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Coronavirus : comment nos voisins européens s'en sortent-ils ?

Le Royaume-Uni a décidé d'imposer une quarantaine aux personnes venues de France en raison de la recrudescence de l'épidémie dans l'Hexagone. En Allemagne, en Belgique ou encore en Espagne, plusieurs indicateurs font craindre une deuxième vague de Covid-19.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Dans un centre de dépistage à Azpeitia, en Espagne, le 15 août 2020. (ANDER GILLENEA / AFP)

Nos voisins européens s'en sortent-ils mieux que la France sur le terrain épidémique ? Alors que le spectre d'une nouvelle vague de Covid-19 se dessine, la comparaison des gestions épidémiques nationales est tentante. Elle doit toutefois être réalisée avec précaution car de nombreux éléments différencient les situations locales : les politiques de dépistage, l'état des systèmes médicaux, la densité de population, les restrictions en vigueur, etc.

Une étude de l'université d'Oxford a tout de même comparé les mesures adoptées par différents pays européens : les restrictions imposées dans les écoles, les espaces publics, les entreprises... Sur la base de 8 indicateurs identifiés, la gestion est évaluée entre 0 et 100, 100 représentant le plus haut niveau de restrictions. A l'annonce du confinement généralisé, le 17 mars, la France obtenait la note de 87,96 et apparaissait comme l'un des pays les plus restrictifs d'Europe – l'étude attribuait alors les notes de 71,76 à l'Espagne, 85,19 à l'Italie et 42,13 à l'Allemagne. La tendance s'est inversée à partir du déconfinement. Au 19 août 2020, la France obtient ainsi le score de 43,52, l'Italie 50,93, l'Espagne 62,5 et l'Allemagne 56,94.

En France, les signes d'une reprise épidémique se confirment : le taux de positivité des tests réalisés continue d'augmenter. Quelque 4 771 nouveaux cas ont ainsi été enregistrés en vingt-quatre heures le 20 août 2020, selon la direction générale de la santé. Une progression inédite depuis mai. Récemment, les obligations de port du masque ont été progressivement étendues à de plus larges périmètres. Nice a rendu le masque obligatoire dans toute la ville à partir du 20 août, tout comme Toulouse le lendemain.

En Allemagne

Où en est-on ? Les indicateurs repartent à la hausse : l'Allemagne a enregistré le 20 août 1 707 nouvelles infections au Covid-19 en vingt-quatre heures. Cet indicateur, en hausse depuis plusieurs semaines, n'avait pas atteint un tel niveau depuis la fin avril. Jusqu'ici, les nouveaux cas quotidiens étaient comparables en nombre à ceux enregistrés en mai, mois durant lequel un reflux épidémique avait été observé. Si cette hausse est préoccupante, elle doit, comme en France, être considérée avec précaution car le nombre de tests PCR réalisés a augmenté depuis le printemps. L'Allemagne a renforcé sa politique ambitieuse de dépistage au cours de l'été : le nombre de tests réalisés pour 1 000 habitants est passé de 24,86 le 19 avril à 121,71 au 16 août, selon les données collectées par l'université d'Oxford. Par ailleurs, le nombre de décès quotidien reste relativement bas : 10 nouveaux décès liés au coronavirus ont été comptabilisés le 20 août, portant le nombre total de morts à 9 253.

Les mesures de distanciation sociale doivent être observées dans les établissements scolaires allemands. (KAI PFAFFENBACH / X00446)

Quelles sont les mesures en vigueur ? L'Allemagne a mis en place un certain nombre de restrictions. "Dans les transports en commun et dans les magasins, il faut porter un masque", précise le portail du gouvernement fédéral. Les mesures de distanciation physique doivent être observées et les grands événements et manifestations sont en principe interdits jusqu'au 31 octobre 2020. D'autres mesures ont été prises par les autorités régionales des Länders, les Etats fédérés allemands. Face à l'augmentation du nombre de contaminations, liées en partie au retour de l'étranger de vacanciers allemands, le gouvernement a placé presque toute l'Espagne et une partie des Balkans dans la liste des zones à risque. Des tests et des quarantaines sont imposées aux voyageurs en provenance de ces régions.

