: Infographies Covid-19 : on vous explique pourquoi la deuxième vague est moins brutale, mais plus longue et plus mortelle que la première
La comparaison entre les deux vagues épidémiques permet de noter de grandes différences dans la manière dont le coronavirus s'est propagé en France depuis l'automne par rapport à son arrivée au printemps.
Les autorités sanitaires en parlaient depuis le mois d'août. Quatre mois et un reconfinement plus tard, la deuxième vague épidémique de Covid-19 a bel et bien touché la France. Et elle semble aujourd'hui loin d'être terminée. Débutée en septembre, six mois après la première, cette nouvelle vague n'a pas tout à fait la même allure : l'expérience de celle du printemps, l'effet d'un deuxième confinement où les Français étaient plus mobiles, ou encore des températures plus basses, sont autant d'hypothèses pour expliquer les différences entre ces deux périodes. En attendant un éventuel troisième épisode épidémique.
Une deuxième vague moins marquée
Cette deuxième onde est d'abord apparue de façon moins brutale que la précédente. Comme le montre le graphique ci-dessous, les hospitalisations ont atteint leur pic en un peu plus de trois semaines lors de la première vague, contre cinq semaines environ pour la deuxième. Quelque 33 466 patients étaient hospitalisés à la date du 16 novembre, contre 32 131 au plus fort de la première vague, le 14 avril dernier.
Epidémiologiste et chef de service à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Renaud Piarroux confirme la tendance : "La montée de la première vague a été beaucoup plus foudroyante. Cela s'explique par le fait qu'à l'époque, il n'y avait pas de masques et que la population n'était pas préparée." La généralisation des gestes barrières, au premier rang desquels se trouve le port du masque, a donc permis d'aplatir la courbe.
Moins de patients en réanimation
Même schéma du côté des réanimations. La courbe de la deuxième vague est beaucoup plus plate que celle de la première et son pic – 4 903 patients admis en réanimation le 16 novembre – reste bien en-dessous de celui du mois d'avril – 7 019 réanimations le 8 avril. La saturation des services hospitaliers dédiés a donc été moins importante cet automne, par rapport au printemps dernier.
Une meilleure prise en charge des malades
La part des réanimations face aux hospitalisations montre d'ailleurs une meilleure gestion de la crise dans les hôpitaux. Lors du pic de la première vague, le 8 avril, on comptait un patient en réanimation pour 4,3 patients hospitalisés. Le 16 novembre, on dénombrait une réanimation pour 6,8 hospitalisations. "Les patients ont été mieux pris en charge pendant la deuxième vague, abonde Renaud Piarroux. Désormais, la stratégie d'oxygénation est meilleure. On a moins recours à l'intubation. Il y a aussi une meilleure gestion des différentes phases de la maladie."
Mais ce constat rassurant ne doit pas en cacher un autre : alors que les courbes de la première vague ont chuté de manière continue, celles de la deuxième restent élevées, avec un nombre de patients hospitalisés qui demeure très important (au-dessus de 20 000). "La deuxième vague reste stationnaire à un niveau élevé", s'inquiète Renaud Piarroux.
Des Français moins confinés
Comment expliquer que les courbes ne s'infléchissent pas ? "Nous ne sommes pas à la même saison, avance l'épidémiologiste. Et les confinements n'ont pas été de même nature. Les Français ont pu continuer d'aller travailler pendant la deuxième vague et les écoles sont restées ouvertes." D'après les données publiées par Google, à partir des informations de géolocalisation de ses utilisateurs sur mobile, la réduction des déplacements au travail des Français, qui avait oscillé entre 60 et 70% au premier confinement du printemps, n'a été que de 20 à 40% lors de celui de l'automne.
Une deuxième vague plus mortelle
Conséquence de cette vague qui dure : le bilan est bien plus lourd que celui du printemps. Quelque 165 046 personnes ont été hospitalisées du 1er septembre au 6 janvier, contre 119 242 lors de la première vague, du 18 mars au 30 août. On compte plus de 26 000 décès à l'hôpital lors de la deuxième vague, contre près de 20 000 lors de celle du printemps. Et début janvier, on comptait toujours 240 décès à l'hôpital par jour en moyenne.
Davantage de territoires touchés
Alors que la première vague a surtout sévi dans le Grand Est et en Ile-de-France, la deuxième a touché plus largement l'Hexagone. C'est ce que montre la carte animée ci-dessous, représentant le nombre de décès à l'hôpital pour 100 000 habitants dans les départements de France métropolitaine.
Lors des deux vagues, on constate une partition de la France selon un axe Nord-Sud qui partage le pays d'est en ouest. "Les endroits les plus touchés pendant la première vague sont aussi très concernés pendant la deuxième vague. Il suffit de regarder au niveau européen : la Belgique est le pays le plus lourdement touché pendant les deux vagues", relève Renaud Piarroux. L'Ile-de-France, plutôt épargnée pendant la deuxième vague jusqu'à présent, semble cependant faire exception, alors que la région avait été très touchée au printemps. Pour Renaud Piarroux, cette différence s'explique par des mesures de lutte contre le virus plus complètes. "C'est par exemple un endroit où il y a eu plus d'accompagnement des patients. Et il est aussi beaucoup plus facile de s'y faire tester", explique l'épidémiologiste.
La perspective d'une troisième vague
Alors que la deuxième vague ne semble pas vouloir prendre fin, les épidémiologistes craignent déjà de voir une troisième accélération de la circulation du virus. Une inquiétude alimentée notamment par l'impact des vacances de Noël. "Nous attendons de voir l'effet des fêtes de fin d'année. Cette semaine, nous devrions être en mesure de jauger l'impact du réveillon de Noël avec les résultats des tests. Pour le Nouvel An, il faudra attendre la semaine prochaine. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne va pas échapper à une augmentation, parce que le nombre de cas avait déjà commencé à remonter avant les vacances. La question maintenant, c'est de savoir si cette reprise va rester modérée ou si les contaminations vont exploser", prévient Renaud Piarroux.
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