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"Hors de question que j'y retourne !" : face au Covid-19, des enseignants à la retraite appelés à la rescousse à l'école

Face au nombre important d’enseignants touchés par le Covid-19 dans les écoles, plusieurs départements lancent un appel aux anciens instituteurs. Mais dans leur grande majorité, les néo-retraités rencontrés par franceinfo y sont opposés. 

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une classe d'école primaire en septembre 2021;  (SULIANE FAVENNEC / AFP)

Annie a reçu le message il y a quelques jours. "C'est un mail qui est écrit en caractères excessivement importants. Je pense que c'est adapté à la population ciblée", explique cette professeure retraitée qui vit à Vannes (Morbihan). Elle fait partie de ces néo-retraités qui sont appelés à prêter main forte à l'Education nationale face au nombre important d’enseignants touchés par le Covid-19 dans les écoles. "Comme on n'est pas toutes jeunes, ils se disent qu’on ne voit pas bien", plaisante celle qui, à 61 ans, est retraitée depuis un an et demi. Sur ce mail, il est indiqué : "Vous avez exercé les fonctions de professeur des écoles avant de solliciter votre départ à la retraite. Aussi, je vous informe qu'il vous est possible d'effectuer des remplacements dans le département du Morbihan". 

Annie, institutrice retraitée, a reçu ce message lui proposant des remplacements dans des écoles touchées par le Covid-19. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Mais pour Annie, "hors de question" d'y retourner. "D'abord, je n'ai pas envie de tomber malade, de me promener dans le département ou de faire de la garderie au pied levé", explique-t-elle.

"J'ai fait ma carrière, j’ai donné, j’ai largement mérité ma retraite !"

Annie, institutrice retraitée

à franceinfo

"J’ai quand même bien souffert à l’Education nationale, je trouve", ajoute la jeune retraitée. La crise sanitaire à l’école, elle l’a déjà connue durant ses derniers mois en classe, en 2020. Et son état d'esprit reflète bien celui des anciens enseignants contactés par franceinfo. "Je ne reviendrai pas faire le pompier de service", lancent beaucoup d'entre eux. 

Les volontaires sont rares 

Beaucoup d'anciens professeurs des écoles s’inquiètent d’être envoyés, tel n’importe quel vacataire, dans une école trop loin de chez eux. Ce que réfute l'administration. "On va évidemment rechercher une stabilité sur un territoire, autant que faire se peut. On ne veut pas mettre les gens en difficulté ! C’est le plus beau métier du monde", affirme Guylène Esnault, directrice académique dans le Finistère.  

Depuis son bureau de Quimper, après avoir épuisé le vivier des vacataires habituels, elle s’apprête à envoyer un courrier, à de jeunes retraités. "En tant que citoyen, c’est aussi se dire 'je participe à la lutte contre ce virus'. Et je pense que c'est important que les enfants continuent d’aller à l’école. Pour les néoretraités, c’est tout à fait dans cet esprit-là", avance Guylène Esnault. Pour la directrice académique, qui espère de nombreux retours positifs dans cette période de crise, "quand on est professeur un jour, on est professeur toujours !".  

Reste tout de même une limite d'âge : un fonctionnaire ne peut pas être rappelé au-delà de 67 ans… Théoriquement seulement : en Mayenne, d’anciennes institutrices de 73 et 75 ans ont été recontactées. La direction académique, à Laval, reconnaît un couac : l’âge des retraitées n’avait pas été revérifié. 

Des professeurs retraités rappelés à la rescousse par l'Education nationale : le reportage d'Agathe Mahuet

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