En Belgique

Où en est-on ? Le bilan épidémique est mitigé : dans son dernier rapport hebdomadaire, l'institut de santé Sciensano comptabilise une baisse de 15% des nouveaux cas de contamination enregistrés en une semaine (environ 527,7 nouvelles contaminations par jour pour la semaine du 17 au 23 août, contre 617,6 pour la semaine précédente). Une bonne nouvelle nuancée par une augmentation du nombre de lits d'hôpital occupés par des patients atteints du Covid-19 (+9% au total et +16% en service de soins intensifs) et par une augmentation du taux de mortalité (la moyenne journalière des décès sur sept jours est passée de 4,3 à 9,9). La Belgique avait enregistré lors de la première vague l'un des plus forts taux de mortalité au monde. A ce jour, 9 959 personnes sont mortes des suites du Covid-19 dans ce pays d'un plus de 11 millions d'habitants.

La province d'Anvers, au nord de la Belgique a annoncé fin juillet de nouvelles restrictions sanitaires dont un couvre feu, avant d'opter début août pour un assouplissement de certaines mesures. (JONATHAN RAA / NURPHOTO)

Quelles sont les mesures en vigueur ? Pour freiner la progression de l'épidémie, la Belgique avait mis en place au cours de l'été une série de mesures : restriction de la "bulle de contact" à 5 personnes, c'est-à-dire du nombre de personnes avec lesquelles une personne est autorisée à interagir sans respect des règles de distanciation sociale, instauration de couvre-feux locaux... Des quotas de visiteurs ont été instaurés en août dans les villes côtières belges, comme Ostende ou Knokke-Heist, pour limiter le flux de touristes. "Les mesures mises en place en août semblent être efficaces", s'est réjouie la Première ministre Sophie Wilmès jeudi 20 août, rapporte la RTBF. "La transmission a désormais commencé à diminuer. Mais le virus circule toujours", a-t-elle ajouté, annonçant que la bulle sociale de 5 personnes resterait la règle en septembre, tout comme la limitation des événements publics en intérieur à 200 personnes et à 400 personnes en extérieur. Les événements privés seront eux limités à 10 personnes. Au niveau national, le port du masque est obligatoire "dans des lieux comme les marchés, les centres commerciaux, les salles de théâtre, les rues commerçantes..." a précisé la Première ministre. Ailleurs, il reste "fortement recommandé", rapporte la RTBF. Certaines régions, comme celle de Bruxelles, ont décidé d'aller plus loin en rendant le port du masque obligatoire en toute circonstance.

En Espagne

Où en est-on ? L'Espagne est l'un des pays européens les plus touchés par la reprise épidémique. Sa saison estivale est assombrie par les taux élevés des indicateurs de surveillance : le nombre de nouveaux cas a bondi, avec 6 700 nouveaux cas positifs recensés en vingt-quatre heures. Et le nombre de morts hebdomadaires a récemment doublé : le dernier rapport hebdomadaire (en espagnol) publié par le ministère de la Santé espagnol comptabilisait, mercredi 19 août, 131 décès en une semaine.

Le pays connaît aussi un taux de contagion bien plus élevé que ses voisins européens, avec 130 cas pour 100 000 habitants sur deux semaines, contre 43 en France et 17 en Allemagne, d'après un calcul de l'AFP à partir de données officielles. Une grande partie des nouveaux cas détectés sont toutefois asymptomatiques et la létalité du virus est moins élevée que pendant la première vague épidémique. Depuis la fin du confinement le 21 juin, seuls 474 décès ont été enregistrés sur les plus de 28 600 morts officiellement comptabilisés depuis le début de la pandémie.

