Gaza résiste toujours à la pandémie malgré une situation sanitaire catastrophique
Ce territoire palestinien tenu par les islamistes du Hamas ne compte aucun mort du coronavirus.
Aucun mort et seulement 17 cas de contamination officiellement recensés. C'est le bilan en date de ce 24 avril dans la bande de Gaza. Alors que la détection du premier cas remonte désormais à plus d’un mois, c’était le 22 mars. Et alors que la bande de Gaza compte près de 2 millions d’habitants vivant dans la promiscuité, avec l’une des densités les plus fortes au monde : plus de 5 000 habitants au km2.
On a le droit de s’interroger sur la fiabilité de ces chiffres officiels, mais à ce jour personne ne les remet en cause. Alors comment expliquer cette capacité à enrayer l’épidémie ?
La première raison, c’est que la bande de Gaza est coupée du monde extérieur. C’est déjà le cas en temps normal en raison du blocus israélien. Mais c’est devenu encore plus drastique depuis un mois. Les islamistes du Hamas ont fait le choix de boucler Gaza : quasiment personne ne rentre ou ne sort. Et comme tout régime autoritaire, il ne plaisante pas avec cette mesure. Seul le passage avec l’Egypte a été ouvert au compte-gouttes du 13 au 16 avril, le temps de laisser revenir chez eux quelques milliers de Palestiniens. Mais ils ont tous été placés aussitôt à l’isolement, en quarantaine, pour 21 jours. D'autant que l’Egypte, elle, est beaucoup plus touchée : elle compte près de 300 morts.
Toutes les mosquées fermées malgré le ramadan
La deuxième explication, c'est que le confinement est aussi au programme à Gaza et de façon drastique. Tous les lieux publics ont été fermés : les bars, les restaurants, les écoles. Et, fait plus étonnant, les mosquées sont elles aussi fermées, même pendant cette période du ramadan qui débute. C’est sans précédent.
La distanciation sociale est de rigueur. Les rassemblements sont interdits. Plusieurs médecins et infirmiers ont été formés en urgence grâce à une aide israélienne. Le pouvoir israélien a beau être en conflit ouvert avec le Hamas, il n’a aucun intérêt à voir l’épidémie flamber dans la bande de Gaza. Par ailleurs un vaste centre de quarantaine a été construit près de la frontière égyptienne, grâce cette fois à l’aide du Qatar, allié traditionnel du Hamas. Plusieurs écoles ont également été réquisitionnées, pour être transformées en lieux d’hébergement afin d’accueillir là encore des personnes susceptibles d’avoir contracté le Covid-19.
Des négociations entre le Hamas et Israël
Cela dit, il ne faudrait pas que l’épidémie se développe à Gaza, parce que là ce serait incontrôlable. Et ce risque reste très élevé. Si ça démarre, ce sera difficile à arrêter. Les infrastructures sanitaires sont très limitées. Un seul exemple : la bande de Gaza ne compte que 75 places en lits de réanimation, au mieux elle espère atteindre 100 places dans les prochains jours.
L’eau potable est une denrée rare, et 80% de la population dépend de l’aide alimentaire de l’ONU. L’un des enjeux majeurs, c’est donc de savoir si le blocus israélien, qui date de 2007, peut être allégé, pour faciliter l’aide sanitaire d’urgence. Et ce n’est pas impossible. Puisque le Hamas et Israël semblent en train de négocier un accord : il s’agit d’échanger la libération de quatre Israéliens (deux soldats sans doute morts, et deux civils) contre une libération de prisonniers palestiniens et un assouplissement de l’embargo. Comme quoi l’épidémie a aussi des conséquences en chaîne assez inattendues.
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