Jean-Michel Blanquer à Ibiza en pleine crise du Covid : "Ça va forcément creuser encore plus le fossé qui existait déjà", selon le SNUipp-FSU
"Les collègues ne peuvent pas comprendre ça. On a besoin d'avoir un ministre qui fasse preuve d'exemplarité, surtout dans la période", dénonce le syndicat enseignant pour qui les vacances à Ibiza du ministre symbolisent "la légèreté et la désinvolture" avec lesquelles est gérée la crise du Covid-19.
Médiapart a révélé [article payant] lundi que le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, était à Ibiza lorsqu'il a donné une interview au journal Le Parisien pour annoncer le nouveau protocole sanitaire dans les écoles que les enseignants ont appris la veille au soir de la rentrée de janvier. "Il y a vraiment un décalage ici entre ce que représente Ibiza et ce que vivaient les collègues au quotidien en cette veille de rentrée", regrette la co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, Guislaine David mardi 18 janvier sur franceinfo. Elle estime que cela donne "l'impression que cette crise a toujours été gérée avec beaucoup de légèreté et de désinvolture. Ça va forcément creuser encore plus le fossé qui existait déjà entre le ministre et ses personnels".
>> Vacances de Jean-Michel Blanquer à Ibiza : suivez notre direct
franceinfo : La présence de Jean-Michel Blanquer à Ibiza pendant qu'il faisait les annonces pour la rentrée après les fêtes alimente-t-elle la colère des enseignants ?
Guislaine David : C'est vraiment le symbole qui est terrible. Imaginez que les directeurs et directrices d'école et les enseignants étaient dans l'angoisse et la difficulté le dimanche pour appliquer un protocole le lendemain, qu'ils ont appris par la presse. Il y a vraiment un décalage ici entre ce que représente Ibiza et ce que vivaient les collègues au quotidien en cette veille de rentrée. Le savoir comme ça, ça va forcément creuser encore plus le fossé qui existait déjà entre le ministre et ses personnels. Forcément, les gens ont toujours besoin d'aller en vacances, ce n'est pas sur ce phénomène que ça peut être reproché, mais c'est vraiment le symbole que ça représente.
"Il avait justifié l'annonce tardive du protocole pour coller au plus près à la réalité du terrain. On sait maintenant ce qu'était sa réalité à lui. Forcément, on ne peut qu'être en colère."
Guislaine David, du SNUipp-FSUà franceinfo
Les collègues ne peuvent pas comprendre ça. On a besoin d'avoir un ministre qui fasse preuve d'exemplarité, surtout dans la période, et qui ne soit pas dans ce genre de situation vis-à-vis des personnels qui sont dans la difficulté au quotidien. Tous les jours, on gère des cas positifs d'élèves, des enseignants qui sont absents, qui ne sont pas remplacés. Quand on voit les chiffres la semaine dernière, c'est terrible. Il y a vraiment un décalage, avec l'impression que cette crise a toujours été gérée avec beaucoup de légèreté et de désinvolture. C'est aussi ça que ça représente Ibiza. Il y a vraiment un symbole qui est difficile à comprendre et difficile à avaler pour les collègues.
Appelez-vous Jean-Michel Blanquer à la démission ?
Depuis le début de cette crise, on a toujours évoqué ces problèmes de crédibilité vis-à-vis des enseignants et de la gestion de la crise. Est-ce que Jean-Michel Blanquer est toujours digne d'être ministre de l'Éducation nationale ? De toute évidence, nous n'avons plus affaire à Jean-Michel Blanquer depuis jeudi dernier et c'est aussi la forte mobilisation des enseignants qui a permis ça. C'est vraiment le Premier ministre qui a repris cette gestion de crise et depuis jeudi dernier, ce ministre est sous tutelle du Premier ministre. Nous avons vraiment un problème de crédibilité du ministre.
La semaine dernière, le ministre a promis des renforts et enfin des masques chirurgicaux pour les enseignants. Sont-ils arrivés ?
Les masques, on nous avait dit que ça arriverait cette semaine, donc on attend de juger sur les actes. On saura le dire si ça n'arrive pas. Sur la question des remplacements, il y a un déblocage de la liste complémentaire - ces enseignants qui n'arrivent pas sur la liste principale aux concours de professeurs des écoles mais sur une liste autre - qui vont être recrutés, qui auront des contrats pérennes. Là, on est en train de travailler avec le ministère et le cabinet pour voir justement comment ces gens vont être recrutés. Il y a une forte attente sur le terrain. Il faut des actes forts. Il faut aller très vite pour que ça se ressente sur le terrain. On sera très attentifs à ce que le ministère mettra en œuvre.
Vous appelez à une nouvelle journée d'action jeudi 20 janvier, une semaine après une journée de grève. Que revendiquez-vous cette fois-ci ?
Jeudi c'est une mobilisation qui, parfois, par endroits, prendra la forme de la grève dans certains départements, dans d'autres prendra la forme d'une mobilisation, d'actions, de rassemblements, de mise en place de banderoles sur les écoles, différentes formes d'action. C'est pour continuer de mettre la pression parce que si des réponses ont été apportées par le Premier ministre lors de la réunion jeudi dernier, si nous avions une entrée en discussion, maintenant, il faut concrétiser tout ça. Il faut que ça aille vite.
"Cette pression, on la conservera, y compris par la grève le 27 janvier sur les salaires."
Guislaine Davidà franceinfo
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.