l’orange, mardi, sur la carte du déconfinement fournie par la Direction générale de la Santé.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'entrée des urgences du CHU de Lille, en pleine épidémie de coronavirus, le 25 mars 2020. (DENIS CHARLET / AFP)

"Si on reste sur la tendance actuelle, nous avons bon espoir" que les Hauts-de-France "passent au vert" a déclaré mardi 5 mai le chef du pôle de l’urgence et du Samu au CHU de Lille (Nord), Patrick Goldstein, alors que la région est passée du rouge à l’orange sur la carte du déconfinement fournie par la Direction générale de la Santé. Un changement dû à la diminution de la tension hospitalière. Mais selon le médecin, il faut continuer à rester vigilant : "Nous allons vivre avec cette épidémie jusqu’à la fin de l’année."

franceinfo : Les Hauts-de-France passent en orange, est-ce un espoir pour la suite ?

Patrick Goldstein : C’est une satisfaction de se dire qu’aujourd’hui, le bilan global au niveau des services de réanimation dans les Hauts-de-France est positif. Cela veut dire qu’il y a plus de patients qui en sortent guéris que de patients qui y rentrent. Ce qui ne signifie pas pour autant que nous n’avons plus de malades qui viennent en réanimation. Nous sommes en-dessous du seuil de 80% d’occupation des services de réanimation dans les Hauts-de-France, ce qui nous permet de passer du rouge à l’orange. Mais l’orange est destiné à devenir vert ou rouge dans quelques jours. Et il est encore prématuré, pour la région, de se prononcer sur l’évolution à venir. Si on reste sur la tendance actuelle, qui est positive, nous avons bon espoir pour nos patients et le personnel soignant, que les Hauts-de-France passent au vert. Et même si cela arrive, ce n’est en aucun cas une couleur définitive. Tout ça est amené à évoluer. L’essentiel se fera dans les semaines qui viennent, grâce à ce déconfinement qu’on espère tous raisonnable et citoyen.

Ce déconfinement le 11 mai vous inquiète-t-il ?

C’est l’épidémie qui m’inquiète. On ne peut pas dire qu’il n’y a plus de virus. Il est toujours là. Il circule moins, mais il circule. Ce que nous voulons tous, c’est qu’il ne circule plus. Et surtout, il faut trouver des médicaments actifs, ainsi qu’un vaccin qui ne viendra pas tout de suite. Et pour diminuer la circulation du virus, ce qui est essentiel, même en dehors du déconfinement, c’est de rester très raisonnable et respecter un certain nombre de mesures que nous connaissons tous. On peut dire que le confinement a été une vraie réussite de santé, et une réussite citoyenne. Ce confinement a sauvé des vies. Donc, si nous sommes aussi raisonnables pour le déconfinement, je serais optimiste. Dans le cas contraire, je serais inquiet.

Comment opérer le déconfinement de manière raisonnable justement ?

Cela a déjà été dit, mais cela consiste à ne pas se réunir à plus de 50 en même temps, à ne pas organiser de grande fête pour célébrer le déconfinement, même si on en a envie. C’est ne pas dépasser les rassemblements de 10 personnes, dans un cercle restreint, en respectant si possible la distanciation sociale. Se laver les mains plusieurs fois par jour, utiliser du gel hydroalcoolique, utiliser un masque lorsque cela est possible pour se protéger mais aussi pour protéger les autres et éviter de contaminer en période présymptomatique.

Selon vous, pendant combien de temps encore faudra-t-il faire attention ? Emmanuel Macron a évoqué la question des vacances qui restent très incertaines…

Je ne suis pas sûr que le virus prenne des vacances. Il n’y a donc strictement aucune raison que l’épidémie s’arrête à ce moment-là. Les mesures de grande prudence devront être observées pendant la période estivale, et même pendant la rentrée. Chaque expert à son modèle. Les plus optimistes diront que c’est terminé. D’autres, qu’il y aura quelques vaguelettes qui seront observées à partir du 15 juin. Le modèle du CDC d’Atlanta qui vient de sortir, nous donne une deuxième vague au mois d’octobre, pas aussi importante que la première, fort heureusement. Ce que je pense, avec les maigres connaissances qui sont les miennes, c’est que nous allons vivre avec cette épidémie jusqu’à la fin de l’année. Il faut laisser le temps à la recherche de s’exprimer, aux médicaments de nous être proposés et à nos chercheurs de produire le plus rapidement un vaccin. On sait que ce ne sera pas avant 2021. Dans l’attente, il faut être raisonnable.

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