Des pancartes rappellent les mesures de protection sanitaire en vigueur sur les plages espagnoles, à Palma de Malloca, le 15 août 2020. (ENRIQUE CALVO / X03154)

Quelles sont les mesures en vigueur ? Face à cette nouvelle vague, l'Espagne a décidé vendredi 14 août la fermeture des boîtes de nuit et l'interdiction de fumer dans la rue quand une distance de sécurité de deux mètres ne peut pas être respectée. Les premiers signes d'une reprise de l'épidémie ont été observés dès juillet, conduisant les autorités régionales à imposer un certain nombre de restrictions, parmi lesquelles le port obligatoire du masque pour toute personne de plus de 6 ans dans les lieux publics et l'instauration de confinements locaux dans certaines municipalités de Catalogne. La mise en œuvre des restrictions sanitaires est décidée localement, par les régions.

En Italie

Où en est-on ? La péninsule, qui avait été touchée de plein fouet par la première vague, semble relativement épargnée par le rebond épidémique que connaissent actuellement ses voisins européens. Mais le ministère de la Santé remarque dans son rapport épidémiologique de la semaine du 10 au 16 août (en italien) "une augmentation des nouveaux cas positifs (...) pour la troisième semaine consécutive en Italie". Le nombre d'infections avérées a atteint un niveau "similaire à ceux observés début juin". 

Les regroupements de jeunes et le retour de vacanciers en provenance de territoires où le virus circule davantage sont pointés du doigt. "Par rapport aux mois sombres de mars-avril, où l'épidémie était concentrée dans le nord, en Lombardie, elle est maintenant répandue dans tout le pays avec des centaines de foyers", a commenté le président du Conseil supérieur de la santé, Franco Locatelli, en début de semaine, estimant que "le phénomène est en partie lié aux vacanciers".

Le port du masque est désormais obligatoire entre 18 heures et 06 heures dans tous les lieux publics italiens. (MATTEO TREVISAN / NURPHOTO)

Quelles sont les mesures en vigueur ? Les autorités italiennes ont annoncé dimanche la fermeture de toutes les discothèques et le port obligatoire du masque dans les lieux publics très fréquentés de 18 heures à 6 heures du matin. L'obligation du port du masque peut varier selon les régions, rappelle l'ambassade de France à Rome.  

Au Royaume-Uni

Où en est-on ? Le Royaume-Uni a été l'un des pays européens les plus touchés par l'épidémie de Covid-19 avec plus de 41 000 morts. Le virus circule à présent plus faiblement : 812 nouveaux cas avaient été recensés en vingt-quatre heures mercredi 19 août, selon les données du gouvernement (en anglais). Le coronavirus a fait 16 morts le même jour.

Une affiche rappelle les mesures de distanciation sociale en vigueur à Londres, le 18 août 2020. (JUSTIN TALLIS / AFP)

Quelles sont les mesures en vigueur ? Le Royaume-Uni a décidé d'imposer une quarantaine de 14 jours aux personnes arrivant de France, des Pays-Bas, de Monaco, de Malte, des îles d'Aruba et des îles Turques-et-Caïques, a annoncé jeudi 13 août dans la soirée le ministre des Transports britannique, justifiant cette décision par une recrudescence de l'épidémie. Depuis le 24 juillet, le port du masque est obligatoire "dans les magasins, les supermarchés ainsi que les transports publics", rappelle le consulat général de France à Londres.

En Suède

Où en est-on ? La Suède détonne par rapport à ses voisins européens en raison de ses choix dans la gestion de l'épidémie. Le pays mise sur la stratégie dite de "l'immunité collective" et a refusé de mettre en place des mesures de confinement. Au 20 août, le Sars-CoV-2 avait toutefois fait 5 805 morts et 85 810 cas ont été recensés dans le pays, selon les chiffres de l'université américaine Johns-Hopkins.

La gestion épidémique suédois, en partie décidée par l’épidémiologiste Anders Tegnell (au centre), chef de l’Agence de santé publique suédoise, dénote de celle de ses voisins européens.  (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Quelles sont les mesures en vigueur ? La Suède a décidé de ne pas émettre de recommandation ni d'obligation relative au port du masque. Les autorités sanitaires considèrent que l'utilité du masque n'est pas encore attestée scientifiquement.

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