"Il va y avoir de la casse" : malgré les aides de l'État, le secteur de l'évènementiel craint pour sa survie après la crise sanitaire
Alors que le gouvernement présente ce mardi matin son dispositif pour accompagner les entrepreneurs fragilisés par la crise sanitaire et éviter les cascades en faillite, les entreprises de l’évènementiel, comme ByGalis en Seine-et-Marne, craignent que cela ne suffise pas.
"C'est impressionnant comme c'est vide malheureusement..." Dans son atelier de production, Fabrice Laborde, le PDG du groupe ByGalis, contemple les établis silencieux où sont d’habitude fabriqués des stands d’exposition, conçus et dessinés à l’étage du dessus. Depuis fin février 2020 et le début de la crise sanitaire du Covid-19, son groupe, qui fait travailler une centaine de personnes, est à l’arrêt. À l’image des salons qu’il organise ou avec lesquels il travaille. Pour survivre, il a réussi à investir 800 000 euros dans des studios vidéos, mais, surtout, il s’est endetté.
>> INFOGRAPHIE. Quelles sont les entreprises qui ont évité la faillite grâce aux aides de l'État ?
"Le groupe, au mois de mars 2020, a eu la chance de ne plus être endetté et nous sommes endettés avec les PGE, indique-t-il. Mais finalement, on s'est rachetés nous-mêmes ! On n'a pu rien acheter. La dette qui est devant nous ne nous a servi qu'à tenir : pendant trois ans ou quatre ans, on n'aura pas droit d'acheter un seul logiciel de design."
L'endettement n'est pas le seul problème
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, va bien détailler mardi 1er juin son plan pour accompagner les entrepreneurs fragilisés par la crise sanitaire du Covid-19 et éviter les faillites en cascade, mais dans certains secteurs comme celui de l’évènementiel, où les aides risquent de cesser avant la reprise, les inquiétudes demeurent. Et l’endettement via le prêt garanti par l’État, n’est pas le seul problème : "Il faudra reconstituer nos fonds propres qui ont été détruits, poursuit Fabrice Laborde. Il ne faut pas oublier qu'en 2020, on a été très peu aidés ou pas aidés. Une entreprise ne peut pas fonctionner avec zéro compte en banque, c'est impossible."
Un groupe comme le mien a besoin de 3 ou 4 millions d'euros juste pour mettre de l'huile dans les rouages, au minimum. C'est la pyramide de Ponzi : on est en train de rembourser aujourd'hui un crédit avec le crédit."
Fabrice Labordeà franceinfo
Son groupe a dépensé la moitié de ses fonds propres. De nombreuses entreprises n’ont même plus de matelas de sécurité et la vraie reprise dans l’évènementiel n’est pas pour le 9 juin. Frédéric Pitrou, délégué général de l’Unimev, fédération professionnelle du secteur, estime que "la vraie reprise ne sera pas avant le mois de septembre, sachant qu'on a deux mois très creux dans l'activité des événements professionnels qui ont lieu en juillet et en août. Il est sûr que si les aides diminuent sur la pente qui nous a été présentée par le gouvernement, il va y avoir de la casse à la fin. Il y a un gros risque, notamment pour les petites structures qui ont les reins moins solides jusqu'ici."
Jusqu’ici préservé de la vague de faillites, le secteur craint pour sa survie d'ici l'an prochain si les aides s’arrêtent fin août. L’évènementiel génère 20 milliards de chiffre d’affaires et 20 milliards de retombées pour les secteurs voisins : transports, restauration, mais aussi celui de l'hôtellerie, qui accueille les congressistes venus tenir salon en France.
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